Symakya - Project 11 : The Landing
13 ans après un premier opus très exigeant, Symakya revient pour enfin nous proposer la suite de "Majestic 12 : Open Files", toujours sur le thème des apparitions d'Ovnis à travers l'Histoire. C'est un peu comme si Fox Mulder jouait dans Dream Theater !
Si vous avez vu des chefs d'oeuvres du 7ème art comme Iron Sky ou Transformers 3, vous avez déjà dû entendre parler des mystères entourant la face cachée de la lune et de ses possibles habitants. Depuis la littérature du XIXème siècle, les fantaisies sur ce sujet ne manquent pas, et ces fameuses minutes de communications coupées entre la NASA et Neil Armstrong lors du premier alunissage peuvent effectivement laisser libre cours à de multiples interprétations, allant du bug technique, au complot sur fond de guerre froide, en passant évidemment par la rencontre avec les les luniens, les nazis de la face cachée, ou encore les Decepticons. Choisissez votre camp !
Si vous croyez à la théorie des Anciens Astronautes (regardez Stargate si ça ne vous dit rien) ou tout du moins que ça vous intéresse, cet album est fait pour vous, tout au moins textuellement. La SF étant un sujet qui m'intéresse énormément, j'ai eu 2 écoutes radicalement différentes, selon que je me suis focalisé sur le texte ou la musique. Le texte est donc hyper intéressant et donne envie de relire plein d'auteurs conspirationnistes du dernier siècle. En revanche l'écoute focalisée sur la musique se révèle également très riche, d'une autre manière. Nul besoin de comprendre de quoi ça parle pour adhérer au projet, même si c'est un plus indéniable.
L'album mélange donc allègrement le heavy, le prog et le sympho, avec moult orchestrations, mais sans trop partir dans des expérimentations techniques interminables, qui pour moi rendent les groupes progs super chiants par moments. C'est technique, mais ça ne part pas dans tous les sens, il y a une vraie ligne directrice. Avoir interviewé Matthieu m'a d'ailleurs permis d'avoir l'idée d'écouter chaque morceau en focalisant mon écoute sur un instrument ou sur l'harmonique, ou sur le mélodique. N'ayant pas l'oreille absolue et étant plus expérimenté côté chant qu'instruments (ce qui explique pourquoi j'accroche pas quand c'est "trop" prog), je n'ai clairement pas tout saisi, mais il est indéniable en effet que chaque approche psychologique donne l'impression d'écouter un album différent. L'écoute au casque est donc recommandé, c'est un groupe de studio.
Côté chant, Kévin s'en sort remarquablement bien ! J'adore le heavy, mais très souvent les chanteurs tombent les pires travers du genre. Tout le monde n'est pas Bruce Dickinson d'Iron Maiden. S'il utilise majoritairement le chant haut perché, sans trop tomber dans l'extrême qui peut rendre le tout ultra kitsch, il n'hésite pas à plusieurs moments à chanter plus grave, sa technique est impeccable. Le chant est ici traité comme un instrument à part entière, ce qui n'est pas toujours le cas dans le prog, ou souvent le chant est mis de côté les 3/4 d'un morceau. Il y a une certaine parité sur cet album, mais les passages instrumentaux sont évidemment présents.
Si l'on peut retrouver de très nombreuses influences, allant de Dream Theater à Nightwish en passant par Iron Maiden ou Sonata Artica, le groupe ne verse pas dans la copie et trouve le ton juste et un style propre. Avec pile 1 heure pour 10 morceaux, "Majestic 12 : Open Files", propose donc des morceaux relativement courts pour le style, ce qui rend l'album très efficace et sans temps mort. On y retrouve la technique du prog, mais alliée à la puissance du heavy et à la grandiloquence du sympho. A quelques morceaux près, ça peut même s'écouter juste pour le chant et les paroles, pour ceux qui n'écoutent la musique que globalement, et pas en détail, comme toile de fond, les amateurs de groupes plus grands publics notamment. Ce ne sera sans doute pas leur groupe fétiche, mais ça fera bien l'affaire également.
Symakya propose pour ce deuxième opus un album toujours aussi exigeant que le premier, mais qui offre différents niveaux d'écoute, pour plaire à la fois aux auditeurs en quête d'un bon moment auditif et à ceux qui aiment tout décortiquer et analyser. Les geeks fans de théories du complot en lien avec les aliens trouveront également matière à cogiter, l'album pouvant aisément servir de bande son lors de la lectures de livres sur le sujet. Un album très intéressant, qui donne à espérer une suite, qui prendrait moins de 13 ans cette fois.