[DOSSIER] DEEP PURPLE : Compte-rendu de la conférence de presse Parisienne et de l’écoute de "Now What?!"

C'est le jeudi 18 Avril 2013 que nous avons eu la chance, et l'honneur, d'assister à une pré-écoute du nouvel album de Deep Purple, "Now What?!". Celle-ci se déroulait au Bus Palladium à Paris et fut suivie d'une conférence de presse en présence du chanteur emblématique Ian Gillan et du batteur Ian Paice, véritable pilier du groupe puisqu'il est le seul qui soit présent depuis les débuts. Mais si, souvenez-vous, c'était en 1968!

Beaucoup penseront qu'après 45 ans de carrière les musiciens n'ont plus rien à dire. Je les entends venir d'ici, les critiques de circonstance : « certes ils ont été précurseurs en leur temps mais c'était une autre décennie, un autre siècle, un autre millénaire, bref : « time flies », laissons la place aux jeunes, il faut savoir vivre avec son temps, ils sont trop fatigués, ils ont épuisé toutes leurs sources d'inspiration bla bla bla...

Il est vrai que l'avant dernier album, "Bananas", fait un peu tâche dans la discographie du groupe : ultra-répétitif, sirupeux, chiant, j'en conviens. Mais ne nous avaient-ils pas surpris avec "Rapture of the Deep" ?

A ceux qui clament encore qu'un groupe a nécessairement passé sa date de péremption après la vingtième année, je conseille "Now What?!" comme cure de désintoxication à la bêtise, car c'en est une que de fonder son jugement sur la valeur subjective d'un nom (et d'un âge!) avant même d'écouter la musique. 

Le titre du nouvel opus met le public face à sa propre interrogation : après 18 albums et 45 ans d'une carrière qui aura marqué l'histoire de la musique (n'oublions pas que Deep Purple est l'un des trois membres de la Sainte Trinité du Heavy Metal), que reste-t-il que le quintette n'ait encore fait?

Et bien sur ce point la réponse est : pas grand chose. C'est qu'avec les changements de line-up à répétition, les différentes équipes qui ont constitué Deep Purple ont aussi apporté des sources d'inspiration variées et des sons toujours différents. C'est cette impression qui se dégage après l'écoute de "Now What?!", chaque morceau est très différent du précédent : on commence avec un style très « heavy », plus lourd que ce à quoi nous avait habitué Deep Purple. Viennent ensuite le Blues, quelques riffs funky, puis un retour au Hard Rock plus traditionnel. 

A la première écoute (puisque nous n'avons eu droit qu'à une seule) ce qui fait la force de l'album est l'ambiance que les musiciens parviennent à installer dans chacun des morceaux, et c'est ce qui contribue à rendre l'album si varié et si riche. Trois exemples particulièrement éloquents : le septième morceau, "Blood From a Stone" : voilà une pièce très bluesy, ambiance posée grâce au jeu de batterie très doux sur les couplets et à la voix de Gillan qui se fait presque suave.

Le huitième morceau, "Uncommon Man", a des airs de Rock de biker. On a subitement envie de se vêtir de cuir et d'enfourcher la première Harley qui passe pour aller se faire une petite bourre (GAAAAZ!!!).

Le dernier morceau quant à lui s'ouvre sur une intro au clavier très épique et la voix de Gillan sur les couplets se veut presque malveillante, on pourrait croire à la bande-son d'un film d'épouvante et pour cause, le titre est "Vincent Price" ! Petit bémol sur ce morceau : le refrain qui se veut trop fédérateur et tombe de fait dans la banalité. 

Au niveau du mix, la voix est peu mise en avant et même parfois complètement couverte par les instruments, ce qui ne manquera pas de ravir ceux qui disent que, de toute façon, Ian Gillan chante faux. Que ce soit vrai ou non, une chose est sûre c'est qu'il n'est définitivement plus capable de crier comme à ses débuts; grands adorateurs de "Child In Time" : au revoir!

Il s'essaye bien à quelques variations  mais cela a plus pour effet de mettre en évidence le manque de puissance de sa voix. Cependant, n'en déplaise à ses plus féroces détracteurs, l'ensemble n'en est pas moins plaisant! De plus, comme Gillan nous l'a dit lui-même lors de la conférence de presse, Deep Purple est avant tout un groupe instrumental, auquel on a rajouté une voix. Autrement dit ils se concentrent plus sur l'idée de faire de la musique plutôt que des chansons.

Et en effet, on se rend bien compte que ce qui fait la force de Deep Purple c'est une instrumentation absolument impeccable. Chaque morceau possède son solo de guitare ou de clavier mais exit les duels qui étaient pourtant bien plaisants. Les intros de Don Airey sont magistrales, on sent qu'il a définitivement trouvé sa place au sein du groupe et laisse libre cours à ses envies ainsi qu'à sa dextérité.

Quant à la batterie de Paice, elle est la colonne vertébrale de l'ensemble, elle le structure. Il me semble qu'il n'y ait aucun solo de clavier ou de guitare qu'elle ne soit pas là pour soutenir ou qu'elle ne finisse par rejoindre. Et que serait-elle sans la basse de Glover? Beaucoup moins mise en avant que les autres instruments, puisqu'il n'a droit à aucun solo, c'est elle qui, combinée avec la batterie, donne toute leur profondeur aux compositions. La section rythmique est l'élément qui confère à chaque morceau cette ambiance particulière dont je parlais plus haut. Ian Paice nous rappelle qu'il est l'élément central et éternel du groupe. 

Pour conclure je dirais que la principale faiblesse de l'album consiste en une certaine répétition, non pas au niveau des sonorités mais de la structure des morceaux. Autrement dit, le solo de guitare ou de clavier en guise de pont, le tout soutenu par la batterie, est présent sur quasiment tous les morceaux et finit par nous lasser. Mais ce parallélisme dans la structure est contrebalancé par l'extrême variété des sons et des influences. Nous avons ici à faire à un Deep Purple en pleine forme et en pleine possession de ses moyens. Certes ils n'inventent rien, mais gardons à l'esprit que ce n'est plus leur boulot. Alors ne jugeons pas sur ce que nous voudrions entendre mais sur ce que nous avons effectivement à portée d'oreille : un album plus que sympathique, varié et maîtrisé.

Merci au membre de Sons Of Metal d'avoir pu nous permettre de nous y retrouver lors de l'ecoute de l'album quelque peu chaotique au démarrage ...