Mass Hysteria - Maniac

On ne le répétera jamais assez (mais de toute façon tout le monde est au courant), Mass Hysteria est un groupe de scène avant tout. Ce qui ne l’a pas empêché de pondre des albums cultes comme "Le Bien Etre et la Paix" (1997) et "Contraddiction" (1998) et même au creux de la vague ("De Cercle En Cercle" (2001), "Mass Hysteria" (2005)), le groupe a toujours été sans reproche en live. Ce n’est pas avec ce "Maniac" que le groupe changera la donne, avec de nouveaux titres pensés pour galvaniser les foules.

Mais à chaque grande qualité, un revers n’est jamais loin, et celui-ci Mass Hystéria le traîne depuis "Failles" (2009). Le groupe a décidé de tailler dans le gras de ses compos pour offrir des titres beaucoup plus in your face et hargneux, reléguant les ambiances dancefloor et les samples au second plan. Et les dieux du metal savent à quel point une frange non négligeable de la mass hystérique sont friands de cette facette du groupe. 2018 renforce donc la violence des riffs, avec un pied franchi sur les pas de Slayer, avec "Ma Niaque" et "Nerf de Bœuf". Malheureusement frustrant, tant le groupe se retient de se jeter sans retenue dans le pur thrash où "Ma Niaque", riff à la Hanneman/King et "Nerf de Bœuf" mosh a la Anthrax. Cette retenue se fait également sentir sur un schéma de compos assez similaires et systématiques qui sentent là aussi trop dans la retenue, dont surtout les passages electro, qui auraient mérité d’être bien plus utilisés (Que voulez vous ? C’est un fan de la première heure qui parle) et quitte à s’influencer largement de Slayer, pourquoi ne pas avoir placé un break de batterie à la Dave Lombardo à la fin du solo, qui se stoppe un peu trop net ?

Ce choix du plus concis et du plus brut, Mass Hysteria l’a choisi et il faudra s’y faire. Mais ça n’empêche pas "Maniac" de déceler des titres qui déboitent comme "Entre Ciel Ether", "Se Bruler Sûrement" (et ses chœurs synthétiques bien sentis) et un "Arôme Complexe" jouissif. Et la constante qui ne dérogera jamais à la règle du groupe, c’est bien la voix et les textes de Mouss, toujours aussi positifs même dans le négatif, qui une fois de plus se feront ravageurs et fédérateurs sur scène.  Au milieu de tout cela, on se demande ce que vient faire la techno/dance de "We Came To Hold Up Your Minds", avec le plus que convenu sample extrait de Pulp Fiction, popularisé par la B.O. de la saga Taxi au cinéma (on pourrait presque croire à une erreur de pressage) … On n’en voudra à personne de terminer "Maniac" sur "Derrière La Foudre".

Depuis "Failles", Mass Hysteria n’a pas dévié d’un iota de sa nouvelle ligne directrice, pour ses titres les plus bourrins, et je le répète , quitte à s’engouffrer dans ses influences, autant que le groupe se lâche sans aucune gène dans le créneau. On n’ose imaginer ce que pourrait donner des compos thrash electro (ce que le groupe a su prouver  avec brio dans ses premières années sur le culte "Contraddiction"). Prenons donc "Maniac" pour ce qu’il est, une excuse pour Mass Hysteria d’enflammer une nouvelle fois les scènes (et les dance floor) de l’hexagone (et au delà) et de faire une nouvelle fois le point sur le monde, via les toujours aussi justes et imagés textes de Mouss. On court donc se procurer "Maniac", afin de se familiariser avec ces nouvelles compos, avant d’aller se jeter dans le mosh pit des furieux.