Esprit D'Air - Aeons
Ah la la, les groupes japonais et les noms français, une grande histoire d’amour ! On peut citer Moi Dix Mois, L’Arc-en-Ciel ou Versailles. Cet amour qu’ils nous donnent, on le leur renvoie bien : le Japon est ultra à la mode en France, deuxième pays du manga ! Et Esprit d’Air pourrait bien être la nouvelle sensation chez les fans de J-Metal, quelque part entre X-Japan et la scène Visual Kei. Fondé en 2010 à Londres par des musiciens japonais, le groupe splittera en 2013, avant que Kai, son leader et chanteur, ne le réactive sous forme de projet solo. Suivront donc trois albums : “Constellations” (2018) – un premier disque auto-produit qui posait les bases : metal moderne, refrains très mélodiques, ambiance futuriste ; “Oceans” (2022) – plus ambitieux et plus propre, avec des envolées très J-Rock et déjà ce goût prononcé pour les sonorités anime ; “Crimson” (2023) – un album court, intense, où Kai s’affirme comme un artiste entre deux mondes : metal d’un côté, musique japonaise plus lumineuse de l’autre.
Et donc voici “Aeons”, ce nouvel opus. Riffing moderne, refrains énormes très J-Pop et nappes de synthés omniprésentes qui donnent une vibe “opening d’anime” assumée. Avec seulement 35 minutes, Kai donne le ton : mélange de metal moderne, ambiances futuristes, passages electro et moments émotionnels. Il chante, joue et produit, et maîtrise ces trois aspects avec une aisance rare. À l’écoute, on jurerait entendre un groupe complet mixé dans un gros studio ! Son chant, majoritairement J-Pop, se fait parfois rap, parfois guttural, rappelant le Linkin Park des débuts.Le seul bémol, c’est que les structures sont parfois un peu linéaires et les transitions pourraient être retravaillées. Avec un vrai groupe derrière lui ou quelques featurings, ça pourrait être encore plus puissant. Mais honnêtement, les progrès en quatre albums sont stupéfiants et laissent entrevoir des possibilités énormes pour la suite.
Décrit comme “une odyssée metal du futur sombre”, le thème central d’"Aeons" est le temps. L’album, conçu de façon assez cinématographique, oscille entre désespoir et résilience. Des titres comme “Chronos” mélangent riffs puissants, electro et instruments traditionnels japonais. “Lost Horizon" est plus typé nu-metal et hip-hop. Plus mûr et centré que les opus précédents, "Aeons" est moins nostalgique que Seasons et plus épuré qu’"Oceans", qui partait encore plus dans tous les sens. “Silver Leaf” est une petite bombe ! Quelques puristes pourront regretter les guitares parfois en retrait par rapport aux synthés, mais globalement, dès les deux premiers titres, on sait si ce groupe est fait pour nous ou pas.
Quelque part entre Bring Me The Horizon, The Gazette, Sawano Hiroyuki (OST d’Attack on Titan), Crossfaith et Dir En Grey, Esprit d’Air s’impose désormais comme un incontournable de la scène metal japonaise, l’une des meilleures au monde, pour peu qu’on accepte ses excentricités ! Davantage centré sur la musique que sur le visuel, le projet solo de Kai est une petite bombe qu’on se demande pourquoi on ne voit pas partout. Une grosse claque un peu trop courte, qui donne juste envie de remettre l’album au début.


