Sepultura - Machine Messiah

Pour les thrasheux, Sepultura représente une sorte de bible ambulante, universelle mais pourtant lointaine qui se dérobe à chaque nouvelle sortie. Des porteurs de lumière trouble, aux ambiances poisseuses, tribales et torturées. La surprise vient encore une fois de cet opus aux explorations nouvelles.

Si "The Mediator Between the Head Must Be The Heart"… » nous avait égaré en pleine terre death/thrash aride, "Machine Messiah nous élève vers une sorte de cosmos mi contemplatif mi mécanique. Quelques arpèges mélancoliques et un chant (oui Derrick Green chante !) apaisé du plus bel effet démarre l’album tel une marche exaltée, suivi d’une montée progressive et pesante avant de déboucher sur "I Am the Enemy". Un thrash au son puissant et propre (une première depuis… longtemps), des basses qui grondent et des leads mélodiques qui partent dans tous les sens ! Sepultura montre les muscles et a envie de séduire là où on l’a connu plus introspectif voire taciturne. Les orchestrations (qui est devenu la marque de fabrique du groupe depuis "Dante XXI") amorcent "Phantom Self" et "Alethea" couplées à un excellent jeu de batterie mélange de groove et de technique aux sonorités tribales.

Arrive "Iceberg Dances" une excellente instrumentale où se mèle thrash, rock prog 70’s et musique latine en guise d’Interlude.La deuxième moitié du cd nous met sur les rails symphoniques de "Sworn Oath", morceau grandiloquent qui nous rappelle que la musique classique fait autant partie de l’histoire du brésil que la bossa nova, le jazz ou la samba. "Resistant Paradises" reste dans cette mouvance métallico-sacrée avant d’enchainer sur "Silent Violence" morceau thrash plus conventionnel mais efficace agrémenté d’un très bon solo. "Vandal Nests" déboule à 200 bpm* et ratisse les fonds de tiroir une dernière fois avant que "Cyber God" vienne conclure l’album sur une ambiance lourde, les dernières notes de solo mourrant dans un dernier souffle.

"Machine Messiah" est un excellent album maitrisé de bout en bout, d’une grande diversité, certains regretteront ou salueront la disparition du côté Jam du groupe pour mettre en avant un métal plus compacte, solide et lisse. Mais tout le monde sera d’accord pour dire que Sepultura est toujours là et bien là !