
Tron - Ares (Original Motion Picture Soundtrack by Nine Inch Nails)
Voilà une chronique qui me demande plus de travail que d'habitude. Y aller juste au feeling après quelques écoutes ne suffit pas. Car ce disque est plein de choses à la fois. Déjà c'est le nouvel album de Nine Inch Nails. Mais c'est aussi la B.O. de "Tron - Ares". Film que je n'ai toujours pas vu, ce qui change la donne, car en général j'écoute la B.O. d'un film après l'avoir vu. Ce sera donc une chronique "à l'aveugle" (hormis pour les extraits des trailers et du clip) se basant sur mes connaissance de l'univers Tron (ça va je connais très bien ce monde) et la disco de Trent Reznor.
Tout d'abord, avant d'attaquer l'aspect NIN, commençons par l'aspect Tron. Le film original est sorti en 1982, et sa B.O. (puisque c'est de musique qu'on va parler, et non disséquer les CGI avant gardistes du film) était signée par Wendy Carlos, célèbre pour avoir réalisé les scores mythiques de Shining et Orange Mécanique. Pour l'époque, ce score particulièrement perché et avant-gardiste symbolisait parfaitement ce qu'on s'imaginait quand on pensait cybernétique. Les sons de synthés étaient omniprésents, ne laissant aucune place à tout élément de normalité. A l'époque, Tron représentait le futur. Mais cette O.S.T. avait également pour lui la présence de l'orchestre philarmonique de Londres, donnant un aspect symphonique, qui sera d'avantage accentué pour le second film. Mais également du groupe culte Journey, comme quoi, contrairement à ce que pensent ceux qui ont découvert la saga avec le second film, il y avait déjà du chant dès l'origine !
Le film ayant assez peu marché en salles, il fallu attendre presque 30 ans avant que le second volet ne voit le jour, Tron Legacy. Entre temps, les CGI au ciné sont devenus la norme et ont fait des progrès assez incroyables. Une remise à jour de la licence semblait assez pertinente, le film était suffisamment vieux pour être vintage, et il a fini par devenir culte en vidéo, au point de donner naissance à quelques jeux vidéos qui ont bien marché. Pour ce second opus, Carlos étant retraitée, Disney a donc décidé de changer radicalement de style, tout en restant dans l'electro, avec Daft Punk. Et la B.O. composée par le groupe fut un énorme carton, plus gros et impactant que le film en lui même. Délaissant complètement le chant, l'OST de ce second opus choisi d'accentuer grandement l'aspect symphonique de l'ensemble et de le fusionner avec le style Daft Punk, donnant naissance à un album de sympho-electro absolument fabuleux. Une merveille, rien à dire de plus. La succession du duo francophone pour le 3ème opus semblait donc compliquée !
Si on pouvait penser que Disney se la jouerait zéro prise de risque et engagerait un autre grand nom de la French Touch, style Kavinsky, qui plus est déjà rodé à l'exercice de l'OST avec le Drive de Nicolas Winding Refn, ils ont à nouveau fait un virage à 180° en choisissant de faire appel à Trent Reznor. On garde la touche electro, mais avec une grosse dose de metal indus. Reznor dit avoir accepté car il était particulièrement touché par le concept du film d'une intelligence artificielle s'interrogeant sur sa propre identité. Cela nous rappelle certains albums de NIN comme "The Downward Spiral" ou "The Fragile". Puis mine de rien, ça fait 5 ans que le combo n'a rien sorti, depuis ses albums Covid "Ghost V" et "VI". Reznor ayant déjà collaboré à plusieurs B.O. par le passé, sa présence ici n'est donc plus si surprenante que ça, connaissant ses obcessions. Même si c'est sûr que voir son nom associée à Disney fait bizarre ! Ses collaborations cinématographiques précédentes étant plutôt du côté du cinéma d'auteur que du gros blockbuster : Tueurs Nés, Lost Highway ou encore The Social Network. Mais chaque règle ayant son exception, il avait déjà collaboré avec Pixar pour la B.O. de Soul ! Pixar appartenant à Disney, cela crée donc un précédent.
N'ayant pas encore vu le film, ce qui ne saurait tarder, il est certains que certains morceaux me laissent plus de marbre que d'autres, étant probablement d'avantages conçus pour accompagner l'image. Mais d'autres peuvent tout à fait s'écouter comme des chansons classiques. C'est même ma grosse surprise, on dirait un album normal de Nine Inch Nails, ce n'est même pas ce qu'ils ont fait de plus expérimental sous leur nom ! En général Reznor et Atticus Ross ont toujours tenu à faire la distinction entre ce qu'ils faisaient sous le nom NIN et leurs B.O., mais pas ici. Ca pouvait surprendre à première vue, mais ça fait tout à fait sens à l'écoute. Contre toute attente, les 2 univers se marient parfaitement. Puis on imagine que commercialement, pour Disney, ça le fait mieux d'afficher Nine Inch Nails sur la pochette du disque, que "Trent Reznor et Atticus Ross". On est sur un blockbuster avec Jared Leto après tout. Et non, pas de collab avec Leto sur le disque, il est du genre à totalement séparer ses carrières d'acteur et de chanteur.
Tronv - Ares sonne comme un mashup de plein d'influences. Ca ressemble à la fois à ce que Ross et Reznor ont pu produire pour le cinéma auparavant, mais également à du pur NIN classique, tout en rendant hommage à l'album de Daft Punk. "As Alive As You Need Me", un des gros titres du disque symbolise parfaitement le concept. Ce choix de single, pas anodin, donne le ton, et globalement le disque tourne autour des concepts musicaux du morceau. Le disque est donc à la fois très homogène stylistiquement, mais part dans toutes les directions d'un point de vue construction. L'autre leitmotiv récurrent de cette B.O. est "Shadow over Me". Ne jamais oublier à l'écoute que la musique accompagne un film et que les répétitions de thèmes sont donc voulues. "Who Wants To Live Forever" est un autre moment fort de l'album, même si à mon grand regret, ce n'est pas une cover de la chanson d'Highlander de Queen.
Pour conclure, cet album n'est pas tout à fait un "pur" album de NIN, tout en l'étant par moments. Ce n'est pas non plus une simple B.O. prolongeant les opus précédents, mais ça leur rend hommage. On a globalement 3 chansons brillantes et une vingtaine de titres d'illustrations, qui passent très bien, mais lassent assez vite sans la référence visuelle du film. Du coup, passé quelques écoutes, je me focalise essentiellement sur ces quelques morceaux et 2 ou 3 autres, soit à peine un quart du disque. L'album mériterait presque une seconde review une fois le film vu ! En l'état, ça reste un album très agréable, avec quelques superbes morceaux de bravoures !
