[INTERVIEW] JOHAN SÖDERBERG DE AMON AMARTH POUR LA SORTIE DE "JOMSVIKING"
Rencontre avec Johan Söderberg, guitariste d'Amon Amarth, pour parler du nouvel album du groupe "Jomsviking" a paraitre le 25 Mars 2016 chez Sony, mais aussi de faire un point sur la carrière du groupe, les influences plus heavy metal qui ont faits surface dans la musique des Suédois ces dernières années, de l'héritage viking et bien d'autres choses encore !
Parle-nous de ce nouvel album. Qu'apporte- t-il de plus à l'édifice Amon Amarth ?
Notre nouvel album s'appelle “Jomsviking”. C'est notre premier concept album. “Jomsviking” est traversé par une histoire, un fil directeur. Je crois que c'est ce qui le différencie principalement des albums précédents.
Que signifie le titre "Jomsviking" ?
C'est une référence à une sorte de troupe d'élite viking, un groupe de mercenaires qui a réellement existé, c'est historiquement prouvé. Ces Vikings auraient a priori installé leur camp quelque part au nord de la Pologne. Grosso modo, c'était un groupe dans lequel il était très difficile d'entrer. Il fallait passer des espèces de tests et appartenir à une certaine tranche d'âge. Ces combattants étaient chargés par certains rois de missions guerrières, entre autres. Cela dit, il ne s'agit pas de la trame principale de l'album. On se focalise plutôt sur un personnage, un homme qui quitte sa patrie et qui est amené à rejoindre les rangs de ce groupe.
Il semblerait que depuis "Deceiver Of The Gods" Amon Amarth ait choisi une voie moins brutale, avec des compos un peu plus "light" et portées sur le thrash voire le heavymetal dans leurs approches. Est-ce une démarche délibérée, une évolution logique ... ou tout simplement l'âge ?
(Rire général)
Je crois que c'est effectivement un mélange de tout cela ! C'est une évolution naturelle des choses, je dirais. On a grandi en écoutant du heavymetal traditionnel. Mes influences musicales viennent principalement de là. Ce qui a changé, c'est que je laisse désormais ces influences s'exprimer davantage. Avant, on se disait : “On doit faire du deathmetal. S'il y a quelque chose dans notre musique qui rappelle un peu Iron Maiden ou un groupe du genre, il faut l'enlever.” Maintenant, on ne cherche plus à le gommer car c'est qui nous donne un côté plus heavy.
Amon Amarth continue sur sa lancée de guests sur ses albums, avec cette fois-ci une voix féminine sur le titre "A Dream That Cannot Be". Qui est-ce et pourquoi ce choix sur ce titre ?
Il s'agit de DoroPesch. On l'a choisie car c'est une chanteuse de metal à la voix très rauque. Ce n'est pas une voix suave… Elle est vraiment unique. C'était tout à fait l'apport dont nous avions besoin car comme la musique est assez agressive et sombre, on pouvait avoir deux voix qui se marient… On voulait une voix féminine car le texte de la chanson faisait référence à une femme. Il fallait que ce soit vraiment puissant, c'est pourquoi on a choisi Doro. L'idée l'a tout de suite complétement séduite. Elle a pris l'avion pour rejoindre le studio, en Angleterre. Elle est restée environ trois jours durant lesquels elle a participé aux sessions d'enregistrement. Elle a été vraiment satisfaite du résultat et nous aussi.
"Jomsviking" est le 10eme album du groupe. Profitons-en pour faire un rapide bilan sur la carrière du groupe. Que retiens-tu de toutes ces années au sein d'Amon Amarth en bonnes ou mauvaises expériences ? Toujours autant de fierté de brandir la culture viking ?
En fait… La plupart du temps, ça a été très positif ! Mais à l’époque où n’étions pas musiciens à plein temps, il y a eu des moments où il était très difficile de vivre de notre musique. Ce n’est qu’au moment de la sortie de l’album « Fate of Norns », me semble-t-il, que les affaires ont commencé à mieux fonctionner pour nous. On a pu se focaliser totalement sur le groupe. Pardon, j’ai oublié la deuxième partie de la question…
Je parlais de la culture viking. En es-tu toujours aussi fier ? Es-tu toujours aussi fier de la mettre en avant, d’en être un représentant ?
Eh bien… Pour moi, il s’agit plutôt d’une thématique que l’on aborde dans notre musique. Je ne me vois pas comme un ambassadeur de la culture viking qui aurait pour mission de la répandre. Je me considère davantage comme un musicien de la scène metal membre d’un groupe qui a choisi d’aborder l’univers viking dans ses morceaux. Bien sûr, je suis tout de même fier que cette culture soit la mienne car elle vient de Scandinavie. C’est sympa de pouvoir la présenter au monde entier.
C’est peut-être une partie de ton identité.
Oui… Peut-être ! Une petite partie alors !
