Svart Crown - Abreaction
Après un "Profane" plutôt réussi, c'est au tour de "Abreaction", quatrième album studio du groupe niçois de faire parler la poudre. Toujours dans un registre black death torturé et lourd, le groupe nous a concocté ici un album sombre et écrasant avec de multiples changement de rythme et une ambiance malsaine à souhaits. "Golden Sacrament" se charge d'ouvrir le bal avec une introduction mélancolique sur un mid tempo bien maitrisé. Le chant de JB est d'abord chuchoté et cela accentue le coté mélancolique pour ensuite gagner en intensité jusqu’à atteindre un niveau de violence raisonnable. Ce chant me rappel Anaal Nathrak même si celui de JB est beaucoup moins puissant, il n'en demeure pas moins démoniaque et certaines parties sont tout simplement hallucinantes. La compositions des riffs me rappelle aussi ce groupe et même si les deux rouleaux compresseurs n'officient pas dans la même catégorie, ils partagent tout de même de nombreux point communs.
"Carcosa" déboule ensuite avec l'objectif de faire monter la pression d'un cran. C'est un déluge de riff et de blasts énervés qui succèdent à la mélancolie du précédent titre. D'un seul coup on s'écarte un peu du black atmo pour lorgner sur un death à tendance brutale avec d'excellente partie de batterie signées Kevin Paradis (Mithridatic, Agressor...). Le jeune garçon est un véritable tueur et fait preuve d'une excellente maitrise des différentes techniques. Il est aussi bien à l'aise lors des blasts frénétiques que sur le mid tempo qui arrive souvent et qui contraste à mort. Il est assurément un atout de taille pour la formation et son jeu couplé à une basse groovy as fuck ("Transsubstantiation", finale de "Golden Sacrament"...) de Ludovic en font l'une des toutes meilleures composition rythmique du style. Le travail et le soin apporté à la composition des riffs est aussi l'un des éléments de réussite de ce disque. Il n'y a qu'à écouter "Carcosa" ou le terrible "The Pact: To The Devil His Due" pour se rendre compte du travail fourni par JB et Kevin. Les trémolos sont bien maitrisés et hyper abrasifs, les riffs bien exécutés et les bends sont à vous tordre le cou et l'esprit.
Alors pour être honnête, je suis un peu moins réceptif concernant les ralentissements. Il ne sont pas mauvais loin de là, mais ils sont peut-être un poil trop nombreux et auraient un certaine tendance à casser l'ambiance. C'est peut être un idée que je me fais, mais par moments le temps semble long quand le groupe ralentis au maximum le rythme pour accentuer l'ambiance black alors que de l'autre côté ils assure à tous les autres niveaux. Quand ça blast en death bien brutal ils excellent ("Orgasmic Spiritual Ecstasy") et même sur les son plus heavy comme sur la fin de "Upon This Intimate Madness" l'ambiance et le groove est là. Le disque avoisine l'heure d'écoute, aussi j'aurais peut-être fais le choix à leur place de retirer les interludes ou de raccourcir les passages trop lents, cependant je n'ai pas la prétention d'être artiste (encore moins de cette trempe) et je n'oublie pas qu'avant tout le disque est à l'image de ce que les créateurs veulent nous faire découvrir. De plus le disque sonne beaucoup plus personnel et l'authenticité est à mon sens un des critères incontournable qui fait qu'un disque est réussi ou non (à mon humble avis).
On garde le meilleur pour la fin et c'est "Nganda" qui s'y colle. Toujours dans le même registre, à cela près que ce dernier se veut beaucoup plus mélodique que les autres, et là encore c'est une réussite, le groupe nous montre qu'il sait tout faire ou presque et qu'il est à l'aise dans toutes les situations. C'est aussi sur ce titre que j'ai trouvé le chant de JB au meilleur de sa forme. Alternant entre growl profond et puissant pour ensuite partir dans un chant crié d'écorché vif, l'authenticité dont je vous parlait c'est aussi ça et c'est celle qui vous hérisse les poils quand vous écoutez a dans votre plumard les yeux fermés dans le noir total. Encore une fois le jeu de Kevin Paradis est à saluer ainsi que celui des différents instrumentistes tous à leur apogée sur ce dernier titre.
On tient ici une galette de premier choix avec un excellent travail de composition et d'interprétation. Même si je suis moins fan des ralentissements, je ne peux que vous le conseiller tant il regorge de pépites. Une production au top et un artwork sympathique inspiré du voodoo africain à la manière d'un "Roots" de Sepultura et toujours signé Stefan Thanneur à qui l'on doit également l'artwork de "Profane" et "Witnessing The Fall" mais aussi ceux de "Chaos Echoes". Je vous conseille d'ailleurs vivement d'aller faire un tour sur son site internet.