John Wick
La femme de John est morte et il éprouve une tristesse abyssale. John perd aussi sa voiture et son chien, volée pour la première et tué pour le second, par une bande de crapules russes. Et du coup, John n’est pas content. John reprend donc ses activités passée, à savoir tueur professionnel, pour se venger du fils de son ancien associé. Bon. C’est vrai que dit comme cela, cela semble un peu ridicule. Et c’est ce que le spectateur penses, car monter en épingle un vol de voiture et l’assassinat d’un animal de compagnie, certes c’est pas sympa, surtout dans un moment pareil pour le héros) mais il ne faut pas trop déconner non plus. Le scénario peut tenter de cacher maladroitement des explications relatives à l’émotionnel et aux souvenirs, à ce qui rattache le héros à sa vie, mais les ficelles sont quand même très grosses.
Il n’en reste pas moins que John Wick est un bon film d’action. Et une fois n’est pas coutume, l’action prend son temps. La mise en place du « qui, quoi, pourquoi » est certes un peu longue, mais à l’instar de son héros éponyme, la vengeance de John Wick est méticuleuse. Le but à atteindre reste présent jusqu’au premier dénouement, la vendetta sera exécutée quoi qu’il arrive. Ce qui est intéressant dans le genre du film, c’est que les réalisateur ont voulu garder un côté réaliste aux scènes d’actions. Certes, le héros n’est à n’en pas douter parmi les meilleurs de sa catégorie, mais il n’y a pas de scène rocambolesque proche ou dépassant la réalité. Le héros se prend des balles, saigne, perd même parfois… Autre point attrayant est le « folklore » du milieu mafieux de l’histoire. Les codes employés pour appeler un nettoyeur sont bien vus par exemple. Tout le monde se flingue, certains trahissent, d’autres sont dévoués, mais toujours avec courtoisie, du moins pour « ceux de la vieille école ». Et oui, les « jeunes loups » font fi de la sagesse des plus âgés (ont peu dire qu’ils « pètent plus haut que leur cul, surtout pour ala cible de John Wick)…
La mafia, russe, c’est l’usage en cette période dans les films, dialogue en russe, pas de doublage intempestif (NDR : ridicule ?). Mais surtout, les réalisateurs ont su intégrer les sous-titres ou traductions à même le film, un peu comme des bulles dans une BD (sans les bulles, rassurez-vous). Ce n’est certes qu’un détails, mais, d’un mot traduit à quelques dialogues, ces sous-titres intègrent parfaitement la pellicule sans que le regard s’abaisse et cela permet de rester dans le film et en faire partie intégrante. Surtout pour les non initiés, c’est agréable de ne pas avoir à regarder autre chose que les images ; pour ceux habitués, c’est un petit plus indéniable. La bande son aussi tranche avec ce qu’on à habitude d’entendre. D’ordinaire, soit la musique est une composition orchestrale, soit cette dernière est mélangée à des morceaux plus actuels (rock, pop, techno, etc.). Ici, la BOF est intégralement rock / pop-rock, ce qui n’attire pas l’attention de prime abord mais titille au fur et à mesure que les minutes s’égrènent ; pas d’orchestration symphonique. Et c’est loin d’être désagréable.
Nous avons donc un ensemble cohérent, fait avec un certain style qui est propre au film, et agrémenté d’acteurs moins connus ou moins mainstream et d’acteurs de second plan (oui, toi, spectateur, tu connais leur tête, mais tu ne saura pas dire leur nom). Là où le bas blesse, c’est d’abord sur la première partie. Celle-ci, même si obligatoire pour mettre ne place le héros, est vraiment trop longue. Au bout de quelques minutes, hormis la toute première scène qui nous indique que ça va bastonner, le spectateur se demande comment il va arriver à l’action, surtout qu’aucune corrélation avec le passé n’est évoquée. Cela… traîne… trop… en… longueur… l est fort à parier que lors d’une projection télé dans un avenir plus ou moins proche, le spectateur zappe assez vite et passera à côté de l’action promise par le genre du film.
Mais le gros problème de ce néanmoins bon film d’action est : Keanu Reeves. Si son jeu d’acteur fonctionne bien lorsque ça « tatane » (trad. : scènes d’actions), il n’ne est pas du tout de même sur la retranscription des émotions du sieur Jonh Wick. Le côté impassible sied très bien à un tueur à gage, mais lorsque celui-ci, vengeance ou pas, rangé des voitures ou non, est sensé être triste, avoir du remords ou une quelconque émotion et que cette émotion ne transpire pas, c’est gênant. Cela enlève du cachet à l’acteur, qui plus est s’il s’agit du héros. Keanu, tu traverses les décennies, mais il faut aussi montrer des choses autres que des scènes de bagarre ou de flingues…
Nous avons quand même un bon film d’action, avec de bonnes performances physiques, des bonnes idées (certaines très bonnes). Allez-y, pas de regrets.