[INTERVIEW] Nicolas Pélissier k de Seyminhol pour la sortie de "Ophelian Fields"
Peux tu nous présenter votre nouvel album "Ophelian Fields" ?
"Ophelian Fields" est la suite direct de notre précédent album qui s'appelait "The Wayward Son". C'était un double album de metal symphonique à tendance progressive retraçant l'histoire de la pièce Hamlet de Shakespeare jusqu'à la mort des protagonistes. Ce deuxième opus est un album plus court exclusivement centré sur le personnage d'Ophélie. Ca parle de toute sa tragédie, sa mort, l'amour qu'elle porte à Hamlet. On a volontairement fait un album plus court, car les textes s'y prêtaient, on a donc synthétisé la chose.
Y'a t'il d'autres oeuvres qu'Hamlet qui vous influencent ? Avez vous déjà envisagé des albums parlant d'autres oeuvres ?
Par rapport à Shakespeare, on va en rester là car Hamlet était l'oeuvre qui nous parlait le plus. Ca ne veut pas dire que d'autres de ses pièces ne nous plaisent pas, comme MacBeth. Simplement Hamlet, on l'avait en tête déjà depuis 2009, à la place de l'album qu'on avait sorti cette année là "Ov Asylum". Faute de temps, on n'avait pas pu le faire à l'époque, notamment à cause de nos vies de famille. C'était vraiment Hamlet qui condensait toute l'oeuvre de Shakespeare et qui de mon point de vue se retranscrivait le plus facilement en musique avec son découpage en actes. Le prochain album ne sera pas une adaptation d'oeuvre littéraire pré-existante, par contre Kevin est carrément en train d'écrire une nouvelle liée à l'album. Donc on reste dans le domaine littéraire mais ça sera encore plus ambiancé.
Quel a été ton parcours musical avant de joindre Seyminhol ? As tu d'autres groupes à côté ?
J'ai la chance d'avoir un père musicien donc j'ai commencé la guitare à l'adolescence. Vers le bac, j'ai rejoins un groupe de reprises "métalliques", je chantais en plus de la guitare. De là, j'ai eu la chance de rencontrer Kevin, y'avait une pause dans Seyminhol. On a fondé un groupe de prof pur, inspiré par Superior (groupe allemand en vogue à l'époque qui n'existe plus). Kevin a été séduit par ce que je pouvais écrire. Du coup dès qu'ils ont reformé Seyminhol, ils ont pensé à moi et notre groupe de prog s'est arrêté. Avec Kevin on s'est plus lâché. Parallèlement, je suis bassiste dans un groupe de prog pur qui s'appelle Symakya avec le guitariste d'Elvaron et Akroma. J'ai rejoins le groupe qui existait déjà. Mathieu Morand écrit le prochain album, auquel je ne participe que modérément, j'apporte surtout mes idées à la basse. Ce sera plus heavy que Seyminhol.
Y'a t'il des musiciens qui t'ont particulièrement influencé dans ton jeu ?
C'est délicat car je ne suis pas un grand technicien de la guitare. J'adore John Petrucci, pas très original, et aussi le guitariste de Freak Kitchen. Ils ont une telle maîtrise de leurs instruments qu'ils peuvent se permettre des choses folles. Mais tu remarqueras que ce n'est pas du tout mon style de jeu ! Mais s'il ne devait y en avoir qu'un, ce serait Rondat, j'aime sa versatilité, je le suis depuis 15/20 ans.
Comment se passe la composition d'un album de Seyminhol ? C'est un groupe avec un leader qui donne une ligne directrice ? Ou est ce une collaboration de chaque membre ?
C'est une démocratie, tout le monde pose sa pierre à l'édifice, mais avec 2 têtes pensantes. C'est Kevin qui établi une ligne directrice complète, une trame très précise, avec les ambiances par écrit. Et à partir de là je commence à composer et je donne aux autres membres du groupes. Si quelque chose ne leur plait pas ou qu'ils veulent modifier, ils proposent leurs idées.
Depuis ses débuts, Seyminhol a brassé pas mal de styles différents. Y'a t'il d'autres genres qui vous tenteraient d'essayer ?
C'est une évolution naturelle. J'ai rejoins le groupe en 2002 pour l'album "Northern Recital" et avant c'était un autre compositeur, donc c'était assez différent, ça lorgnait plus sur du hard rock/heavy metal. A partir du moment où je les ai rejoins, j'ai apporté ma patte prog et symphonique, car je suis arrivé en tant que claviériste. La transition s'est donc faite en douceur entre heavy metal et prog metal, car je suis un grand fan de prog depuis le début. Les autres membres du groupes me temporisaient justement sur mon côté prog, les variations de tempos... D'où la mutation progressive pour arriver à ce qu'on fait sur "Ophelian Fields" voir sur le prochain album. Il n'y aura plus aucune limite, on pourra mettre du jazz (ce qu'on a déjà fait par touches), de l'electro... Mais y'aura toujours notre patte. Déjà parce qu'il y a la voix de Kevin assez particulière.
