Titan - Lacrimæ Mundi
Je vais être honnête : Titan, je ne connaissais pas. Mais alors pas du tout. Un vrai trou dans ma culture heavy française. Et je regrette, parce que leur nouvel album, "Lacrimae Mundi", m’a mis une claque de celles qu’on n’attend pas. Le genre de disque qui te fait dire « ok, comment j’ai pu rater ça ? ».
Old school dans l’âme, moderne dans la production, avec un chant qui m’a accroché direct… Bref, j’ai fini par remonter toute leur histoire, et c’est là que j’ai compris : Titan, c’est un groupe né en 1981, disparu pendant trente ans, et qui revient aujourd’hui avec une formation presque entièrement renouvelée. Pas un retour nostalgique : une vraie réinvention.
En écoutant les deux premiers albums des années 80, on comprend mieux le contraste. L’époque, c’était heavy traditionnel, riffs speed, voix héroïque et très “française” de Patrice Le Calvez. L’énergie était brute, un peu rugueuse, mais pleine de caractère. Aujourd’hui, avec Peio Cachenaut au micro, le chant est différent : plus nuancé, plus théâtral, avec cette capacité à faire passer une palette d’émotions qui me parle vraiment. On sent qu’on a changé de dimension, et pas seulement parce que la production est moderne : il y a une vraie vision derrière ce nouvel album.
Les influences sont là, mais transformées. Oui, on retrouve la puissance du heavy traditionnel français, un peu de thrash par moments, mais aussi des touches plus progressives et psychédéliques dans certaines parties. Peio lui-même cite Bruce Dickinson et Mike Patton comme inspirations vocales, et ça s’entend : il joue sur les nuances, les contrastes, les ambiances. L’album conserve ce côté old school qui nous rappelle le Titan d’antan, mais on sent une volonté claire de parler à notre époque.
Et justement, dans les paroles, ça ne rigole pas. Lacrimae Mundi signifie “les larmes du monde”, et ça se ressent : désenchantement, apocalypse sociale, technocratie, guerre, ruines… mais toujours avec une symbolique forte et réfléchie. On trouve des références mythologiques comme Prométhée, de la mélancolie, de l’introspection, et une vraie volonté de provoquer une réaction chez l’auditeur. Ce n’est pas du prêche, c’est un miroir tendu vers notre monde, avec des images puissantes et souvent inquiétantes.
Si on replace Titan dans le contexte de la scène heavy française actuelle, c’est intéressant. Pendant leur absence, des groupes comme Mass Hysteria, Gojira, Nightmare, Pleymo ou AqME ont occupé l’espace, chacun à leur manière. Aujourd’hui, Titan revient avec un son qui tient tête aux vétérans toujours actifs comme Sortilège, ADX, Nightmare, ou même Trust. Mais ce qui fait la différence, c’est la réinvention : ils n’essaient pas de copier le passé, ils le réinterprètent. Titan 2025 n’est pas nostalgique, il est crédible, actuel, et reste profondément heavy.
En résumé, "Lacrimae Mundi" est une vraie belle surprise. Les riffs, l’énergie, le chant et les thèmes donnent un album riche et cohérent. Pour quelqu’un qui, comme moi, découvre le groupe aujourd’hui, c’est le genre de disque qui te donne envie de remonter dans le temps pour écouter les anciens albums, mais aussi de rester concentré sur ce qu’ils font aujourd’hui. Titan n’est pas juste de retour : il se réinvente, et ça fait plaisir à entendre.


