1922

Depuis plus de 40 ans, avec Carrie, les adaptations du Maître de l'horreur squattent les écrans, petits et grands, avec plus ou moins de bonheur. L'auteur américain le plus adapté qui soit voit pourtant depuis quelques mois un nombre de sorties encore plus impressionnant que d'habitude. La faute sans doute à la mode actuelle des franchises et autres univers étendu. Ici Stephen King devenant la "marque" permettant de vendre à peu près n'importe quel type de projet. En l'espace de 4 mois, il s'agit déjà du 5ème "produit" audio-visuel estampillé King à sortir après La Tour Sombre, Ca, Mr Mercedes et Jessie et deuxième d'affilée produit par Netflix.

Adapté d'une nouvelle d'une petite centaine de pages, parue dans le recueil "Nuits Noires, Etoiles Morte", 1922 a l'avantage, contrairement aux adaptations de best sellers de n'être connus que des gros fans de King, il sort donc dans un relatif anonymat, propice à lui conférer une aura de mystère. Thomas Jane, déjà protagoniste de la brillante adaptation ciné de The Mist par Frank Darabont est ici méconnaissable dans le rôle d'un fermier assez rustique (a voir absolument en vost), mauvais mari et piètre père de famille, qui fait le pire choix possible pour tenter de se sortir d'une situation déplaisante... Et en paye le prix fort !

Sublimé par une image d'un triste absolu qui convient parfaitement à la psyché du protagoniste, le fantastique se veut ici, comme souvent chez King, une parabole des démons intérieurs et des doutes de l'être humain. Le récit, raconté sous forme d'aveu par Thomas Jane se veut à la fois réaliste (en dehors des scènes fantastiques, à l'authenticité relative) est poignant, glauque et dérangeant. La relation père/fils est à l'image de la scène du meurtre, chaotique... Et donc forcément elle vole en éclat. Le choix que le protagoniste impose à son fils et le mensonge qui en découle auront des conséquences pires que s'ils s'étaient simplement fait chopper.

Un film poignant et malaisant qui transcende son histoire relativement simple grâce à une mise en scène glauque et une interprétation sans faille. Comme chez d'autres réalisateurs, comme Del Toro ou Mike Flanagan, le fantastique sert de parabole aux tourments de la vie. Superbe adaptation d'une nouvelle passée un peu inaperçue. A noter que la b-o du film a été composée par Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle, Fantomas) et cette dernière est une des excellentes composantes aidant a distiller l’ambiance sinistre de cette adaptation.