Behemoth - I Loved You At Your Darkest
Dans le domaine du metal extrême, Behemoth s'est depuis longtemps imposé comme une référence. Reprenant l'imagerie et l'ambiance sombre du Black Metal, mais couplée à la technicité du Death, ils ont un style qui ne laisse pas indifférent. Même si les groupes alliant black et death existent depuis longtemps (Dissection par exemple), eux ont sû trouver ce compromis, ne lésinant les fans d'aucun des deux genres. Ajoutons à ça un sens des paroles très bien écrites, chose trop rare dans le metal extrême, partculièrement dans la tendance satanique, où généralement les textes sont niveau CE1.
Leur dernier opus, "The Satanist (2014)" réussissait l'exploit d'être totalement intransigeant sur ses influences et ses ambitions tout en proposant des textes sombres, dérangeants... Mais intelligents et instructifs, rien que ça ! Prenez en de la graine Deicide ! Comme quoi on peut être sataniste ET proposer un discours intéressant. Un album musicalement parfait dans son genre, bien écrit, bien produit, avec un large spectre musical... Le tout transcendé par de somptueux clips et des concerts déments. La question se posait alors, que faire après ? Se renouveler totalement ? Faire un copier/coller ? Comme à son habitude, le groupe de Nergal a donc décidé pour ce 11ème opus de proposer quelque chose qui reste dans la continuité, tout en restant unique.
En effet, l'auditeur du combo polonais ne sera pas décontenancé par cet album, c'est du pur Behemoth ! "I Loved You At Your Darkest" tient son nom d'une citation de Jésus, on se doute donc qu'il s'agira une fois encore d'un pur blasphème, et si l'on peut regretter un manque de variété dans les thèmes abordés, c'est fait avec une telle maîtrise qu'on est conquis. Dans le fond, a t'on envie d'autre chose de la part du groupe ? Et pourtant, c'est dans cette thématique récurrente que le groupe parvient encore une fois à redéfinir son essence. C'est un peu comme s'ils nous proposaient toujours le même plat, mais cuisiné différemment, en changeant les épices, le cuisto et les outils. C'est à dire que la production a été entièrement revue, le mix étant confié à Matt Hyde (Slayer, Children Of Bodom) et le mastering à Tom Baker (Marilyn Manson, Nine Inch Nails).
On notera en plus de ces changements techniques, une orientation subtilement différente, proéminence de choeurs, notamment d'enfants, ce qui augmente l'aspect malaisant de l'ensemble. On se rappellera du "Monster Clock" de Ghost, mais en bien plus bourrin. Si les détournements religieux sont toujours "Légion" (notez ma subtile référence), l'album propose également des évocations musicales toutes autres, comme "Bartzabel" et ses rythmiques quasi tribales. Une abondance de soli plus axés rock rendent également l'album bien plus accessibles qu'à l'accoutumée pour Behemoth. Mais l'auditeur reste néanmoins en terrain connu sur la plupart des morceaux, comme "God = Dog" ou "Wolves ov Siberia". Le groupe ne change pas drastiquement de style, mais ose proposer des choses différentes de temps à autre, de manière suffisamment dosée pour ne pas choquer grand monde au sein de sa fanbase. En revanche, rassurez vous, ils restent toujours assez violents pour choquer votre mamie catho !
"I Loved You At Your Darkest" n'est peut être pas le meilleur album de Behemoth, mais il reste en tout cas un album largement digne de figurer dans la CDthèque de chaque fan du groupe. Pas une redite, mais un album unique, tout en restant dans la cohérence thématique. Le combo s'inspire bien plus que jamais, non pas du metal extrême, dont ils restent l'un des fers de lance, mais du rock des origines, pour pimenter son jeu et son style. Un album essentiel !