The Witch

C’est précédé d’une excellente réputation qu’arrive The Witch, pépite de festival déjà intronisé de meilleur film d’horreur depuis un long moment par beaucoup des spectateurs l’ayant déjà vu. Et comment ne pas avoir envie de voir ce film ?  Nous sommes en Nouvelle Angleterre, en 1603. Une famille extrêmement pieuse va s’installer aux abords d’une forêt afin de vivre avec dévotion de leurs récoltes, sans être corrompu par la civilisation. Mais alors que le bébé disparait et que les récoltes sont détruites, les tensions commencent à augmenter. Serait-ce l’œuvre d’une sorcière ?

 

N’allons pas par quatre chemins : The Witch est effectivement un très bon film d’horreur. Il est fortement plaisant de voir ce film, qui va en contre-courant des récentes productions horrifiques actuelles. Pas ou prou de jump scares ici, ni de musique bien trop bruyante pour annoncer qu’il faut vraiment avoir très peur car son film est très terrifiant (Coucou Insidious, c’est bien de toi que je parle). Ici, c’est par une certaine économie des moyens que Robert Eggers, dont c’est sa première œuvre, arrive à nous faire peur. Avec une ambiance lourde et pesante surplombant tout le récit et un travail des lumières absolument remarquable, The Witch arrive à nous plonger dans une ambiance sombre, oscillant entre  le fantastique cruel et sec (la scène du bébé) et l’onirisme pur (cette fin…).

 

Si le temps que prend le film à instaurer son ambiance pourra faire reculer, ceux qui se seront immergés dans The Witch pourront découvrir un récit de famille qui s’entre déchirera autour de sa piété. Leur ferveur religieuse aurait pu être critiquée mais jamais le réalisateur n’ose le faire, accordant trop de respect à ses personnages pour cela. Il est important de souligner que grâce à la caractérisation de ses personnages (les questions que se posent le frère sur la religion et sa réaction face au corps de sa sœur, ce qui aurait pu être vulgaire mais est bien loin d’être le cas à l’écran), on les sent vivants, ce qui n’arrive que trop rarement dans les productions récentes débordant régulièrement de stéréotypes ambulants. Tout est parfaitement maitrisé dans l’histoire, entre une musique cauchemardesque, un travail des lumières naturalistes nous replaçant dans l’ambiance historique et les malheurs de cette famille (voire la manière dont la forêt semble lumineuse et accueillante à l’arrivée des personnages puis les couleurs que prend celle-ci juste après), des dialogues crédibles bien que dans l’anglais d’époque et des acteurs sonnant tous justes (Il sera même intéressant de voir la carrière que prendra la prometteuses Anya Taylor-Joy).

 

Vous rêviez d’un film d’horreur semblable à un cauchemar, à l’ambiance lourde, marquante et envoutante et qui transforme votre siège en trône inconfortable ? Alors n’hésitez pas et succombez à cette diabolique tentation…