Fardeaux - The Den Has Become An Abyss
Alors que le Covid commençait à changer la face du monde en fin 2019, dans le Nord de la France, un certain P et un certain M (ne me regardez pas comme ça, ils sont crédités ainsi dans leur dossier !!) décident de fonder un groupe de Black Metal ! Et ils ont eu bien raison. D'autant plus que les 3 années qui ont suivi leur ont largement permis de peaufiner leur style et consolider ses fondations. Après quelques singles unitaires en 2021 et 2022, les 2 compères tentent donc l'aventure du premier album.
Avec un nom pareil et au vu du titre des chansons, on comprend tout de suite à quel genre de groupe on a affaire. Si vous avez passé une sale journée boulot et que votre femme vous a quitté avec le livreur Uber Eats, cet album sera idéal pour vous achever ! Fardeaux nous emmène donc dans un monde où la joie et la tristesse semblent ne pas avoir droit de citer. Ils se décrivent eux mêmes ainsi :
« le récit des âmes qui chutent inexorablement, au travers d’un passé qui resurgit de manière démesurée, merveilleusement horrifique, incompréhensible. Un calvaire que des entités effroyables entretiennent tour à tour pour les éloigner de la lumière et les plonger plus profondément dans leurs propres ténèbres ».
Vous avez compris ? On est pas ici pour parler de petites fleurs de m*erde, comme le disait le célèbre philosophe Glen Benton de Deicide !! Les blast, la double pédale et les grunts sortis tout droit de l'Enfer achèvent de mitrailler l'auditeur, tout en lui laissant le temps de se remettre aux travers d'intros plus mélodiques, ou de breaks lancinants. Quelques sonorités plus "ancestrales" donnent un cachet mystique à ces passages "doux", chose qu'on retrouve par d'autres types de chants, plus folkloriques, parsemants chaque morceau, mais sans jamais virer pagan. On reste sur du black metal, avec des riffs prenant tout l'espace sonore, mais qui n'hésitent pas à s'accompagner de mélodies et de passages dissonnants, pour un effet expérimental.
Etonnamment pour le style, surtout pour un premier album, le son est parfaitement clair, sans pour autant sonner propre (vous saisissez ma nuance ?), on distingue chaque instrument. P s'occupe du chant, de la guitare et de la basse (j'imagine donc que le gars a 4 bras, peut être est-ce pour ça qu'on ne voit pas sa photo ?), tandis que M est à la batterie (mais apparemment c'est pas Mathieu Chedid), mais ils sont rejoints par quelques guests. Patrick Lebecq d'Amethyste vient poser son solo de gratte sur le titre "Siéger Sur Le Trône De La Honte Et Du Mépris" et Nicolas Cornet de Balance of Terror et Critic en fait de même sur les pistes "Traitor" et "Aube Dernière".
Si je n'ai aucune idée des paroles des chansons, il est en revanche évident que musicalement, il y a une vraie continuité musicale sur cet album, qui lie chaque morceau entre eux, comme les différents chapitres d'une histoire. La colère et le désespoir se succèdent pour laisser la place au nihilisme. Ce n'est pas très varié, mais ça a le mérite d'être raccord. Le premier morceau me semble trop étiré pour ce qu'il a à proposer, mais les 6 autres ont des durées raisonnables oscillants entre 5 et 6 minutes, ce qui est parfaitement dosé pour la succession d'ambiances de chaque morceau. Ce n'est pas l'album que moi j'écouterais en boucle, le trouvant trop redondant d'un morceau à l'autre, en revanche il est certain qu'il plaira à beaucoup, c'est carré, bien produit et fait parfaitement le taff ! Pour les fans de Deathspell Omega, Blut Aus Nord, Ulcerate, Misþyrming, Funeral Mist, Dodheimsgard ou Abigor.