[INTERVIEW] Chris Boltendahl de Grave Digger pour la sortie de "Healed By Metal"
Véritable institution et pierre immuable du heavy metal depuis maintenant 36ans, les Allemands de Grave Digger sont revenus dernièrement revigorer le genre avec un très bon "Healed By Metal" a l’artwork toujours aussi soigné. Voici notre entretien avec le chanteur mythique Chris Boltendal.
Salut Chris, comment vas-tu ? Merci de prendre un peu de temps pour répondre à mes questions. Alors, le 18e album de Grave Digger, "Healed by Metal", sort au début du mois de janvier. Que nous réserve ce nouvel album ?
Du heavy metal on ne peut plus authentique, tout simplement ! C’est vraiment un album de heavy metal pur jus, comme Grave Digger en a le secret. Cet album ne repose pas sur un concept en particulier. Chaque titre raconte une histoire. On adore ce nouvel opus car il est dans la veine de ce qu'on proposait déjà dans les années 80, mais avec une production un peu plus moderne qu’à l’époque, heureusement ! Beaucoup de morceaux issus de cet album pourront être joués en concert, et c’est le plus important.
Tout à fait ! Le titre de l’album, "Healed by Metal" ("Guéri grâce au metal", ndlt) est très fort. Pourquoi l’avoir choisi?
Ce titre a une petite histoire. Il y a deux ans, nous nous sommes produits dans un grand festival à Moscou, au Gorky Park (le Moscow Metal Meeting, ndlt). A côté du parc où se tenait le festival, il y avait un hôpital. Après 10 heures de heavy metal, et tandis que je me trouvais derrière la scène avec mes deux managers, j’ai dit à l’un d’eux : "Hé, Richard, 10 heures de heavy metal à fond, ça a dû tuer tous les pensionnaires de l’hôpital, non ?". Il m’a regardé et il a répondu : "Chris, voyons les choses sous un autre angle : ils doivent désormais être tous guéris, grâce au metal !". L’idée de départ était posée. J’ai gardé cette anecdote dans un coin de ma tête et ces paroles me sont venues (il fredonne) : "Healed by metal ! ". On a commencé sérieusement à préparer cet album en avril 2016. On s’est tous assis dans une même pièce et on a composé les morceaux tous ensemble, comme à l’époque de "Tunes of War", 20 ans plus tôt !
Jolie anecdote. Comme tu l’as dit, cet album ne repose pas sur un concept en particulier. Quels sont les thèmes abordés ?
Il y en a plusieurs. Le morceau "Healed by Metal" est très festif, je pense. Il dit que le metal est à consommer à tout moment de la journée, que l’on aille bien ou moins bien. Avec ce titre, nous voulons délivrer un message très positif au public. La chanson suivante, "When night falls", est un peu plus triste et parle d’amour. C’est l’histoire d’un couple interné dans un camp de concentration, durant la Seconde Guerre mondiale. Les amoureux ne veulent pas être séparés car leur amour est très fort, très profond, et ils meurent ensemble dans le camp. Le message positif à en retirer, c’est que l’amour n’a pas de limites. L’amour aide à surmonter n’importe quelle épreuve. Aimer et être aimé, c’est la seule chose qui compte, en fait.
Oui. C’est un morceau qui réveille plusieurs émotions. Il est assez triste, mais l’histoire qui le sous-tend est belle. C’est beau.
Et ce qui est drôle, c’est que l’album contient un autre titre amusant : "The Ten Commandments of Metal". Est-ce qui tu suis les 10 commandements du metal selon Grave Digger ?
Qui sont ?
Commandement numéro 1 : tu ne joueras pas de guitare sans effet de distorsion. Commandement numéro 2 : tu ne couperas pas tes cheveux. Commandement numéro 3 : tu taperas sur ta batterie de toutes tes forces. Commandement numéro 4 : tu partageras ta bière avec tes frères et sœurs metalleux. Commandement numéro 5 : tu lèveras les mains et feras le signe des cornes du Diable. Commandement numéro 6 : tu écouteras toujours du metal à plein volume. Commandement numéro 7 : tu ne laveras jamais ta veste à patchs. Commandement numéro 8 : le heavy metal enchantera chacune de tes journées. Commandement numéro 9 : lors d’un festival de metal, tu braveras les conditions climatiques. Enfin, commandement numéro 10 : tu sauras soutenir les tiens, car le metal, c’est ce qui te constitue.
Super ! Je ne suis pas sûr de les suivre tous les dix, mais j’en respecte une bonne partie. Au moins sept !
(rires) D’accord ! Il y aussi ce titre, "Kill Ritual", qui parle de la part d’ombre que nous avons tous en nous. Je pense que nous avons tous un côté sombre, et je parle du mien, dans cette chanson. Bien sûr, je le fais de façon ironique car je n’irais jamais tuer quelqu’un ! Après avoir écrit les paroles, je les ai envoyées à mes compères et ils m’ont immédiatement appelé en me disant : "Mais tu es fou, ou quoi ?! ". Je leur ai répondu : "Ne vous inquiétez pas ! Je voulais juste faire parler mon côté sombre."
Comme à chaque fois, l’illustration de la pochette est incroyable ! Elle est vraiment magnifique ! Peux-tu nous en dire un mot ? Qui en est l’auteur ? Quel est le message de cette pochette ?
