[INTERVIEW] Firefrost et Chris In Lust de Sinlust pour la sortie de "Sea Black"
Coup de coeur de la rédaction et véritable bourasque digne d'un épique froid Norvégien, "Sea Black", le second album des Bretons de Sinlsut méritait que l'on questionne les membres du groupe sur la conception de cette piéce maitresse du black metal mélodique. Ce sont donc Firefrost (chant) et Chris In Lust (guitare) qui ont bien voulu répondre a nos questions.
Présentez-nous le parcours de Sinlust.
Firefrost : Nous sommes un groupe Breton de black metal épique, fondé en 2008 par Chris In Lust, guitariste membre fondateur, que j’ai vite rejoint à la batterie.
Après des heures de dévouement à notre art noir, notre premier album "Snow Black "a vu le jour en 2011 (autoproduction, 100 exemplaires). Il s’agissait d’un concept album relatant une histoire de dark fantasy, que j’ai décidé de coucher par écrit. Ainsi est né "Noire Neige," un roman de 400 pages, publié en 2014 chez Nats Editions sous le nom de plume Nicolas Skinner.
En 2013, je suis passé au chant, tandis que Infernh à la batterie et Rain Wolf à la basse ont achevé de constituer notre line-up, stable depuis lors.
En 2015, armé de 8 nouveaux morceaux, nous avons pris la direction du Slab Sound, le studio metal Breton le plus connu. Le producteur Gwen Kerjan a réussi à transcender notre second assaut musical d'une manière inespérée : il nous a vraiment poussés vers le haut en nous permettant de donner le meilleur de nous même au moment de l’enregistrement, puis ensuite lors du mix et mastering en faisant sonner "Sea Black" de façon sublime.
Côté artwork, nous avons choisi de faire appel en 2016 à Above Chaos pour la pochette de "Sea Black". Le résultat parvint à illustrer avec finesse l’aspect à la fois épique et sombre de l'album.
Enfin, en 2017, Sea Black est signé chez M&O Music pour une distribution internationale, et Solstice Promotions s’occupe de la promotion.
L’influence Immortal reste la plus présente dans la musique de Sinlust. A quelle point celle-ci est importante et a quels sont les autres groupes qui ont aidé à forger l’identité musicale de Sinlust ?
Firefrost : Cette influence est indéniable, mais je la trouve bien moins présente dans "Sea Black" que dans notre premier album "Snow Black". Par exemple, il y a désormais plusieurs couches de guitares, ce que ne pratique pas Immortal. Je pense également que notre musique est bien plus progressive. Cela dit, cette référence nous honore en un sens, car nous sommes tous adepte de la musique d’Immortal.
Concernant nos autres influences, au moins aussi grandes qu’Immortal sinon plus, je pense que l’on peut citer Gorgoroth et Mayhem parmi les plus connus, mais aussi Arkona (PL) ou Batushka pour l’aspect moderne de leur black metal, et même Opeth pour l’aspect progressif et les passages plus nuancés en guitare clean ou acoustique.
Sea Black poursuit donc l’histoire contée sur l’album précédent Snow Black et qui a également donné naissance au roman Noire Neige écrit par Firefrost. Peux-tu nous donner des détails sur celle-ci afin d’aider l’auditeur à se plonger dans Sea Black ?
Firefrost : Tout à fait, notre projet est vraiment à double facette, à la fois musical et littéraire.
Notre premier album "Snow Black" était un concept album : les paroles de chaque morceau relataient en quelque sorte le chapitre d’une histoire complète, basée sur le concept de neige noire. Cette idée de neige noire m’est venue alors que nous donnions des noms provisoires aux morceaux, car nous travaillons toujours l'instrumental d'abord ; les paroles viennent en dernier. L'un d'entre eux était lent et très black metal, je l'avais alors provisoirement nommé "Slow Black". Ce qui, en changeant une lettre, donne... vous avez deviné.
J’ai vite trouvé ce concept de neige noire très séduisant, car à la fois poétique, évocateur et sombre, et surtout inédit. De là, nous avons imaginé une histoire dans un contexte médiéval où apparaîtrait cette neige noire. Après l’enregistrement de "Snow Black", je me suis dit qu’il serait intéressant de coucher proprement cette histoire par écrit…
Ainsi est né "Noire Neige", après un an et demi de travail. Il s’agit d’un roman de dark fantasy ancré dans un contexte médiéval à la fois sombre et réaliste. Réaliste, car l’action est portée par des personnages humains. Il y a bien sûr des éléments fantastiques (magie, créatures, etc.), mais ils sont en trame de fond plutôt que sur le devant de la scène. Et sombre, car l’ambiance est noire et souvent oppressante. Les scènes violentes sont décrites dans le détail et lorgnent du côté de l’horreur et l’épouvante. Enfin, en tant que breton, j’apprécie tout ce qui est contes et légendes, et j’ai donc pris soin d’intégrer un folklore assez riche dans l’univers développé.
Cette histoire prend-elle fin sur "Sea Black" ? Ou une nouvelle œuvre noire sur le thème est-elle à venir ?
Firefrost : Très bonne question ! De même que l’histoire de Snow Black, celle de Sea Black se termine sur une fin ouverte. L’arc narratif principal est refermé, mais des sous-intrigues restent ouvertes et laissent entrevoir la possibilité d’une suite.
