[INTERVIEW] Hikiko Mori et Seth de Bad Tripes pour la sortie de "Splendeurs Et Viscères"
Bad Tripes « est un charmant petit groupe de musique Provençale traditionnelle dont la particularité est d’utiliser des grosses guitares électriques, de chanter en Français avec un accent de poissonnière de Montmartre ce qui est assez bizarre pour un groupe Provençal et d’avoir diverses influences fortement décadentes, aussi bien dans le Punk, la perf, le Thrash Metal. On est épouvantablement mauvais pour décrire ce que l’on fait, on dit qu’on fait du Metal ou du Rock mais on s’en fout d’avoir des influences traditionnelles, Asiatiques, Electro. On fait du Boucan ludique, on trippe avec nos tripes et on s’amuse tout simplement. » Au Niveau des influences, on pourrait citer Rammstein, Punish Yourself pour le côté tralala pouet pouet festif on se met à poil, Les Garçons Bouchers, Edith Piaf c’est vaste. Et le tout est poussé par ma Féminité exacerbée »
Ils sortent un premier album en Septembre 2010, rapidement distribué par M&O, et travaillent actuellement sur leur prochain opus, l’attendu "Splendeur et Viscères" dont le titre est dévoilé lors de l’interview.
Pour décrire ce qu’est "Phase Terminale"Bad Tripes est un condensé de contrastes. La nature humaine est très contrastée, l’être humain peut être la pire chose au monde capable des plus belles choses. Appeler notre premier album "Phase Terminale" ça aurait pu être se tirer une balle dans le pied, ou tendre le bâton pour se faire enculer par des critiques qui ne nous aiment pas, qui vont dire que ce sera bien une phase terminale. Ça paraissait amusant de commencer par quelque chose de vachement défaitiste. On est très ambitieux artistiquement, on veut développer le délire tripien, il y a je pense beaucoup de choses à composer, de progrès à faire. Faire cette contradiction était comique. La musique que l’on joue est assez festive avec des sons plutôt iconoclastes ; orgues, accordéon, le fait de chanter en français avec 1m 40 et une voix de grizzly en rut). »
Rétrospectivement par rapport à la sortie proche de "Splendeur Et Viscères" : "C’était vraiment de la merde. Ça sent la jeunesse, je l’ai réécouté pour la première fois depuis longtemps et je me disais qu’on était assez satisfait de notre effort, fait à la bonne franquette, on ne savait pas si on enregistrait un album ou une démo. On a tout fait à l’artisanale, et ensuite on a été contacté par M&O office qui nous a pris sous son aile. Mais notre album n’étant pas assez abouti, assez mature.
Pour "Splendeurs et Viscères" on a travaillé de façon ordonnée. Certains des morceaux de "Phase Terminale" ont été composés alors qu’on était encore au lycée, des textes que j’ai écrits en terminale. Ça donne un album assez inégal, "Alice Über Alles" est plus complexe. Et depuis on a gagné en maturité, en expérience. On en est fier mais il s’étend de 2004 à 2007 niveau composition. On l’a enregistré un peu à la foutraque, je me retrouvais alors chanteuse par hasard, d’ailleurs je pense que ça s’entend au combien, j’y allais à la Punk bourrine, sans technique j’en ai guère plus maintenant. C’est au final un travail de longue haleine sur plusieurs années, mais spontané au final ! On l’a enregistré dans l’optique de s’amuser, de voir comment ça sonnerait. Au final ça a super bien marché ! »
Le nouvel album est encore plus à la maison que le précédent, mais avec plus d’expérience et plus de sérieux. On a à présent la chance d’être entourés de personnes compétentes, d’être amis d’une façon plus fermée avec d’autres groupes… On s’est inspiré du livre "Splendeur Et Misère Des Courtisanes" de Balzac, mais on n’est pas des putes… non c’est bon hein ?
