L'Au-Delà
Véritable maître de l’horreur, Lucio Fulci a réalisé de nombreux films d’horreur, avec quelques projets plus personnels, comme l’excellent Beatrice Cenci. Mais si il reste bien un titre qui a marqué les esprits, c’est L’Au-Delà. Véritable film d’exploitation mélangeant des pans entiers de culture horrorifique (des zombies, des esprits tourmentés, l’Enfer…), le script bouffe à tous les râteliers, concurrençant le cercle des trois mères de Dario Argento sur le terrain du fantastique (visuellement, c’est ici beaucoup plus sobre) et développant des bases passionnantes. Si mon préféré du réal reste toujours le terrifiant La maison près du cimetière, L’Au-Delà contient quand même des morceaux de bravoures intéressants à aborder.
L’histoire : en 1927, un peintre sur le point d’achever un tableau représentant l’Enfer est massacré par les habitants du coin, qui le considèrent comme un sorcier. De nos jours, l’hôtel dans lequel il résidait est en rénovation, sous la direction de Liza, propriétaire des lieux. Des évènements étranges commencent alors à se produire…
Le pain quotidien de Fulci, c’est le gore. Et du gore, L’au-delà en regorge, n’hésitant pas à donner dans la violence craspec pour donner un peu de sel à son histoire. Ainsi, dès les 5 premières minutes, nous aurons droit au supplice du peintre, battus à coup de chaîne (chaque coup laissant une marque sanglante façon La Passion du Christ), avant d’être crucifié sur un mur et brûlé à la chaux. Radical. Et très vite, nous arrivons à notre époque contemporaine. L’hôtel est en travaux, et la belle Liza s’occupe des directives. Toutefois, les choses commencent bientôt à se gâter. Une fuite dans la cave implique l’intervention d’un plombier, et ce dernier, brisant un mur de brique, libère le corps zombifié de l’artiste mort (ce qui nous vaudra une scène d’écrasement de visage amusante plutôt que convaincante). Et à partir de là, les intrigues commencent à se multiplier. D’un côté, on suit les cadavres qui commencent à tomber comme des mouches à la morgue, où il commence à se passer des phénomènes étranges. De l’autre, on suit notre héroïne, de plus en plus perturbée par les évènements qui ont lieu dans son hôtel et qui passe pour folle auprès du beau médecin généraliste. Mais arrive alors les personnages aveugles, qui servent constamment de mise en garde pour Liza, qui s’évertue à rester dans son hôtel.
Ainsi, plutôt que de rechercher une cohérence sans faille, le film multiplie les intrigues et les possibles directions, en jouant la carte de la générosité (chacune de ces voies se conclue par un bain de sang). Ce qui fragilise l’œuvre du point de vue du fond (cette histoire de porte des enfers… Mouais…), mais qui la rend incroyablement ludique et pas ennuyeuse un seul instant. Alors que les apparitions se font de plus en plus menaçantes, une invasion zombie commence à apparaître à la morgue. Le film donne alors dans la tension, continuant sur sa lancée sans jamais chercher à ralentir son rythme, nous préparant à son tableau final, qui reste encore aujourd’hui une référence dans le genre. Un véritable portrait macabre, très poétique dans l’idée et dans les symboles (la vérité qui aveugle, c’était bien trouvé), et qui conclut ma foi sur une note emballante le film. Après, ce dernier est pétri de défauts qui ne jurent pas avec les films de Lucio Fulci.
On relèvera par exemple un procédé d’angoisse totalement inefficace : le coup de l’ombre qui fait crier l’héroïne alors qu’on sait déjà qu’il s’agit du médecin qui passait par là pour voir si tout allait bien, ou encore la scène culte des araignées, très gore, mais qui croit qu’en mettant des araignées en plastiques dans un champ flou, on va se laisser berner. Bon, on a envie de se laisser berner, car les grosses araignées poilues, on aime, mais quand même, les gros plans laissent parfois vraiment à désirer. Pétri de défauts, mais ne manquant pas d’âme ni d’enthousiasme, ce cru de Fulci se révèle être de très bonne tenue, offrant un lot de zombies plutôt menaçants et quelques belles séquences d’ambiance.