5RAND - Ordhalia
5rand me disait quelque chose, mais je ne savais plus trop d'où. C'est seulement en regardant le livret de l'album et en reconnaissant sa chanteuse, Julia Elenoir, que je me suis souvenu. Elle a également une activité de modeling sur les réseaux sociaux et y postait donc sa musique. Mais n'ayant suivi que de loin, je ne me souvenais guère du style, et va savoir pourquoi : “belle gosse + style un peu dark”, j'ai pensé à un clone de Sirenia, avec un côté plus néo-metal voire indus goth. Ne jamais juger un livre à sa couverture : 5RAND, c'est du gros death mélodique qui tabasse ! Formé il y a quelques années, 5RAND est un groupe de jeunes musiciens italiens quasi inconnus avant. Aucun d’entre eux n’avait un passé notable dans d’autres groupes, ils débarquent direct avec leur style bien à eux. Après "Sacred/Scared" en 2017 et "Dark Mother" en 2019, ils reviennent donc avec "Ordhalia", en cette fin d'année 2025.
Six ans se sont écoulés depuis leur précédent album, et on comprend vite pourquoi : ils ont pris le temps de peaufiner leur son, et surtout de passer à la vitesse supérieure en collaborant avec Jens Bogren, le producteur/mixeur derrière Arch Enemy, Opeth ou Sepultura. Résultat : un son massif, précis et pro, qui te frappe dès les premières secondes. Formé par Pierluigi Carocci (guitare), 5RAND est également composé d'Acey Guns à la basse et d'Andrea de Carolis à la batterie. Et puis il y a Julia. Clairement, elle détone visuellement : beauté magnétique, présence scénique forte, posture quasi mystique dans le clip d'"Ordhalia", mais qui contraste avec son chant satanique, growls ultra puissants alternant avec des passages clairs. Impossible de ne pas penser à Alissa White-Gluz, Lena Scissorhands ou Melissa Bonny pour ce type de dualité voix féminine / brutalité extrême.
Musicalement, c'est du gros death moderne : riffs massifs, batterie bien lourde, mais aussi des moments calmes, presque gothiques, qui donnent de l’air et une dimension cinématographique. Les synthés viennent ajouter une couche atmosphérique qui renforce cette impression d’album travaillé, à la fois intense et immersif. Le tout dans un style plutôt homogène, donc le single titre "Ordhalia" est une bonne porte d'accès à l'album.
Enfin, la production signée Bogren fait toute la différence. On entend chaque détail, chaque instrument est à sa place, et les voix de Julia passent du guttural au clair avec une lisibilité impressionnante. Le groupe peut se permettre d’être violent sans jamais devenir brouillon. Le style reste relativement accessible pour du death, parfois plus proche d’un Opeth que d’un Arch Enemy, mais sans jamais virer prog. Les morceaux ne dépassent pas les 4 minutes et restent globalement assez directs, les variations se jouant davantage par des breaks mélodiques, chant clair gothique et nappes de synthés, mais sans tomber dans le death sympho à la Septicflesh ou Fleshgod Apocalypse. 5RAND a vraiment son propre style.
Bref, 5RAND revient avec "Ordhalia" et frappe fort : jeunesse, audace, maîtrise, et un sens du spectacle qui tient à la fois de la puissance metal et de la mise en scène visuelle. On découvre un groupe prometteur, qui pourrait bien exploser dans les prochaines années. Je leur reprocherais juste un style trop répétitif, où aucun morceau ne détonne vraiment. Au bout de 3 chansons, on n'a plus vraiment de surprise. Mais ça fait super bien le taf et Julia est une sacré découverte ! Au fait, il y a une place de libre chez Arch Enemy, à ce qu'on m'a dit…