Pour S&V la musique reste dans le même délire que sur le premier album, on a fait le cumul des défauts et avantages, ce qui marchait ou pas, ce que disaient les critiques, on a fait un album pour nous mais on n’a pas craché sur les avis des autres. Le fait d’être dans le groupe nous enlève une part d’objectivité. On a chacun nos préférences (moi je préfère le côté Edith Piaf dit Hikiko, la rage keupone, et côté valse et instruments rare). On a fait le condensé de la meilleur part du premier album avec le côté guinguette et on a mis l’accent sur les orchestrations. Ça donne des morceaux sympathiques. De nos jours il y a beaucoup de groupes qui font du Metal Industriel. Mais le côté Metal accordéon est moins développé que le côté indus, les accordéons pourraient faire Folk, mais en fait non, c’est de l’Electro, pas pure comme Malakwa (un groupe d’Electro Punk Hardcore Marseillais ndr) ou Punish Yourself mais plutôt, Indus Electro Guinguette.
Au niveau du thème de l’album : il n’y a pas un seul et unique thème. "Phase Terminale" était un coup de gueule permanent, immature, une rage adolescente attardée. Une suite de coups de gueule pas hyper précis et légitimes. Je me base sur mon vécu pour écrire, des choses pas forcément très rigolotes. C’était du Gore déconne (d’ailleurs la chanson "Little Raped Riding Hood" était juste un odieux prétexte pour faire un jeu de mot avec Marc Dutroux). Pour « Splendeur et Viscères », les textes sont plus introspectifs, on a murit. Sans vouloir faire du déballage ou de la chanson larmoyante, j’essaye de parler de l’indicible : les sentiments douloureux qui sont délicats à sortir ou des sujets très épineux. J’ai peut-être perdu un peu d’humour par rapport à Phase Terminale. J’écris sur des thèmes assez pénibles, la corrida dans la chanson La Laideur Du Geste » (écrite en réaction au fait que F. Mitterrand voulait faire passer la corrida dans le patrimoine culturel Français, c’est consternant de jouir de la violence gratuite). On ne fait pas la morale, mais j’en parle parce que c’est quelque chose qui me révolte. J’aimerai bien péter la gueule à plein de gens je suis partagé entre l’envie de sauver tout le monde et de tuer tout le monde. Je veux pousser à la réflexion, j’aimerai bien qu’une personne qui trouverai la corrida sympa soit amenée à réfléchir : j’ai envie d’amener une réflexion sans forcément faire dans l’intellectualisme à la con. Le Metal n’empêche pas que les metalleux en aient dans le citron. Je présente les divergences sur l’éducation des garçons et filles par rapport au viol : la femme on lui dit de ne pas porter de jupes, de faire attention, mais apprend-on le respect des femmes aux hommes ? Je parle aussi de enlisement dans une addiction, dans l’alcoolémie etc. Le tout reste teinté d’humour noir : on en a besoin sinon on se suicide. »
Tu utilises cette touche humour porno gore pour parler de thèmes graves : « oui c’est bien le cul ! L’humour noir sauve le monde. Gore et porno comme média, comme véhicule de mon propre mal-être, si je n’avais pas d’humour je serai morte, la vie serait insupportable.
A venir pour le nouvel album, on va faire des clips ! Le côté visuel de Bad Tripes est important mais c’est aussi un élément qui force à beaucoup plus de rigueur. On ne va pas voir un concert juste pour écouter la musique, sinon on resterait chez soi et on écouterait l’album. Quand t’es un groupe visuel, si t’es pas carré au poil de cul, si tu te plantes t’es deux fois plus ridicules que des nazes en baggy. On a choisi d’être looké parce qu’on veut que les gens n’aient pas l’impression d’être à une répet et se disent ‘’j’aurai du rester chez moi et écouter l’album au moins y’aurait pas de larsen’’. Le délire médical du début de Bad Tripes est pourtant en train de passer. On cherchait un look phantasmatique parce que y’a de la femelle dans le groupe ! Mais le look médical ne résume pas trop notre style. On a décidé de faire un truc « un peu rétro » le délire médecin ça nous énerve ! Sinon, suppositoires en toutes circonstances. »