Behemoth - The Shit ov God

Trente ans après leur premier album, la bande à Nergal est de retour avec un 13ème opus, 3 ans après un "Opvs Contra Natvram" qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. Pour tout dire, même si j'ai bien apprécié celui d'encore avant "I Loved You At Your Darkest", je n'ai plus adoré d'album de Behemoth depuis le brillant "The Satanist", en 2014. Ca commence à dater.

 

J'ai commencé à écouter Behemoth encore 10 ans avant cela, avec "Demigod", découvert grâce aux samplers d'Hard n Heavy, et j'ai toujours apprécié que même dans un style aussi cliché et balisé que le metal extrême satanique, ils aient réussi à trouver leur son unique. La technicité du death et l'atmosphère oppressante du black ont rarement été aussi bien mélangés depuis Dissection. En plus, Behemoth a l'avantage d'être relativement varié pour le style, du coup on ne sait jamais trop à quoi s'attendre exactement. Chaque album a sa saveur, expliquant pourquoi je trouve d'ailleurs leur discographie plutôt hétérogène.

 

J'avais trouvé qu'"Opvs Contra Natvram" était trop long par rapport à ce qu'il avait à dire et aurait gagné en efficacité à être un E.P.. Manifestement Nergal m'a entendu, "The Shit ov God" ne dure que 38 minutes, pour 8 titres. Ce qui est plutôt court au regard de leur albums précédents. Néanmoins, la débilité du titre de ce nouvel opus m'avait un peu refroidit. Avec la cinquantaine, je pensais Nergal plus mature. Et si je ne m'attendais pas à ce qu'il aborde d'autres thèmes, Behemoth ne va pas changer au bout de presque 35 ans d'existence, "The Satanist" avait démontré qu'on pouvait encore aborder un thème aussi éculé que l'anti-christianisme de manière intelligente. Alors certes on pourrait parler de provocation, m'enfin à la cinquantaine passé, proposer un titre digne d'un ado rebelle... Honnêtement critiquer le christianisme n'a plus rien de rebelle en 2024, il y a largement plus subversif à dénoncer, ce n'est pas le Christianisme qui tue en Europe Nergal...

 

Mais bon, comme on dit "de toute façon on comprend rien aux paroles" ! Alors laissons tomber les analyses textuelles, qu'en est il du plus important : la musique ? Moins caricatural que le précédent album (contrairement à ce que peut laisser penser son titre), "The Shit ov God" n'en reste pas moins grandiloquant, un poil pompeux par moments, mais plus efficace, direct et rentre dedans. Ca blaste comme il faut, on a droit à quelques riffs martiaux du plus bel effet sur "The Shadow Elite", le morceau éponyme lui sera plus symphonique, "To Drown The Svn In Wine" assure avec son chant féminin maléfique, "O Venvs, Come" rappelle leur morceau "O Father O Satan O Sun" de "The Satanist", "Avgvr (The Dread Vvltvre)" concluera lui l'album sur une note plus atmosphérique et mystique.

 

Avec ce treizième opus, Behemoth qui a manifestement fait le tour de son sujet, nous offre néanmoins un album musicalement très bon, plus court et incisif, qui ne cherche moins à faire du démonstratif. Si "The Shit ov God" n'est pas dans mon top 5 de Behemoth, il s'agira néanmoins selon moi de leur meilleur album depuis "The Satanist". En se concentrant sur l'efficacité, ils évitent les errances de leur précédent opus, quitte à sacrifier toute originalité. Mais dans un style aussi restreint que le "black death satanique", c'est déjà franchement excellent de pouvoir nous livrer un album aussi varié niveau ambiances, et de qualité. Je le réécouterais avec plaisir et pourrait aussi bien le conseiller aux fans du groupe qu'aux néophytes. Mais bon, c'est encore un énième groupe où je vais occulter les paroles pour me concentrer sur la musique !