Il aura fallu attendre quasiment 6 ans aux premiers fans du groupe pour découvrir ce nouvel album. Pourquoi une sortie aussi espacée entre "Snow Black" et "Sea Black" ?
Firefrost : Une première raison est que je suis parti vivre à l’étranger entre 2011 et 2013, ce qui a quelque peu mis en veille le groupe, même si je continuais à travailler un peu à distance avec Chris, via des riffs qu’il enregistrait et sur lesquels j’ajoutais de la batterie programmée.
Une autre raison est que nous avons choisi de prendre notre temps pour peaufiner Sea Black à l’extrême, jusqu’à sa pleine maturité musicale, afin de tirer le meilleur de ses compositions, que l’on souhaitait ciselées dans leurs moindres détails.
Enfin, il a fallu également compter le temps de trouver un label. Il s’est écoulé près de 2 ans entre l’enregistrement au Slab Sound Studio et la sortie de l’album chez M&O Music…
Est-ce cet écart qui aurait permis d’avoir un Sea Black moins cru et plus mélodique que Snow Black ?
Chris in Lust : Cet écart si long n'était pas prévu. "Red Priestess" et "Sea Conquerors" qui ouvrent "Sea Black" ont été composées dans la foulée du 1er album. Il s’agit de chansons longues et « raw », crues, des suites de riffs différents, des calmes et des plus massifs, tout ça sans deuxième guitare mélodique à l’époque, pour un rendu direct et cru. Mais le temps a passé, et l'écriture s'est développée, les arrangements se sont multipliés, les breaks, les mélodies et les ambiances se sont installés et chaque chanson a bénéficié d'une réécriture, d'inspirations d'horizons variés.
Firefrost : Exactement, ce qui a permis de d’établir une cohérence sur tout l’album, et d’apporter un soin identique à chaque morceau.
Un clip extrait de Sea Black est-il à venir ? Les plages Bretonnes pouvant se prêter fortement au décor ou l’amarrage d’un navire pour une vidéo de Sinlust.
Firefrost : C’est très juste ! La réalisation d’un clip est en effet envisagée, mais nous ne pouvons pas trop en dire plus pour l’instant.
Snow Black étant une autoproduction et une part importante dans le début du concept complémentaire entre les deux albums, une réédition pourrait-elle être envisagée ?
Firefrost : C’est effectivement une idée que nous avons en tête. Plusieurs personnes séduites par Sea Black nous ont demandé si elles pouvaient se procurer Snow Black, mais tous les exemplaires ont été écoulés. La demande existe donc.
Maintenant, si cette réédition est envisagée, cela ne fait pas partie de nos priorités dans l’immédiat. À noter que Snow Black est en écoute libre intégrale sur Bandcamp et sur notre site officiel.
Et l’histoire de Sea Black pourrait elle aussi être de nouveau déclinée en roman ?
Firefrost : Exact ! Le roman relatant l’histoire de Sea Black, qui s’appelle donc Noire Mer, est sorti le 5 juin 2017, toujours chez Nats Éditions. C’est également un roman de 400 pages de dark fantasy. Il s’agit donc la suite de Noire Neige, mais il est à noter que j'ai écrit Noire Mer de sorte qu'il contienne toutes les clés nécessaires à sa compréhension. Selon moi, il n'est même pas nécessaire d'avoir lu Noire Neige pour comprendre et apprécier Noire Mer. Je pense qu'on peut dans ce cas considérer Noire Neige comme un préquelle, que l'on pourra lire ensuite.
Pour revenir rapidement sur l’influence importante d’Immortal et Sinlust en étant un digne successeur, qu’avez-vous pensé de la séparation entre Abbath et le reste du groupe ?
Chris in Lust : Bien que l'album solo d'Abbath (dont le son de batterie nous a plu, si mat, si organique) soit une suite cohérente d'Immortal, comme l'était le projet "I", nous aurions aimé pouvoir écouter un autre album avec Hörgh à la batterie, dans la lignée d'"All Shall Fall". Nous apprécions beaucoup l'ère moderne d'Immortal commencée avec "At The Heart Of Winter" même si notre style n'est plus dépendant du leur mais bien plus personnel. J'ai cru comprendre que la séparation d'Immortal ne s'est pas faite dans les meilleures conditions entre Abbath et Hörgh, c'est dommage.
Firefrost : En ce qui nous concerne, il est à noter que nous ne nous positionnons pas en tant que successeur d’Immortal. Tout d’abord, ce serait bien prétentieux de notre part. Et ensuite, si nous ne renions pas l’influence indéniable d’Immortal sur Sinlust, en particulier concernant notre premier album Snow Black, cette influence demeure à part égale avec d’autres groupes en ce qui concerne Sea Black, dont les plus connus sont cités plus haut.
Pour ce qui est de leur séparation, je la trouve aussi très dommage, mais pour moi Immortal est un groupe culte qui restera à jamais… immortel.
Des dates de concerts à venir ?
Chris in Lust : Nous serons au Hell Sessions mercredi 14 juin à Clisson, en amont du Hellfest. Nous jouerons aussi le samedi 11 novembre à Brest (date à confirmer).
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