Nous avons à nouveau collaboré avec le même artiste car nous adorons ses travaux. Cela fait treize ans que nous travaillons ensemble. Il s’appelle Gyula Havancsák et il est hongrois. J’avais une idée en tête. Je voulais un petit rappel… Je lui ai soumis mon idée en lui donnant quelques directives, et il m’a proposé ses premiers jets. Au final, créer une pochette et composer des titres pour un album sont deux processus assez similaires. Ça prend du temps. Je lui ai dit que je voulais retrouver le moine qui apparaît sur la pochette de l'album "Ballads Of A Hangman". Je voulais qu'il y ait une connexion entre les deux albums. On a travaillé très sérieusement ensemble. Si vous regardez attentivement les détails de l'illustration, vous remarquerez plein de références aux pochettes de nos précédents albums.
C'est vrai ! Et c'est vraiment une belle illustration ! C'est le premier album auquel participe Marcus Kniep, votre "Faucheur des claviers", n'est-ce pas ?
Oui, mais le comble, c'est qu'il n'y a pas de claviers sur cet album ! Il n'en joue donc pas ! (rires) Marcus est un mec super. Il sait aussi intervenir sur la batterie, techniquement parlant. Il nous a rejoints à plusieurs occasions, en remplacement de H.P. Katzenburg. H.P. était tellement pris par ses différents projets qu'il n'y avait plus de place dans son planning pour les concerts de Grave Digger. On lui a donc proposé d'être remplacé par Marcus, qui a assuré d'anciens titres sur scène. Marcus a aussi joué des titres plus récents, mais il n'a pas participé à ce nouvel album, qui ne contient pas de claviers.
Alors, qu'est-ce qu'il fait sur scène ? Il est en coulisse ?
Voilà ! Il travaille avec nous, il fait des blagues... C'est un peu la mascotte du groupe. Nous tenons à ce qu'il soit à nos côtés sur scène.
Vous êtes un groupe de heavy authentique et vous existez depuis les années 80. Vous avez vu beaucoup de groupes défiler. Grave Digger répond présent depuis déjà 36 ans ! C'est bien ça ?
36 ans, oui ! Et moi, j'ai 55 ans ! (rires)
Grave Digger est toujours debout, mais beaucoup de groupes de la même mouvance ont disparu. Comment l'expliques-tu ?
Nous adorons nos compositions. Je crois que c'est la clé. Notre musique, c'est ce que nous offrons au public. Si tu fais les choses avec amour et passion, la qualité du résultat s'en ressentira forcément. Je ne laisse rien sortir du studio ou même quitter ma table si j'estime que l'excellence n'est pas au rendez-vous. Je veux toujours donner au public le meilleur de nous-mêmes, à tous les niveaux (composition, production, etc.). C'est pour cela que le niveau d'exigence est très élevé, chez Grave Digger. Cela nous permet de rester compétitifs et de continuer à proposer des titres de qualité.
Evidemment. En plus de 30 ans, le monde du heavy metal a beaucoup évolué. Ce qu'on écoute aujourd'hui ne ressemble plus vraiment à ce que l'on faisait il y a 30 ans. Comment ce style musical va-t-il évoluer, à ton avis ?
Chris Boltendahl : Je n'en ai aucune idée ! (rires). Il faudrait que je sois voyant pour répondre à ta question ! Nous avons foi en cette culture. Le heavy, c'est la musique qui nous correspond et que nous aimons jouer. C'est la musique avec laquelle j'ai grandi. Je pense que dans 10 ans, les compositions de Grave Digger seront toujours dans le même esprit. On ne s'orientera jamais vers la folk ou vers un autre style de metal. Grave Digger est Grave Digger. Il l'est depuis 36 ans et le sera encore dans 10 ans.
Voire dans 30 ans ?!
Je ne crois pas ! J'aurai dans les 85 ans, et je pense que ça ne sera pas très compatible avec mon mode de vie !
Evidemment ! Heureusement, vous serez toujours là dans 10 ans.
Oui !
Quels sont vos projets ? Allez-vous jouer des titres de "Healed by metal" sur scène ? Est-ce qu'une tournée européenne est à l'ordre du jour ?
Oui. La tournée va commencer à la mi-janvier. On va se produire en Autriche, en Suisse et en Allemagne. Au cours de cette tournée, on embarquera pour le "10 000 Tons of Metal", la croisière qui passe par les Caraïbes. En mars et en avril, on retournera en Amérique du Sud ! Cet été, on participera à quelques festivals. On verra bien ce que l'avenir nous réserve. On aimerait jouer en Grèce, si "Healed by metal" est bien accueilli. Cela nous permettrait d'ajouter des dates à notre tournée. On adorerait ça.
Est-ce qu'un passage par la France serait envisageable ?
On verra bien ce que l'avenir nous réserve. On a voulu participer au Hellfest 2017, mais cela n'a pas pu se faire. Espérons que cela sera possible l'an prochain.
Il y aura donc peut-être une date en France, alors ! Il y a le choix, question scènes ! C'était ma dernière question. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me répondre. Voudrais-tu ajouter quelque chose pour tes fans, pour les lecteurs ?
Oui. Sois patient, public français. Nous ferons de temps à autres un arrêt dans ton joli pays. Si jamais nous n'en avons pas l'occasion, que "sois guéri par le metal" en écoutant notre album ! Merci beaucoup !
Merci beaucoup à toi. On essayera de respecter les 10 commandements du metal.
Il le faut !