Docteur Frankenstein
Lorsque l’on adapte sur grand écran une histoire maintes fois racontée, il est difficile de se renouveler, surtout quand un autre film utilise le même matériel de base et ce même si le budget est différent. Alors, comment Paul Mc Guigan (Push) et Bernard Rose (Candyman) ont réussi à se démarquer l’un de l’autre avec leurs versions du célèbre roman de Mary Shelley, Frankenstein ?
Docteur Frankenstein, raconte la rencontre entre Victor Frankenstein (James McAvoy, X-Men Days of Future Past), scientifique brillant mais égocentrique, et Igor (Daniel Radcliffe, Horns), jeune bossu guéri par Frankenstein et passionné par la science. Leur amitié naissante sera mise en difficulté par l’ego de Victor, qui cherche à accomplir l’impossible : redonner vie à ce qui est mort….

Ici, le réalisateur et son scénariste Max Landis (qui a rédigé aussi le scénario de Chronicle) ne s’intéressent que très peu) à la fameuse créature et préfèrent axer le récit sur la relation entre les deux hommes derrière sa création. L’alchimie entre les deux acteurs principaux est forte et leur interprétation respective contrebalance celle de l’autre acteur. En cela, on pourrait comparer le film aux deux dernières adaptations de Sherlock Holmes par Guy Ritchie, qui fonctionnaient énormément sur la relation entre Holmes et Watson. Malheureusement, la mise en scène fait penser aussi à cela, ce qui enlève de la personnalité à cette version de Frankenstein. D’autres défauts sont aussi à remarquer : des décors qui reflètent par moment leurs natures numériques, des personnages pas assez travaillés (le commissaire Turpin, interprété par Andrew Scott, aurait pu être bien plus passionnant et son contre point religieux opposé à la science ne fonctionne que très peu) et une créature sous utilisée, pour un final qui semble donner l’envie de créer une nouvelle franchise pour la Fox (au vu du résultat financier, cela semble compromis). ATTENTION SPOILER ! En effet, la créature se voit terrassée au bout de quelques minutes de climax au sein même du lieu où elle a été crée. Quand à la lettre de Victor, elle promet une nouvelle réunion entre les deux personnages (ce qui aurait peut-être abouti à la « vraie » créature de Frankenstein lors d’une suite éventuelle?) FIN DE L’ALERTE SPOILER !
Tout n’est évidemment pas à jeter : les acteurs sont crédibles dans leurs rôles, les effets concernant la créature dénommée Gordon sont bien faits et le film reste divertissant. De plus, vivre le récit par le point de vue d’Igor nous met au milieu du « duel » entre le « scientifique fou » qu’est Frankenstein, prêt à briser toute déontologie pour atteindre son objectif, et la peur de Turpin face aux conséquences de cet acte que ce policier trouve immoral de par sa foi. Il est néanmoins dommage que ce Docteur Frankenstein, promettant beaucoup sur le papier, ne consiste qu’en un divertissement basique mais néanmoins sympathique, qui se laisse regarder sans être comparable pour le spectateur à l’étincelle ayant éveillé Gordon…