[INTERVIEW] Putrid Offal pour la sortie de "Anatomy"
De retour prochainement au mois d'Aout chez Xenokorp avec "Anatomy" un premier EP de véritable compositions depuis 1991, nous avons rencontré les Français de Putid Offal au Hellfest pour nous parler de cette nouvelle sortie, de leur retour sur le devant de la scéne death metal/grindcore et le retour de groupes antédiluviens de la scéne.
Note : L'interview a été réalisée en principal avec Franck (chant) et tous les membres du groupe, il a été difficile de retrouver a qui appartient les propos de chacun.
On va commencer en douceur. On est un webzine généraliste qui aborde des thématiques comme le cinéma et la musique. Il y a peut-être des gens qui ne vous connaissent pas, alors présente-nous brièvement l'historique du groupe.
Allons au plus simple. Putrid Offal est né en 1991. On a réalisé une démo puis enregistré un split avec le groupe suisse Exulceration. On a fait quelques concerts à droite et à gauche, puis le groupe a splitté en octobre 1994. Ensuite, il y a eu une période d'inactivité d'une vingtaine d'années. En 2014, deux des membres fondateurs du groupe ont souhaité reformer le groupe. C’était Fred et moi. Tout s'est imbriqué et on a pu se réunir. Nico, du label, est un fan de la première heure. Dès qu'il a su qu'on s'était reformés, il nous a proposé de signer chez lui. Le groupe a repris officiellement ses activités en 2014, pour sortir Mature Necropsy en 2015.
Phil et Laye ont rejoint le groupe...
Phil a participé à la reformation du groupe sous sa forme originale. Laye est arrivé après. A la base, l'objectif n'était pas de reformer le groupe en tant que tel, mais simplement de réaliser une relecture des titres car Phil a un studio chez lui. Notre souhait était de réenregistrer les morceaux des années 90 avec une vision moderne. Quand Nico l'a su, il a écouté un titre et il a voulu remettre le groupe sur pied. Comme il nous manquait un batteur (en l’absence de celui d'origine), Nico nous a présenté Laye, qui officie chez Dehuman, une formation signée sur le même label que nous. On lui a proposé le deal, enfin le groupe, et il est arrivé juste après l'enregistrement.
"Mature Necropsy" est paru en 2015, chez Kaotoxin. Comment avez-vous appréhendé le retour sur scène, après tant d'années d'absence ? Comment ça s'est passé ?
En fait, on a un peu travaillé avec Laye et donné un tout premier concert en catimini, sur la radio Killing Machine, tenue par Arno, pas loin de chez nous, à Lille. On a joué 3 titres en live. Ensuite, notre premier concert devant un public s'est produit en Belgique, à Roeselare, dans un super club metal. La date-clé de cette reformation a été l'Obscene Extreme, en République tchèque. L'organisateur connaissait le groupe et il nous a vraiment offert une place de choix dans ce festival : au milieu, là où les spectateurs étaient le plus attentifs, ce qui nous a permis de vraiment bien présenter le groupe. On a eu de bons contacts, de bons retours. Ça nous a ouvert d'autres perspectives de concert, notamment le Fall Of Summer et pas mal de festivals en Hollande. Tout s'est enchaîné jusqu'au Hellfest.
Vous revenez avec un nouvel EP, "Anatomy", signé chez XenoKorp, la nouvelle version de Kaotoxin. Il contient 2 réenregistrements, 2 titres en live et 2 nouvelles compos. Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur les nouveaux morceaux ? Y a-t-il eu des changements dans votre façon de composer, d'écrire ?
Sur ces 2 nouveaux titres, beaucoup de choses ont changé. La réécriture de Mature, c'était simplement une relecture des compositions des années 90, de l'époque. "Anatomy" marque le début des compositions avec Laye à la batterie. Il apporte sa touche personnelle non seulement au niveau de l’enregistrement, mais aussi dans sa manière de jouer. Ces deux titres-là, même s'ils restent dans la continuité et la couleur de Mature en termes de composition musicale, portent l'empreinte de Laye. Sur la partie live, on a voulu apporter un lien avec la partie antérieure, c'est à dire cette reformation avec les titres de 1991, et l’arrivée de Laye à la batterie. Roeselare en est le symbole, le 1er concert officiel. C'est comme ça que tout s'est enchaîné.
Il y a eu un gros travail sur la partie riffing et rythmique, ainsi que sur le chant. Il s'est bonifié. Il est plus efficace qu'auparavant. Avez-vous encore des titres en préparation ?
Tout à fait. "Anatomy" est une étape, puisqu'on travaille en ce moment sur le prochain album. On a composé une quinzaine de titres. Les 2 nouveaux titres d'Anatomy n'y apparaîtront pas. Nico a voulu que l'EP ait un aspect exclusif. Il est sorti en quantité limitée et il n'y aura pas de deuxième pressage. Le travail qu'on fait actuellement sur le nouvel album est assez avancé, même s'il n'y a pas de date de sortie précise. On en est à 60 % d'avancement avant de passer à l'étape de l'enregistrement. Sur l'EP, il y a effectivement un travail sur le riffing.
Il y a eu un plus gros travail ?
Jouer tous ensemble depuis deux ans sur de multiples scènes, c'est vraiment une étape. La vision de la musique selon Putrid se retrouve un peu dans les nouveaux titres. Pas mal de choses de ces morceaux peuvent se sentir dans les versions live que l’on donne de nos anciens titres. Putrid, sur scène, a une certaine forme, et je pense qu’on va continuer dans cette direction. L'idée de l'EP, c'était de trancher avec Mature, qui était une production très élargie. Là, on a un côté très dense. L'idée, c'était d'avoir l'énergie et de mettre en valeur l'apport de Laye dans la musique de Putrid.
