Detroit Become Human
C’est le 25 mai 2018 que le très attendu Detroit : Become Human pointe le bout de son nez après l’annonce officielle de 2015. Le jeu s’annonce très complexe dans son écriture, David Cage lui-même annonce un scénario beaucoup plus travaillé que sur les précédents jeux de Quantic Dream. De plus les demos qui sont lâchées de temps en temps nous font apprécier un moteur graphique de toute beauté et un univers à la fois proche et lointain. Attention, ce test peut contenir de légers spoilers donc vous êtes avertis.
L’histoire prend place en 2038 dans la ville de Detroit ou les androïdes côtoient les êtres humains. L’homme a créé de toutes pièces ces machines pour un usage domestique avant tout mais aussi pour lui tenir compagnie avec les prostituées 2.0 de l’Eden Club ou encore pour remplacer les espèces animales éteinte comme l’ours polaire… Vous l’aurez compris, David Cage reste fidèle à lui-même et va profiter de son nouveau bébé pour traiter de sujets sensibles qui pourraient tout à fait voir le jour dans un futur proche ou qui sont déjà peut être en cours…
A peine le jeu lancé que nous sommes directement mis dans le bain en incarnant Conor, un Androïde conçu pour seconder les autorités et doté de capacité d’analyses poussées. Les enquêtes qui devront être menées seront donc facilitées grâce à la technologie rendant le gameplay très fluide et intéressant. Pour les joueurs ayant déjà joué aux productions de Quantic Dream, cela rappelle un peut les enquêtes que nous menions avec le policier de Heavy Rain. Conor arrive donc sur une scène de crime dans un appartement situé au dernier étage d’un immeuble assez bourgeois. Première rencontre avec les humains et le chef du commando en charge de sauver l’otage des mains d’un androïde déviant. Déviant est le nom qui est donné aux androïdes ayant des disfonctionnements dans leurs bio composants. Ces disfonctionnement peuvent amener l’androïde à éprouver des émotions et avoir un comportement imprévisible représentant un danger pour les humains.
Les bases du jeu sont posées dès cette scène et comme d’habitude, vos choix influenceront directement le scénario de manière plus ou moins importante. Alors bien évidement il va de soi que nous ne pouvons pas faire ce que l’on veut ou plutôt si mais dans un cadre bien scripté ce qui est bien sur logique car le scénario ne peut pas se construire tout seul au fur et à mesure de nos choix. Cela reste quand même bluffant, le travail apporté à l’écriture et aux différentes issues possibles est gargantuesque. Je pense sans avoir la prétention d’avoir joué à tous les jeux du style qu’aucun jeu vidéo n’atteint un sommet aussi élevé de variations et de choix. C’est énorme comme dirait Brigitte Lahaie.
Ce premier chapitre sera l’occasion de vérifier la puissance du moteur graphique, et il faut dire qu’une fois encore le jeu repousse les limites de la PS4 avec des graphismes très proches du photo réalisme. C’est vraiment magnifique et si vous invitez du monde n’ayant pas l’habitude des jeux vidéo chez vous, ils auront presque du mal à savoir si Chloé, l’androïde du menu de démarrage est vraiment un personnage modélisé ou est une capture vidéo… J’ai fait le test à la maison avec ma jeune sœur et croyez-moi elle n’en revient toujours pas. Au bout de quelques minutes de jeu, nous prenons place dans la peau (si j’ose dire ça comme ça) de Kara, un autre Androïde conçu principalement pour gérer les tâches ménagères dans la maison de Todd et s’occuper de sa fille Alice. L’histoire de Kara sera puissante et riche en émotion, de loin l’histoire la plus touchante des trois personnages que nos seront amenés à suivre. Todd étant un père violent et drogué changera le destin d’Alice et Kara en quelques minutes un soir d’orage bien arrosé à la bière.
Pour ce qui est du troisième personnage, nous incarnons Markus dont les traits ont été prêtés par l’acteur Jesse Williams (Grey’s Anatomy) et qui aura le rôle le plus important du jeu. Markus et d’abord, à l’image de Kara un Androïde prévu pour aider un certain Karl, un peintre de renom qui s’apprête à voir ses œuvres sous un autre angle. Là aussi un évènement tragique le poussera à changer sa voie et son destin sera de mener une révolution (pacifique ou violente) envers les humains pour faire valoir les droits des Androïdes en revendiquant tout un tas de choses comparables à ce que les « vivants » ont droits. Encore une histoire riche et puissante et surtout de loin la plus intéressante à faire, mais nous nous arrêterons la pour ce qui est du scénario en lui-même histoire de minimiser les spoilers.
Si le jeu bénéficie d’une réalisation artistique de qualité, il faut bien se dire qu’on n’a rien sans rien et qu’a l’heure actuelle, la puissance des machines est peut-être encore un peu faible pour proposer des claques graphiques sans volontairement brider le jeu. Je veux dire par là que pour atteindre un tel rendu, les scènes d’action sont minimisées, les mouvements de caméra sont lents… C’est normal me direz-vous et la dernière production de Cory Barlog tant à me prouver le contraire. Quantic Dream à l’art et la manière de cacher tout cela sans qu’on s’en rende compte et il faut dire que le type de jeu conçu se prête à merveille à l’exercice. De plus la réalisation bénéficie d’une fluidité exemplaire.
Concernant le gameplay en lui-même le jeu reste fidèle aux productions de David Cage avec l’accent mis sur la narration et les actions résumées à leur strict minimum. Cela n’a rien de gênant et c’est même une force quand on voit toutes les subtilités du scénario qui pourrait nous filer entre les mains si nous n’étions pas concentrés. Le système de choix est vraiment bien ficelé et chaque action vous mènera à une nouvelle étape en suivant une logique déjà établie dans les premiers niveaux. Mais il y a forcément un point négatif à retenir. Personnellement j’ai eu l’impression d’être guidé du début à la fin et d’être spectateur du début à la fin d’un scénario accentué sur les histoires des Androïdes « maltraités ». Pour que le joueur se fasse sa propre opinion, il aurait pu être judicieux d’incarner aussi un humain avec son histoire et ses points de vus. Disons que nous sommes à un moment donné obligés de prendre le parti des androïdes tant le jeu nous emmène vers cette direction. Si nous avions pu exploiter les histoires de Hank ou de Todd, peut être aurions-nous un point de vue différent ? Après tous les androïdes que nous incarnons ont certes eu des histoires glauques et fortes mais qu’en est-il des humains concernés ? Ils ont pour la plupart perdu un être cher, un travail… alors devons-nous faire table rase du passé ? Je pense que c’est un sujet qui serait bien de pouvoir exploiter, pourquoi pas dans une pré quelle ou un dlc à venir ?
Sinon un des gros gros point fort du jeu est les sujets qui sont traités. Le réchauffement climatique, le chômage, les violences domestiques, les liens de parentés, l’amitié, le libre arbitre… Tant de sujets d’actualités mis en avant dans ce jeu futuriste. Une fois de plus les développeurs ont placé la barre très haut en nous gratifiant d’une intrigue riche en émotion et de scène puissantes et magnifiques. Un jeu que nous ne pouvons que vous recommander si vous êtes fans du genre, mais aussi intéressés par les histoires futuristes et l’avenir que nous ne connaitrons pas mais nos enfants et petits-enfants peut être.