Sinsaenum - Repulsion For Humanity
Huit mois à peine après avoir chroniqué leur brillant EP "Ashes", voilà que je dois déjà parler d'une nouvelle sortie du super groupe Sinsaenum. Le combo qui réuni, rappelons le, des membres de Loudblast, Slipknot, Mayhem et Dragonforce, semble avoir trouvé un style hybride, majoritairement black/death mais ouvert à d'autres horizons.
En plus des références à Morbid Angel ou Slayer teintées de black norvégien, on peut désormais compter sur des influences doom, l'esprit de My Dying Bride n'est pas si loin. S'il est assez surréaliste qu'un groupe comprenant des membres qui ont tous au moins un groupe à plein temps à côté arrive à trouver le temps de sortir un album si peu de temps après leur dernière sortie (leur premier LP "Echoes Of The Tortured" n'a que 2 ans en plus), il l'est encore plus que le dit disque tienne la route. Comment fait Frédéric Leclerc exactement ? On peut se demander si le groupe ne fait pas les choses beaucoup trop vite.
Sur le premier album ainsi que les EP précédents, Leclerc avait déjà des idées de compos depuis 18 ans. Les premiers germes de Sinsaenum ont vu le jour dans son esprit en 1998, mais ce n'est qu'en 2010 qu'il a commencé à vraiment mettre les choses en places et en 2016 que ça s'est concrétisé. Sur l'EP "Ashes", la brièveté du disque fait qu'on ne se lassait guère. Mais sur "Repulsion for Humanity", on commence à sentir les limites d'une telle productivité, qui plus est en parallèle des autres projets des membres. Le tout est ultra efficace et terriblement bien joué, on ne peut le nier, mais l'effet de répétitivité se fait poindre. Nombre de chansons ont des riffs assez peu distinguables (Bon c'est pas non plus "Pure Holocaust" d'Immortal, rassurez vous). La formule créée par Leclerc semble déjà balisée : un gros riff death metal, une ambiance black, un passage doom, un solo heavy... Certes vous me direz, c'est le style, pourquoi changer ? Mais l'uniformité du disque était moins présente sur "Echoes of the Tortured", et on ne peut que légitimement se demander si ce n'est pas à cause de la précipiration. Le fait que Void de Mayhem soit relégué sur cet album au rang de back singer semble conforter cette hypothèse. Le groupe a t'il manqué de temps ?
Le talent est là, les zikos sont tous bons. Donc soyons clairs, ces reproches sont largement compensés par la qualité des compos. Ce serait leur premier album, beaucoup crieraient au classique. C'est uniquement comparé à la quasi perfection des débuts que l'on peut se permettre d'être aussi pointilleux. Une fois passé la déception toute relative, on constate que ça fonctionne toujours très bien. L'album pris comme tel est une tuerie, il a surtout le défaut de sortir très peu de temps après un classique. On peut également se demander si les membres ne sont pas tout simplement peu impliquées, ne considérant ce groupe que comme leur side project et non comme une priorité. Le jeu de Jordisson semble par exemple nettement moins foufou que sur leur dernier EP.
Un album objectivement pas mauvais, même très bon, mais victime du fait de sortir si peu de temps après une énorme claque et sans doute dans une trop grande précipitation, couplée à un éparpillement des membres dans leurs nombreux autres projets. Le talent de compositeur incroyable de Leclerc et le talent des autres membres font largement l'affaire, l'album est bon, mais tout simplement pas autant que ce qu'ils ont fait avant. Pour le troisième album, espérons que les membres soient d'avantage motivés, quitte à ce que le groupe fasse une petite pause ? Ou en tout cas prenne le temps de composer quelque chose à la de leurs débuts. Quand on commence direct par un classique, difficile de ne faire un album que "bon".