Le travail a été carrément différent. Artistiquement parlant, tout ce qui s'était déroulé avant, c'était simplement une réappropriation de morceaux qui existaient déjà. Ils avaient été réécrits, réappropriés et plusieurs fois digérés pour arriver à ce qui se passe sur scène. Sur plusieurs morceaux d’"Anatomy", je joue en live pour ouvrir une fenêtre sur ce qu'est réellement le groupe sur scène. Je voulais essayer d'injecter ma créativité, mon apport personnel dans le groupe et montrer aussi ce que le groupe met autour de ça. L’idée, c’était d’essayer de ne pas dénaturer les codes propres au groupe depuis plus de 20 ans. Maintenant qu'on se connaît, qu'on a joué ensemble, c'est plus facile. Ça a été très significatif.
C'est aussi une étape pour aborder le travail que chacun veut mettre autour de l'album. Ça constitue une méthode qui se retrouvera sur l'album et qui nous fera gagner du temps au moment de l’enregistrement de notre prochain album. Ça illustrera un instant de Putrid Offal.
Vous avez pas mal écumé les scènes de France et d'ailleurs. Vous avez joué au Fall Of Summer, l'année dernière. Qu'avez-vous pensé de votre prestation ? Comment le public vous a-t-il accueilli ? Quels retours avez-vous eus ?
On a fait l'ouverture du Fall of Summer, un moment que l’on appréhendait. On se demandait si les gens seraient présents. Au final, le retour a été bon. Des gens s’étaient déplacés pour le groupe et d'autres sont venus par curiosité. Le bilan a été très positif. Une très bonne expérience.
Le Fall Of Summer, c’était il y a deux ans. Il n'y a pas eu autant de bruit qu’il y en aurait maintenant autour du groupe. Depuis, on a écumé pas mal de scènes à droite et à gauche. Les gens étaient un peu plus curieux. Pour faire le comparatif entre hier et il y a deux ans, je peux dire qu’hier, certains avaient fait le déplacement rien que pour nous, ce qui fait vraiment plaisir, et je pense qu'il y a eu pas mal de découverte, aussi. Dans l'ensemble, tout le positif qu'on met à jouer les titres en live se propage dans le public. C'était chouette !
Il y a un retour en force de la vieille garde du metal brutal français. Il y a une résurgence des années 90. Comment expliqueriez-vous le retour de groupes comme Mercyless ?
Peut-être que les gens en ont besoin. On vit à une époque où il y a plein de styles, où on a accès à plein de choses. La réaction la plus logique pour essayer de retrouver autre chose, c'est de regarder ce qu'il y a derrière nous. Ça peut pousser les gens à trouver un nouveau souffle, à aller vers l'avant.
C'est une réflexion juste. Il faut puiser dans ce qui s'est fait auparavant, avec une véritable envie. Mercyless est l’un des groupes à l'origine du genre... Au fil de l'évolution du metal, des choses se sont intentionnellement érodées. Des groupes comme Mercyless ou le nôtre veulent simplement se poser derrière une batterie, avec des guitares, une voix gutturale, et c’est tout. On n'a pas besoin que le son soit cliniquement très propre. Il faut de l'énergie. Le riff, ce n'est pas nécessairement pour les enchaînements, la technique, etc. On ne s'inscrit pas du tout dans cette démarche. Les gens ont aussi besoin d'avoir une musique qui sort du cœur.
Histoire d'entendre la transpiration couler des bras et du front.
On le sent dans l'EP, je vous le garantis ! Le son est cru, dans le bon sens du terme ! Le pari est réussi !
Il n'y a pas que ça. (Rires.)
Avez-vous un mot pour les fans ? Un message à faire passer ?
La résurrection d'anciens groupes ne doit pas masquer le fait qu'il y a beaucoup de formations, à l'heure actuelle. Les groupes existent parce que les gens se déplacent pour les voir. Tant que les gens continueront à se rendre aux concerts, et pas seulement aux festivals... Ça phagocyte une peu la scène d'avoir de gros festivals. Les gens se disent qu'ils vont payer une fois pour voir un maximum de groupes et qu'ils ne sortiront plus trop de chez eux, le reste de l'année. Il faut se déplacer aux concerts à proximité et voir la scène française et internationale. Quand il y a des concerts à côté, on peut s'y rendre par curiosité en se disant qu'on risque d'y découvrir de bonnes choses et se faire plaisir.
Il faut supporter sa scène. On vit à une époque avec beaucoup d'organisateurs, beaucoup de soirées, de styles différents. Malgré tout ce qui est disponible aujourd'hui, il ne faut pas lâcher notre style, présent depuis plus de quarante ans, même si la jeunesse est peut-être différente et s'exprime autrement vis à vis de ce style. Moi qui fais partie de cette génération-là, j'ai toujours gardé en tête qu'il ne fallait pas lâcher, aller voir les concerts, supporter les gens, acheter des CD, des T-Shirts. Il faut absolument garder cette scène en vie. Aujourd'hui, on est à un extrême où des groupes gigantesques brassent tout le business, et tout le reste est sur les genoux, à crapahuter. Il faut aider au maximum sa scène si on veut continuer à écouter de la musique de qualité.
Et de la faire vivre.
Avez-vous des dates de concert à faire passer ?
Le 22 juillet au Blast Knight, à Neufchâteau, du côté de Nancy, avec Benighted en tête d'affiche. Le 5 août à Bruges, avec...
Entombed A.D. et Aborted, entre autres. Ça sonnera la sortie officielle, physique du EP.
Qui sort le 5 août.
On vous invite donc clairement à venir acheter le CD au concert. Il y aura aussi une série limitée de T-Shirts. C'est chouette !