[INTERVIEW] KooTôh de Tankrust pour la sortie de "The Fast Of Solace"
KooTôh, vocaliste que l'on pourrait définir comme un Chris Barnes (ex-Cannibal Corpse, Six Feet Under) versatile, nous parle de "The Fast Of Solace" le nouvel album des metalleux Parisiens de Tankrust paru en Octobre 2015, pour un excellent mélange de metal extrême et mélodique.
Découvrez donc le combo et ce nouvel opus dans notre entretien ci-dessous :
Parle-nous un peu de l'histoire du groupe.
Rudy (l’ancien batteur) et moi avons fondé ce groupe en décembre 2006 parce qu’on se lassait du groupe dans lequel on avait joué et qui ne rendait pas la musique qui nous faisait vibrer. On a monté ce qui se nommerait rapidement TankrusT et on a recruté un bassiste et un guitariste, qui deviendraient des amis et à partir de là le groupe a toujours été une histoire d’amitié. Au début on faisait plus du thrash power très marqué Slayer/Pantera.
Comme on a toujours voulu et aimé faire de la scène on a très vite cherché des dates et on a enchaîné autant que possible. Puis avec les changements de line up notre musique a évolué au gré des influences que chacun apportait. On n’a pas voulu brider ces sources et on s’est dit qu’il y avait moyen de mélanger les styles de façon cohérente.
On a commencé à se sentir prêt à passer à une phase d’enregistrement sérieux, d’où l’arrivé de l’EP 6 ans plus tard. Le line up actuel existe depuis 2013 (parti de 4 on est arrivé à 5), et il ne changera sans doute plus parce que nous arrivons tous à un point de stabilité dans nos vies.
Du coup notre musique s’en ressent également. Aujourd’hui c’est un vrai mélange de Death de Thrash, avec des pointes de Hardcore, de Metalcore, etc… Tout ce qui nous plait !
Présente nous également les musiciens qui composent Tankrust.
Schuff est le membre le plus « récent » il a remplacé Rudy à la batterie et nous vient du brutal death, il a d’ailleurs un groupe à côté, nommé Aäzylium. Il a apporté sa frappe nerveuse, maîtrisée et son travail ultra sérieux !
Will est la guitariste rythmique. C’est une encyclopédie du rock et du métal ! Il a un éclectisme qui nous permet un vrai panel de création. Il propose souvent des morceaux où il a d’ailleurs une bonne oreille sur l’ensemble de la compo. Il a son groupe de rock français : Sature.
Garth est à la guitare lead. C’est un gros fan du thrash oldschool et il se donne la tâche difficile de poser des solos hybrides entre ses influences de jeunesse et les sons modernes qu’il découvre et dévore. Très instinctif il bouillonne de notes.
Jules, à la basse, est un ancien punk tombé logiquement dans le hardcore. Comme il est dans la section rythmique ça tombe très bien, il peut exprimer ce côté incisif ! Il s’occupe aussi des backing vocaux avec une vraie rage dans la voix qui apporte un surplus d’énergie.
Reste moi au chant, aussi éclectique que Will, j’aime mélanger les voix et les semer dans les morceaux pour varier les plaisirs. Comme j’ai découvert le métal plus tard que les autres je suis sans cesse en train d’expérimenter tant à l’écoute qu’au chant.
Les compos de "The fast Of Solace" montre diverse facette musicale tout en restant assez extrême. Pour toi quels est le terme qui définit le style de Tankrust ?
Hybride ! Oui, parce qu’en fait on ne voulait pas se cantonner à un style et on aurait eu de mal à honorer une étiquette. Si tu dis qu’on fait du death, les puristes ne vont pas y croire et c’est valable pour toutes nos influences. Prises de façon isolée elles ne peuvent pas résumer en mot ce qu’on joue. Si on avait une vraie base thrash avant, on remarque qu’on est en train de s’en éloigner et que le mélange devient de plus en plus grand. Après, il reste vrai qu’on a tous des racines oldschool qui doivent sans doute bien se sentir. Cependant, notre credo c’est de les recycler pour les faire entrer dans la modernité.
Comme tu le dis, on reste dans l’extrême mais on se laisse vraiment porter par ce qui nous plait au moment où on le compose, sans se mettre de barrière. Du coup le terme qu’on utilise le plus souvent est « Metal », comme ça on englobe la grande famille musicale extrême !
Quelles sont les influences du groupe ?
Ca dépend de quel membre tu prends. Pour chacun, le groupe est influencé de différentes façons, selon la perspective de celui qui apporte sa touche.