Johan Hegg a participé au film Northmen - A Viking Saga en 2014 en tant qu'acteur. Comment s'est-il retrouvé sur ce projet ? Et a-t-il l'intention de recommencer l'expérience ?
Il a trouvé cette expérience vraiment amusante et sympa. Si l’occasion lui est donnée de jouer à nouveau dans un film, je suis à peu près sûr qu’il n’hésitera pas. Voici comment les choses se sont passées pour ce film. Le réalisateur, ou peut-être le scénariste… enfin bref, quelqu’un de très impliqué dans le projet, s’est trouvé être un grand fan du groupe. Lorsque la phase du casting est arrivée et qu’il a été de ce personnage-là, il a dit à tout le monde : « Je veux quelqu’un qui ressemble au chanteur d’Amon Amarth ! » On lui répondu : « Alors pourquoi tu ne lui proposes pas directement le rôle au lieu de chercher quelqu’un qui lui ressemble ? Fonce ! » C’est comme ça que Johan s’est retrouvé dans le film et l’anecdote que je viens de vous raconter y est certainement pour quelque chose. Après le tournage, il a commencé à écrire son propre scénario de film, scénario qui a servi de base à l’album.
Cela a dû faire de la bonne publicité pour Amon Amarth qu'un de ses membres participe à un film ayant eu une large distribution. As-tu senti que le groupe avait gagné des fans à cette occasion ?
Ça nous a très certainement permis de gagner des fans, mais ce n’est pas la raison principale pour laquelle il a participé au film. C’est une opportunité qui s’est offerte à lui. Evidemment, ça a été une bonne chose… Nous avons d’ailleurs utilisé des images du tournage dans notre précédent clip. Collaborer avec de nouvelles personnes, c’est positif.
La nouvelle tournée est-elle en préparation ? Quand penses-tu que les fans pourront revoir Amon Amarth dans cet esquif guerrier qu'est la scène ?
Eh bien… Cet été, nous jouerons au Hellfest et au Download Festival de Paris. Je suis à peu près sûr que question scène, ce sera du lourd. Dès que l’album sera sorti, on partira en tournée. On sera en tournée pendant deux ans quasiment non-stop, je crois.
Vous passerez par l’Europe ?
Oui, notamment. On jouera partout.
Aux quatre coins du monde ?
Oui. Il me semble que la tournée débutera sur le continent américain.
Vous avez beaucoup de fans, là-bas ?
Oui, à peu près autant qu’en Europe.
La culture viking, tout ça, est-ce que ça parle aux Américains ?
Oui… Sur le plan historique, ils n’ont peut-être pas… Ils voient ça plutôt comme… Comme…
Comme quelque chose d’exotique ?
Voilà, comme quelque chose d’exotique, exactement !
Revenons sur le domaine du cinéma. Quel serait ton top 5 de films vikings ou de guerriers ? Et quel serait le métrage du genre favori commun à tous les membres d'Amon Amarth ?
Je choisirais sans doute un film qui nous a beaucoup influencés à sa sortie: "Gladiator". C'est un film très épique qui se déroule dans un décor magnifique. Il ne parle pas de Vikings, mais les deux univers ont des points communs.
Tu connais cette série de la BBC consacrée aux Vikings ?
Oui, je l'ai suivie !
Ça t'a plu ?
Oui, c'est très... Elle a l'air réaliste. Il y a peut-être un peu d'exagération, mais ça reste très réaliste. Le rendu est crédible et le scénario repose souvent sur des faits réels.
Ça a l'air fidèle à ce qu'on raconte ?
Oui !
A un moment, ils envahissent Paris, et ça s'est vraiment produit !
Je n'ai pas vu la troisième saison.
Ça se passe effectivement dans la troisième saison. Désolé...
Nous te laissons la parole pour terminer et adresser un message aux fans d'Amon Amarth.
On a vraiment hâte de repartir sur les routes pour présenter ce nouvel opus aux fans. La période qui suit la sortie d’un album est toujours palpitante.Tu es impatient d'avoir l'avis des fans sur les nouveaux morceaux. Je pense d'ailleurs qu'il y en a deux ou trois qui vont devenir les prochains classiques d'Amon Amarth !
Peut-on poser une question supplémentaire?
Oui.
Qu'est-ce que ça change pour le groupe d'être signé chez Sony ?
Au niveau de la promotion... L'accès la presse magazine est plus simple, on peut être publiés dans plus de revues, rencontrer plus facilement le public, être plus facilement distribués dans les magasins. On est toujours sous contrat avec MetalBlade, mais le label ne s'occupe de la distribution et de la promotion que sur le continent américain. On a donc modifié le contrat. En Europe, on travaille avec Sony et là-bas, avec MetalBlade. Mais on est toujours signés chez MetalBlade.
Avec Sony, tout ce qui relève du marketing en Europe est plus simple ?
Oui, ils ont plus de pouvoir, ici.
Super !