Sur Ophelian Field, vous avez collaboré avec divers artistes, y'en a t'il d'autres que vous avez envisagé ? Ou avec qui vous aimeriez collaborer à l'avenir ?
On n'a pas spécialement cherché en fait, les artistes nous ont généralement contacté d'eux mêmes, comme Marion. Ou alors ce sont aussi des chanteuses qu'on connaissait déjà comme Mélissa, qui est une amie du groupe avec qui on avait déjà joué en Suisse, elle est donc souvent sur nos albums. Par contre l'album actuel ne se prêtait pas à des guests comme Joe Amore comme le précédent. On se voyait donc mal mettre le paquet sur les guests pour quelque chose qui n'apportait de plus value ni pour nous ni pour l'artiste. Pour le prochain, je n'y ai pas encore pensé. Mais je suis très ouvert, pourquoi pas un guitariste manouche ? Ce sera donc peut être des guests inconnus du metal, car l'album sera plus ouvert musicalement.
Le groupe a connu pas mal de changements de line up depuis sa création. A part Kevin, tu es le plus ancien membre je crois ? Comment parvenez-vous à conserver une cohésion au sein du groupe ? Notamment pour ce qui est de réinterpréter les anciens morceaux sur scène.
Comme c'est les mêmes compositeurs, ça ne change pas tant que ça. En revanche les goûts des musiciens interprètes approtent leur touche. Pour ça qu'il y a plus de touches thrashs alors qu'avant c'était plus heavy. Après les membres qui sont pas parti, on est en bons termes, il n'y a pas eu d'engueulade, ils avaient des raisons personnelles. On a d'ailleurs fait un concert de St Patrick avec des anciens de Seyminhol, comme Julien notre ancien batteur. Ce sont justement ces apports de nouveaux musiciens venant d'horizons différents qui permettent au groupe d'évoluer. Par rapport à ce qu'on faisait il y a 10 ans, le groupe est différent. Mieux ou moins bien, ça ça dépend du goût des gens. On fait l'effort d'évoluer en prenant en compte les sensibilités des musiciens, les changements de line up sont bénéfiques au groupe.
Votre dernier clip est très cinématographique, tu peux nous en parler ?
On a la chance d'être bien entouré par des gens qui nous suivent et croient en nous. Le réalisateur est un ami du groupe de très longue date. C'est lui qui avait réalisé le premier album du groupe vers 96, il était photographe à ses heures perdues. Il a ensuite quelque peu laissé de côté l'enregistrement pour la vidéo et la photographie. On a repris contact en 2015, il avait été scotché par l'évolution du groupe et lui aussi était intéressé par le sujet d'Hamlet. Ainsi il avait plein d'images en tête et nous a proposé ce côté cinématographique qui nous manquait jusque là. On n'avait jamais fait de clip. Il nous a donné la possibilité de le faire dans des lieux majestueux, c'était une super expérience. C'est le cas aussi pour des amis qui font des vidéos, Seyminhol c'est une grande famille !
-Quels sont tes goûts musicaux en dehors du metal ? Est ce que ça t'influence aussi dans ton jeu ?
Mes goûts sont très larges ! Ca va du classique, j'adore l'Opéra, comme Faust. J'aime le jazz à l'ancienne et le jazz rock. Le pop rock aussi. J'ai un peu plus de mal sur le rap par contre, même si y'a eu des vieux groupes qui restent. Je suis aussi un grand fan d'electro qui a une puissance similaire au metal. J'aime bien en mettre dans ma musique, comme Rammstein qui a un peu démocratisé le mélange electro-metal. J'adore les crossovers, les mélanges de style.
Y'a t'il des artistes que tu aimerais reprendre, façon Seyminhol ?
On s'est déjà prêté à cet exercice là, avec Final Countdown d'Europe façon Seyminhol. On l'avait monté à plus de 150 BPM, en plus musclée sur scène. Mais sinon on ne pense pas trop aux reprises, car on essaye de vanter nos talents de compositeurs et c'est toujours délicat de reprendre une chanson déjà bien à l'origine. Mais sinon j'adorerais reprendre le groupe A-ha, mais je crois que Kevin ne serait pas très d'accord. Take On Me, version prog. J'ai pas lâché l'affaire, j'essaye de la retravailler pour lui faire accepter.
Un petit mot pour la fin ?
Je tenais à te remercier ! Je trouve les questions pertinentes car on n'a pas forcément pu s'expliquer là dessus, sur la brièveté de l'album. Mais en fait, on n'avait même pas prévu de faire un album aussi long. On pensait juste faire 2 ou 3 titres. On attaquera les concerts vraiment à partir de la rentrée. Le 12 mai à Toulouse, une surprise début juin, mais sinon à la rentrée vers Nantes, Nevers... On bouge en fonction des dispos.