Taeter City
OFNI gigantesque aujourd’hui avec Taeter City, et sommet d'exploitation de bis zédard. Vous vous rappelez d’Adam Chaplin ? Non, probablement, le film en question, malgré sa sortie en DVD, restant dans les tréfonds des bacs à bizarreries. Et bien l’équipe de Giulio De Santi a récidivé avec Taeter City, et le résultat, malgré une durée d’à peine une heure 12, est un film bis qui reste en mémoire pour ce qu’il offre à son public. Fauché, mais ultra ambitieux et jamais à court d’idées, c’est un film qu’on peu mettre à côté de Starship Troopers et de Tokyo Gore Police sans qu’il ait à rougir de son manque de moyen. Une récréation bis comme on les aime.
J’insiste sur la comparaison avec Tokyo Gore Police, parce que pour Starship Troopers, la différence de budget est trop énorme. Mais il y a cette même culture du second degré, ici ressortie avec tellement d’excès qu’on est mort de rire à chaque fois qu’ils en rajoutent une couche. Ainsi, dans les taeter burger, les gens commandent des doigts, des steaks de mains, de la cervelle bouillie… Les os des criminels sont recyclés pour en faire des baskets… C’est juste une orgie de concepts aussi bancals que réjouissant, tel que forcé on est de l'admettre, le foisonnement d’idées que développe le film plante Taeter City comme un univers futuriste fascinant. Ressassant toujours les mêmes slogans dans des spots publicitaires omniprésents, s’appropriant les individus à la moindre infraction, l’Autorité, suprême force qui semble avoir remplacé le gouvernement et qui emploie des dizaines de scientifiques masqués, veille à la fabrication constante de criminels pour approvisionner ses taeter burger, et ferme les yeux sur les effets secondaires provoqués par les ondes. C’est également le deuxième point attachant de Taeter City : il n’y a pas de gentil. Pas de héros, pas de résistance… L’ensemble de la société s’est fait à cette idée, l’a accepté et consomme les produits qu’elle offre. L’implantation dans une société déviante est ici complète.
Les personnages que nous suivons n’en sont que des produits, comme ce criminel hyperviolent boosté aux ondes ou cette exécutrice de l’Autorité qui travaille officiellement pour les exploiteurs avec une fidélité sans borne. Mais le véritable point fort de Taeter City, c’est le GORE ! Une heure douze, mais il ne se passe pas une minutes sans un gros truc sale qui tâche, et question surenchère, le film n’arrête pas pendant toute sa durée. Explosions de corps, de tête, découpage sommaire, gants à plasma tranchant tout, tronçonneuse, flingues à balles explosives, bon vieux couteau de cuisine… Impossible de dresser la liste tant le film regorge d’idées, qu’il met en scène avec le même impact. On rajoute à ça l’esthétique ultra underground de l’ensemble (décors d’usine, décors urbains complètement bétonnés). Malheureusement, le petit budget se fait sentir dans les gros plans, et certaines séquences comme le déplacement des tueurs de l’Autorité dans des bolides futuristes… dont on se rend compte assez vite qu’il s’agit de voiture télécommandées filmées de très près…
De même pour le gore, le film privilégie la quantité à la qualité des trucages, aussi, beaucoup d'incrustations cheaps, de maquillages à la truelle et de sang transparent sont à prévoir. De même, si l’enthousiasme est communicatif, le style affiche une certaine pauvreté visuelle, l’esthétique laissant parfois un peu à désirer. Mais en termes d’ambitions, Taeter City est un bond de géant pour Giulio De Santi, qui a fait son Starship Troopers plus bis que sérieux (facile de dénoncer le cannibalisme) et qui rivalise avec TGP en termes de gore (mais pas au niveau des mutations, là, TGP est d’ailleurs imbattable). Bref, c’est une curiosité très sympathique à découvrir.