Alice Cooper - Road
A peine deux ans après le sympatoche "Detroit Stories", notre cher Vincent Furnier est déjà de retour avec un 29ème album studio sous le nom Alice Cooper (sans compter les albums d'Hollywood Vampires donc) ! Un exploit d'autant plus à souligner, que passé une certaine notoriété, les vieux rockeurs cultes ont tendance à espacer de plus en plus les sorties d'album (seulement 3 albums en 20 ans pour les Rolling Stones par exemple). Mais pas Papy Alice, qui a toujours, dieu seul sait comment, la force d'enchaîner les projets alors qu'il aura bientôt atteint le triple de l'âge fatidique de 27 ans...
Depuis 2011 et la sortie du délirant "Welcome II My Nightmare", sorte de synthèse de 40 ans de carrière, avec une touche de modernité en plus, ce brave Vincent est pris d'un élan nostaligique. Ses albums sortis depuis, "Paranormal" en 2017, "Detroit Stories" en 2021 et ce nouvel opus, "Road", semble tous être faits du même moule que ses albums des années 70. Un reniement de sa carrière postérieure ? Que nenni ! Mais il a fait le tour de ses sujets et semble maintenant uniquement vouloir se faire plaisir à lui avant tout, en se rappelant la musique de sa jeunesse. Ce qui est tout aussi valable pour son side project de reprises avec Johnny Depp. Et une fois encore, après les 2 albums précédents, "Road" n'est "qu'un" album de plus de classic rock, par un chanteur vocalement de plus en plus fatigué, mais qui pourtant transmet une rage et une énergie toujours intacte, qui plus de 50 ans après ses débuts fait plaisir à entendre.
Toujours charpenté par l'increvable Bob Ezrin, le McLeod des producteurs de rock, ce nouvel opus jouit également d'un line up prestigieux : la guitar héroïne Nita Strauss, une petite nouvelle. Un autre guitariste, Ryan Roxie, qui a déjà joué avec Alice sur "Brutal Planet", "Dragontown", "The Eyes of Alice Cooper" et "Dirty Diamond". Toujours à la gratte, Tommy Henriksen (Warlock, Hollywood Vampires). A la basse : Chuck Garric (L.A. Guns, Dio et 4 albums d'Alice également). Et à la batterie : Glen Sobel, un petit génie touche à tout qui a joué aussi bien dans des groupes de metal que des formations jazz, funk ou pop.
"Road" est en quelque sorte un concept album sur la rock life. Certes c'est archi basique, mais ça le fait quand c'est un pionnier du genre qui en parle. On enchaîne les hits, les passages où Alice semble se raconter, et même si parfois la voix déraille et semble radoter, on prend toujours du plaisir. Un hymne comme "I'm Alice" semble avoir toujours fait parti de son répertoire, tant il est une évidence, et on a déjà hâte de l'entendre sur scène. "White Line Frankenstein" semble conclure une trilogie amorcée par ses vieux tubes "Teenage Frankenstein" et "Feed My Frankenstein" et n'hésite pas à y aller niveau kitscherie ! "All Over The World" sonne comme un vieux morceau des Stones. "Dead Don't Dance" rappelle lui un groupe plus récent comme "Black Label Society"... Car encore une fois, et c'est une des forces d'Alice, bien qu'il s'agisse d'un album solo, les musiciens forment un véritable groupe, avec leurs influences propres, qui nourissent ce rock rétro. D'avoir une petite jeune comme Nita Strauss, qui succède à la très similaire Orianthi (même genre de guitariste blonde, même type d'influences variées) est salvateur. Même si globalement, la plupart des zikos sont nés quand Alice tournait déjà ! Mais ça permet, tout en restant dans le cahier des charges d'un album de classic rock d'avoir des inspirations modernes, couplées à des solos typées Chuck Berry ou Van Halen.
Si "Road" n'est qu'un album de plus, qui pourra en faire rire certains de par la voix d'Alice qui galère de plus en plus et un certain côté kitsch qui ne passe pas auprès de tout le monde, il reste néanmoins un disque qui transpire la sincérité et la passion ! Un bonbon qui régalera le fan des débuts en même temps qu'il fait plaisir à son créateur. Mais, tout en s'inscrivant dans une longue tradition d'albums classiques, il a néanmoins digéré plus de 60 ans de rock n roll, synthétisé dans cette ôde au passé qui ne renie jamais la modernité et le présent pour autant. Les musiciens présents sont de vrais compositeurs, qui amènent leur personnalité aux compos, et pas de simples guests, servant de musiciens de session, jouant uniquement des riffs bateaux et passe partout. "Road" ne cherche pas à plaire à tout prix, mais à faire plaisir, à qui voudra bien. Pour ma part, c'est un grand oui, et je n'ai aucun doute que malgré l'âge, il y aura encore 2 ou 3 albums à venir !