[CINEMA] Martyrs (2016)

 

S’il existe un type de films qui est haï, c’est les remakes. Il est dur de passer après un film original souvent adoré, surtout quand il est question d’adapter à un public américain un film étranger, qu’il soit asiatique (le Old Boy de Spike Lee, ratage marqué) ou européen comme ici. Le film de Kevin et Michael Goetz (Route vers L’Enfer) a donc le même résumé de départ que le film d’origine de Pascal Laugier (The Secret) : Lucie (TroianBellisario, Pretty Little Liars) a été marquée jeune fille par son enlèvement et de nombreuses persécutions durant sa séquestration, qui reste encore inconnue. Un jour, elle se retrouve face à une famille « normale » en qui elle reconnait ses bourreaux…

 

Il sera  difficile pour les fans de faire abstraction du premier Martyrs tant ce remake colle à son schéma, malgré quelques différences qui auraient pu s’avérer intéressantes si elles avaient été mieux travaillées (ATTENTION SPOILER ! Contrairement au film d’origine, Lucie survit à la première moitié du film. Malheureusement, cela n’apporte quasiment pas de changement à sa relation avec Anna, bien plus attachante dans le film de Laugier FIN DU SPOILER !). Et il est vrai qu’au eu des comparaisons, la version des frères Goetz a du mal à tenir la route notamment en jouant sur le hors-champ là où la version française était devenu une expérience physique et presque mentale en osant filmer plein champ une horreur d’une violence inouïe. Loin d’aller dans le ridicule grand-guignolesque dans laquelle a virée la saga Saw, le Martyrs de 2008 rappelait la gravité physique des châtiments corporels dont souffraient les protagonistes tandis que la version version 2016 préfère s’aventurer le moins possible dans ce registre, perdant en radicalité. Le film se permet même de dévoiler la raison inhérente au film dans sa promotion et le plus vite possible dans l’histoire quand la version d’origine sortait cette carte le plus tard possible, permettant une véritable remise en question des évènements ayant précédé. 

 

Et il est dur de voir ce Martyrs autrement que par le prisme du film d’origine car ses principaux défauts proviennent d’un décalque maladroit des éléments présents en 2008, autrement plus gérés à l’époque (ATTENTION SPOILERS ! la famille du début n’est pas assez travaillée pour permettre la rupture de ton prévue, le monstre s’attaquant à Lucie ne fait plus aucun sens, le prêtre qui se suicide en ayant entendu parler de ce qui se passait « après » arrive comme un cheveu sur la soupe et ne permet plus le questionnement du final,… FIN DES SPOILERS !), tout en rajoutant lui-même d’autres problèmes (l’ajout de quelques jump scares inutiles, un côté religieux bien trop appuyé). Néanmoins, il y a bien eu pire film que celui-là. Les interprètes se débrouillent, quelques idées restent intéressantes et l’opposition entre le décor familial ensoleillé et les lieux de sévices froids et gris fonctionne visuellement. Ces quelques qualités n’en font malheureusement qu’un film passable et, sachant que le film d’origine était une pure expérience horrifique marquante,  cela ne fait que souligner l’inutilité d’un tel remake.