Alien - Covenant

Si Prometheus était attendu par les fans de genre comme le messie (Ridley Scott revenant à l’une de ses œuvres les plus connues), le résultat fut au final déconcertant pour de nombreuses personnes, dont certaines qui n’hésiteront pas à l’insulter de merde (que ce soit dans les journaux ou sur Internet). 5 ans plus tard, qu’attendre de cette suite censée raccrocher les wagons avec le film de 1979 ? Promesse tenue ?

L’équipage du « Covenant », censé coloniser une nouvelle planète, atterrit sur un mystérieux astre où ses membres feront la rencontre de David, androïde du Prometheus. Ils devront faire face à de violentes créatures extra-terrestres…

Ridley Scott s’est vu critiqué à de nombreuses reprises, surtout par rapport à ses dernières réalisations considérées comme mineures (on parle quand même de l’homme derrière deux classiques de la science-fiction) et ce sera à nouveau le cas avec Alien - Covenant. En effet, difficile de rester de marbre face au résultat en demi-teinte de cette suite. Gardant certaines réflexions intéressantes de Prometheus (notamment sur la « divinité humaine » et les questionnements entourant la création), il les appuie avec une forme de lourdeur et avec une absence de subtilité déconcertante (si l’on excepte le parcours scénaristique de David).

Son plus gros défaut revient à l’écriture de ses personnages : que certains personnages soient mis un peu plus en avant, c’est évidemment logique. Mais qu’une vidéo promotionnelle sur internet soit nécessaire pour appuyer la personnalité de certains, cela touche au honteux, surtout au vu des quelques pistes intéressantes (la mort précoce d’un personnage afin de susciter une ambiance de deuil sur l’équipage, ce capitaine de remplacement à l’autorité absente) amorcées par le script. On en vient à se demander l’intérêt de certains protagonistes (au point de se demander qui vient de se faire tuer) et les réactions de certains sont à se taper la tête contre le mur (la scène de la douche aperçue dans la bande-annonce est affreusement mal placée).

Difficile également de mettre de côté certaines pistes intéressantes lancées par Prometheus qui connaissent une résolution rapide et honteuse, au point de rendre difficilement revisionnable le film de 2012 après cela. Ajoutons à cela des incohérences en pagaille et un twist final prévisible mais également manquant de sens et l’on approche de la grosse colère envers le film.

Alors pourquoi cette note correcte ? Tout simplement car Ridley Scott arrive à insérer de nombreuses idées passionnantes qui arrivent à relever un peu le niveau, tout en ajoutant un bestiaire visuellement intéressant (la moindre des choses pour un film d’un réalisateur de cette trempe). Si l’on ajoute à cela de nombreuses fulgurances (la séquence d’introduction, cette destruction biblique, la scène de la flûte où David cherche à « affranchir » son homologue robotique en lui apprenant à créer et à la sexualité à peine sous-entendue), quelques scènes de tension assez efficaces et une certaine forme de nihilisme, il est difficile de qualifier Alien - Covenant de mauvais film, tout comme il est impossible de dire l’inverse. Et c’est sans aucun doute l’aspect le plus rageant : Ridley Scott nous prouve à de nombreuses reprises qu’il est possible de faire mieux et plus intéressant mais n’arrive pas à provoquer un fort enthousiasme. Ainsi, sa volonté de se réapproprier la saga qu'il a initiée mène celle-ci à une forme d'uniformisation là où chaque épisode précédent trouvait une certaine patte différente, même ceux les plus médiocres. Mais à partir du moment où le projet Alien de Neil Blonkamp et la suite de Blade Runner par Denis Villeneuve sont intéressants car ils ne sont plus entre les mains de Ridley Scott, cela devrait faire poser quelques questions à ce dernier...