Otep - Generation Doom
Attachante et guerrière Otep Shamaya. On la découvre en 2002, en pleine furie Nu-metal avec "Sevas Tra", un album impressionnant, chargé de négativité cathartique où Otep se purge de ses traumas d'enfance avec une rare violence, on se souvient de titres aussi enragés que "Blood Pigs", "My Confession" ou "Possession". Bien que très ancré dans le flux de la production de l'époque sous influence de Korn, "Sevas Tra" se démarquait par le charisme de sa chanteuse si puissante vocalement, enchaînant avec facilité le growl ultra agressif, les susurrements détraqués et les parties orientées hip-hop au flow déconcertant.
Suivront de bons albums dans la même lignée comme "House of Secrets", "The Ascension", "Smash The Control Machine"... où Otep continuera d'explorer la part malsaine et sombre de sa vie et la violence des dérives de son pays d'origine avec des titres saturés émotionnellement, d'une rage parfois étouffée, souvent frontale et libératrice. L'artiste revient en 2016 lookée Furiosa du dernier et brillant Mad Max Fury Road avec une énergie et un message inchangés : dénoncer un complexe militaro-politique qui asservit et détruit la vie humaine et au passage continuer sa propre introspection.
Construit dans l'idée de bousculer les consciences, dénoncer l'injustice, glorifier la rébellion par l'Art, Doom Generation le septième album de Otep s'ouvre sur un très puissant "Zero" où le jeu de batterie du nouveau venu Brian Wolff impressionne d'entrée par sa partie martiale brutale couplée aux hurlements de Otep Shamaya ! La quatrième piste vous surprendra, c'est une reprise du "Royals" de Lorde à la sauce métal bien énervé, et le résultat est plutôt relevé. Ressortent des titres engagés comme "God Is A Gun" et "Doom Generation" où les prouesses de la chanteuse s'enchaînent, véritable locomotive de chaque chanson, les compositions étant entièrement construites autour de ce vecteur vocale de colère, d'affront et de haine.
Otep reste Otep, toujours aussi efficace dans un genre nu-metal pourtant agonisant, très américain dans sa production et ses propos. "Doom Generation" séduira sûrement ceux qui sont là depuis le début et aime le groupe, les auditeurs réfractaires à la structure du Nu métal, sa rythmique simplifiée et son chant si caractérisé entre hip-hop et métal passeront sûrement leur chemin. Peut-être limité par son genre, on attend aussi qu'Otep fasse sauter ses carcans musicaux pour explorer d'autres voies, le talent et la personnalité incandescente d'Otep Shamaya se prête à plus de créativité et d'exploration.