Pour Schuff ce sera quasiment tout axé sur le death et le brutal death comme Cattle Decapitation, Kronos ou Origin. William ça peut aller d’un bout à l’autre du rock et du Métal mais son groupe culte reste Waltari. Garth reste un adorateur du Thrash/heavy 80/90 comme Judas Priest mais son cœur peut bondir pour des groupes modernes comme Revocation. Jules pourrait citer une longue liste de groupes punk ou hardcore mais ces derniers temps il parle beaucoup de Hatebreed ou Raised Fist. En ce qui me concerne, je pourrais te citer une tonne de groupes de Pro Pain à Lamb of God en passant par Divine Heresy !
Et tout ça sont les influences du groupe. On en retrouve toujours des petits bouts, remaniés à notre sauce ! C’est pas forcément une volonté consciente, mais comme ça fait partie de nous, c’est obligé de transpirer dans notre musique.
Quels sont les thèmes abordés sur de "The Fast Of Solace" ?
La plupart du temps ce sont des tranches de réflexions liés à notre vécu mais facilement transposable à tous. On utilise les morceaux pour dialoguer avec les gens, poser des questions et les laisser libres d’y réfléchir, d’y répondre ou non. Les thèmes parlent donc de société. Des préjugés sociaux, de l’enfermement dans des cases, des choix de vie, de l’indépendance de pensée, du désir néfaste de moralisation, de la barbarie moderne, etc…
En revanche on ne veut absolument pas édicter des solutions, on n’a pas cette prétention et on n’aime pas imposer un point de vue. Nos thèmes sont vraiment une communication à double sens, où on préfère pousser les gens à réfléchir mais les laisser libres dans leurs conclusions.
Quelle est la signification du titre de l'album, et pourquoi le choix sur cet artwork ?
Le titre de l’album signifie « Le jeûne du réconfort ». Par rapport à ce qu’on vient de dire sur les thèmes, on a voulu un titre qui résume cela. Il symbolise notre refus à nous laisser bercer par les discours démagogiques et les médias (comme les émissions TV) qui essaient de nous endormir et nous détourner sur la réalité de ce qui se passe dans notre monde.
L’artwork est le fruit d’une collaboration avec un ami (TankrusT est toujours une histoire d’amis !) qui est Tib Gordon. Le choix premier parce qu’on aimait beaucoup son travail et deuxièmement on a défini ensemble ce concept du fossile illustrant très bien l’album, qui fait un pont entre notre passé et ce que TankrusT va devenir dans le futur.
Le groupe laissant son empreinte comme le fossile est lui-même est le témoignage d’une histoire, figé dans le temps.
Cette interview étant réalisée en fin d'année pour être publiée au début de la nouvelle (un peu plus tot du coup ndr), quel regard porté sur cette année écoulée pour Tankrust, et qu'espères-tu pour celle-ci ?
Je crois qu’on peut dire que l’année 2015 a été difficile pour tous. Que ce soit l’actualité de notre société, qui a laissé des vraies cicatrices ou l’actualité du groupe qui n’a pas été sombre mais très occupée par l’album. On a très peu fait de concert, ce qui nous a beaucoup manqué ; et on a vraiment investi tout notre temps, nos moyens et nos personnes dans l’enregistrement et le lancement du CD. Ça nous a rincé !
Après une année immergés dans le travail de production et où on a enduré les épreuves de notre société je pense qu’on peut raisonnablement espérer que 2016 soit meilleure, voire extraordinaire, pour compenser…
Quels sont les projets du groupe ?
Justement, les projets sont de faire un maximum de scènes pour défendre cet album, rencontrer de nouvelles personnes, de nouveaux lieux, de nouveaux publics. On fait tout pour tourner en France et à l’étranger et on garde évidemment le rêve de pouvoir accrocher de beaux fests comme le Motocultor ou le HellFest, ou autres.
On est toujours super contents de jouer, quel que soit l’endroit ; pour nous c’est toujours une fête. Du coup on n’hésite jamais à faire des bornes et à donner tout ce qu’on a quel que soit le nombre de personnes en face ou l’endroit où on se trouve. Donc je pense que les deux ans à venir vont être remplis de live !
Bien entendu, on a déjà des compos en cours pour le prochain album…On a bien l’intention de ne pas s’arrêter à cette seule sortie ! Mais on se laisse du temps pour bien bosser et profiter de la scène.
Un mot pour les lecteurs ?
Un seul ?!
On va dire MERCI ! Parce que comme on le dit tout le temps, sans public, y a pas de musique ! C’est grâce à vous, qui soutenez la scène, si on est encore là. C’est aussi grâce à des gens comme Church of Nowhere que la musique reste vivante. C’est tout un ensemble qui fait que la passion est entretenue, alors sincèrement merci à vous.
On conclue par notre adage perso : « Reste tranquille, c’est pas fini ! »