Napalm Death - Apex Predator - Easy Meat

Vingt ans, trente ans, quarante ans de carrière... Autant de chiffres qui donnent le tournis et donnent du soucis à se faire pour les générations d'artistes actuelles. Pour Napalm Death c'est un peut plus de trente ans et cela force l'admiration, d'autant plus que le groupe s'inscrit dans un registre extrême, le Grindcore. Même si le groupe s'est orienté, au fil des années et avec les différents changements de line-up, dans un style plus proche du death ("Harmony Corruption"), les racines sont belles et bien ancrées dans ce nom et nous ne sommes jamais bien loin de ce que Napalm Death à pu nous proposer avant : un metal, brutal teinté de death et de punk hardcore. 
 

Le quatuor emmené par Mark "Barney" Greenway est prolifique et n'est jamais avare en ce qui concerne les représentations scéniques. Toujours survoltés, ces dernières nous rappellent qu'il faut aussi compter sur les vieux et que les jeunes ont un peut de pain sur la planche. Après un rapide coup d'œil à la pochette, on se dit que nos amis anglais raffolent eux aussi d'une de nos spécialité normande, les tripes à la mode de Caen, mais légèrement revisitées à la sauce british. 

 

On débute l'écoute après une bonne intro, bien travaillée et plutôt axée sur le chant et l'ambiance avec une première partie faisant office d'une messe sectaire. La deuxième partie de cette intro laisse place aux chant hurlé made by Barney qui glace le sang. "Smash A Single Digit" fait son entrée dans la foulée, de manière véloce, brutale et hargneuse. Ca prends aux tripes,et TOP Chef n'a qu'a bien se tenir la recette semble gagnante. Les anglais sont de nouveau prêts à en découdre et je pense sincèrement que la formation  Barney/Embury/Harris/Herrera est de loin la meilleure depuis les débuts de Napalm Death. Je ne crache cependant pas sur un bon vieux "Scum" de derrière les fagots. Album qui selon moi s'inscrit dans un tout autre registre, mais qui reste un classique.

 

Il règne sur ce nouveau disque et les précédents sous cette configuration, comme un sentiment de stabilité, de constance et d'aboutissement dans les compositions et les membres semblent en parfait osmose, ne laissant jamais l'aspect varié de leurs galettes de coté. Ce point est suffisamment rare dans ce style pour être souligné. Malgré quinze albums et au moins autant de démos, splits et EP, le groupe n'a aucun mal à nuancer son jeu. Preuve avec "Metaphorically Screw You" qui oscille entre brutal death et le punk hardcore bien trempé des origines et le contraste apporté par "Dear Slum Landlord...", morceau qui se veut calme, lourd d'une ambiance écorchée et malsaine. Ce titre sonne comme une prière ou un appel à la mobilisation envers les victimes de la tragédie de 2013 survenue dans un bâtiment au Bengladesh. Le groupe avait annoncé s'être inspiré de ses évènements pour l'écriture d'"Apex Predator - Easy Meat".L'accident n'a pas seulement fait d'innombrables victimes mais à aussi fait ressurgir de vieux fantômes. La triste réalité est que de nos jours l'esclavagisme existe encore (sous une autre forme bien entendu) et Napalm Death, groupe engagé ne peut rester insensible. Qui de mieux que nos fous furieux favoris pour diffuser ce message et cracher sa haine et sa colère envers ses prédateurs des temps modernes, peu scrupuleux et avides de viande fraiche, de main d'œuvre facile? On ne s'étalera pas sur le sujet tant il y à a dire et a redire, et on ne reviendra pas non plus sur la qualité de production toujours aux poil, à laquelle nous ont habitués nos amis.

 

Un petit mot en revanche sur Shane Embury qui est un artiste productif et qui une fois de plus sait imposer son style et sa touche personnelle. "How The Years Condemn" en est le parfait exemple. A presque cinquante piges, Shane est incontestablement l'un des musiciens de référence du metal extrême. Lui aussi semble infatigable et au regard du nombre de groupes à la renommée mondiale dans lesquels le musicien officie (Brujeria, Anaal Nathraak, Lockup, Venomous Concept...), il y a surement la un exemple à prendre.

Vous l'aurez compris, le disque n'a pas grand chose à se reprocher si ce n'est peut être un riff un peut trop simpliste (du moins à l'écoute car je n'ai pas la prétention de savoir le jouer) et répétitif sur "Stubborn Stains" mais la c'est chipoter... D'autant plus que le groupe s'en sort plutôt pas mal sur ce titre grâce à l'appui de la ligne rythmique bien groovy et un accompagnement a la limite thrash death de toute efficacité. Une perle à posséder de toute urgence pour tout amateur de règlements de comptes façon mange disque.
 

Merci Napalm Death pour la déflagration!