Satra - In Tears of Her Reign

Un an seulement après un premier album prometteur "Sand of Time", les Finlandais de Satra reviennent déjà avec un second opus, "In Tears of Her Reign". Une rapidité qui surprend, mais qui colle à l’évolution fulgurante du groupe, porté depuis sa tournée avec Therion et clairement décidé à s’affirmer dans la scène symphonique. Et s’ils n’y sont pas encore tout à fait… ils en prennent la direction.

 

Impossible de ne pas percevoir l’influence des cadors du genre — Nightwish et Epica en tête. Toutefois, Satra ne cherche pas encore les envolées ambitieuses, les fresques de dix minutes ou les orchestrations tentaculaires. Le groupe reste sur un sympho plus compact, plus direct, presque pragmatique, comme si l’expérience de la scène avait redéfini leur manière d’écrire. Les 40 minutes de l’album filent ainsi à vive allure : huit titres (plus une intro) qui misent sur l’efficacité avant tout. Pas de longues plages instrumentales, peu de fioritures, mais des compositions taillées pour tenir le public, riff après riff, refrain après refrain. On se rapproche ici davantage de la simplicité immédiate d’un Sirenia ou d’un Evanescence, plutôt que des ambitions épiques du sympho “à la finlandaise”.

 

Le mixage suit cette logique : propre, lisible, clair. Chaque instrument trouve sa place sans se marcher dessus. Les guitares restent dynamiques, la section rythmique solide même si encore un peu sage, et les arrangements orchestraux apportent une vraie couleur sans jamais submerger l’ensemble. On sent un groupe qui maîtrise déjà bien son outil… Mais qui ne pousse pas encore les murs. Satra ne propose pas (encore) ce son massif, enveloppant et théâtral qui pourrait les faire entrer dans la même conversation que les ténors du genre. Mais pour un groupe aussi jeune, c’est plus une promesse qu’un manque. On notera également 2 changements dans le line up : Janne Peltola, en remplacement de Petteri Rotman, à la basse, et Aleksi Ronkainen, en lieu et place de Jani Myllymäki, à la batterie.

 

Pilvi Tahkola reste la pièce maîtresse du groupe. Son chant, limpide et chaleureux, est mis en avant sans excès dans le mix, et c’est une bonne chose : elle porte largement l’identité émotionnelle de l’album. Sur ce point, l'album est même supérieur au mix catastrophique du dernier Nightwish. Pilvi semble gagner en assurance par rapport au précédent opus . Mention spéciale pour "Lauloin maailmani uneen", la piste chantée en finnois, l’un des moments les plus touchants du disque.

 

Si "In Tears of Her Reign" n’est pas encore l’album qui fera de Satra un incontournable du metal symphonique, il montre un groupe en progression à vitesse grand V. Leur évolution en seulement un an est frappante, et leur passage par des scènes prestigieuses commence clairement à se refléter dans leur manière de composer : moins démonstrative, plus directe, plus vivante. Cela se ressent sur des titres comme "Into The Ravenous Sea" qui m'a rappelé le Xandria des débuts ou "Before They Die" et ses relents de Within Temptation.

 

Il leur manque encore une véritable patte Satra, ce petit supplément d’âme ou d’audace qui distingue les grands groupes des bons élèves. Mais vu leur trajectoire, on se dit qu’ils pourraient très bien y arriver — peut-être dès leur troisième ou quatrième album, là où les formations du genre trouvent souvent leur identité définitive.

 

"In Tears of Her Reign" est donc un album sympathique mais encore perfectible, où l’on ressent plus le potentiel que l’accomplissement. Un disque qui donne envie de les suivre, et pourrait plaire aux amateurs du genre ne connaissant pas encore tous les classiques. Et si ce n’est pas encore “leur” album, celui qui marquera un tournant… Il pourrait bien être le dernier pas avant la révélation.