Eluveitie - Ategnatos
Le combo suisse culte aura mis plus de temps qu'à l'accoutumée pour nous livrer ce très attendu nouvel opus. Suite aux départs d'Anna Murphy, Ivo Henzi et Merlin Sutter, Chrigel Glanzmann était un peu le seul maître à bord de ce qu'il restait du groupe. "Ategnatos" signifie renaissance et on comprend fort bien pourquoi au vu des événements !
Après nous avoir déjà prouvé que le nouveau line up du groupe était dans la droite continuité de l'ancien, tout en offrant à tous les membres de participer à la composition des morceaux, via leur dernier opus accoustique "Evocation II", Eluveitie revient donc avec leur premier album "normal" post-séparation. Eluveitie a choisi d’employer à nouveau Tommy Vetterli pour mettre en valeur la complexité instrumentale du groupe, assisté au mix par Jens Bogren (Arch Enemy, Opeth, Soilwork, At The Gates…). Ce choix s'avère évidemment payant tant la limpidité du son est évidente.
Mélangeant donc comme à son habitude le death mélodique à la suédoise à la musique traditionnelle suisse, le combo n'hésite pas à faire appel à Randy Blythe (Lamb Of God) pour le titre "Worship", un des plus bourrins de leur discographie. Mais cette violence est systématiquement nuancée par des passages ultra mélodiques que ne renierait pas Enya. On notera particulièrement le remarquable "Threefold Death" où la voix douce de Fabienne Erni contraste avec les futs déchaînés d'Alain Ackermann.
Mais le groupe ne tente pas contrairement à un Nightwish de trop rassurer ses fans quant à leur nouveau line up, en tentant un clone de leur oeuvre passée. En effet, il se sert de ses nouveaux membres pour expérimenter des choses qu'ils n'auraient jamais fait par le passé, n'hésitant pas à aller encore plus loin dans la pop qu'auparavant et tentant même des déviations vers le power metal. Le morceau "Breathe" par exemple ne manquera pas de déclencher des réactions très mitigées ! "Black Water Dawn" lui tente carrément le solo typiquement heavy metal traditionnel.
Si l'album est un poil trop long et donc par moments redondant, il n'en reste pas moins hyper bien produit, riche, varié, dansant, sombre, lumineux et heavy. Eluveitie prouve qu'il en a encore sous le coude et ne reste pas sur ses acquis, prend des risques tout en respectant son passé. Un album polyvalent sublimée par la nouvelle vocaliste Fabienne Erni, d'une rare perfection dans tous les styles abordés.