Moonreich - Amer

Ne vous faites pas avoir en regardant le nombre de pistes. Malgré ses seulements 5 chansons, "Amer" n'est pas un E.P. mais bien un album, de près de trois quarts d'heure. Ce qui vous laisse imaginer la durée des morceaux ! Cette nouvelle production des Acteurs de l'Ombre prouve encore une fois que leur réputation n'est pas usurpée et on a à nouveau droit à un chouette album de Black Metal Français.

 

Créé il y a déjà 15 ans, Moonreich nous propose ici son 5ème album, 5 ans après le précédent "Fugue" et un E.P. en 2019. Comme d'habitude, ils ne déçoivent pas, garants d'un Black Metal froid et oppressif qui sans changer radicalement de formule à chaque album est plutôt partisan du changement (léger) dans la continuité. Le rythme semble un peu plus lent depuis que je les ai découvert avec leur opus "Pillars of Detest", mais sans que ça ne trahisse une quelconque fatigue, au contraire, cela semble plutôt relever d'une volonté de créer une ambiance malsaine plus sournoise.

 

Ce côté plus "ambiant" (toute proportion gardée) saute aux yeux sur le premier morceau "Of Swine and Ecstasy" et son sample lancinant noyé par des cris d'outre tombe. Il faut attendre le deuxième titre, l'éponyme "Amer" pour retrouver un côté plus brutal dans les riffs et les blast. Un morceau plus old school à la rage presque punk qui justifie à lui seul l'album. On comprend pourquoi ce titre lui a été donné. "Where We Sink" continue dans cette veine avec sa rythmique dévastatrice, qui trouve néanmoins le moyen d'adoucir légèrement le propos par quelques passages clairs. "Astral Jaws" poursuit le carnage avec des passages dissonnants qui déstabilisent l'auditeur avant de l'achever avec son morceau fleuve final de 13 minutes "The Cave of Superstition".

 

A l'exception de "Where We Sink" qui a une durée standard pour le genre de 5 minutes, tous les titres sont longs, aux alentours de 8 minutes, et le final encore plus, comme pour mieux synthétiser toutes les idées qu'on trouve dans le disque. Un épilogue assez grandiose qui sonne comme une litanie mortuaire. Mais ici la durée des morceaux ne les rend pas interminables, comme certains groupes qui font durer artificiellement les morceaux en répétant juste 150 fois le même riff. Chez Moonreich, les morceaux ont la durée nécessaire pour poser une ambiance, la faire évoluer afin d'insuffler diverses émotions. Peu importe le texte, just en écoutant la musique et en voyant le titre d'un morceau, on comprend, et on est transporté, parfois noyé, dans un torrent de haine dont on ne ressort pas indemne.

 

Avec ce cinquième album, Moonreich fait évoluer son black metal. Toujours aussi méchant et brutal, mais plus atmosphérique et varié en rythmiques. L'album sonne à la fois clair et sale, moderne et old school dans son approche dissonante de la musique. Une expérience auditive éprouvante mais souvent jouissive qui malgré la longueur des morceaux réussi le pari de ne pas ennuyer. Un groupe phare de la scène black Française, avec lequel il faut toujours compter !