Massacre A La Tronconneuse - Le Commencement
Massacre A La Tronconneuse - Le Commencement : On touche ici à un film un peu controversé au sein de la saga, car hybride entre deux styles radicalement opposés (l’atmosphère glauque du remake et le torture porn sanglant), et qu’il ne recèle absolument aucune surprise. C’est typiquement l’exemple du film de producteur, commandé pour exploiter le filon rouvert par le remake, prenant du coup des allures de préquels pour appâter encore plus de monde. Mais c’est aussi un prolongement du remake, qui se lâche bien plus dans son ambiance, qui revient pour le coup à une certaine folie, qui égale Tobe Hooper dans son premier travail (son second reste néanmoins au dessus), marquant durablement le souvenir du fan. Tous les afficionados se souviendront de ce cru, contrairement à la nouvelle génération. Sur le terrain du préquel, on est d’ailleurs proche du travail d’artisans, le nombre de détails foisonnant et recoupant de nombreuses fois ce qu’on a pu voir dans le remake (les dents de Hoytt, les jambes du grand père, les griffures d’ongle sur les murs…). Une profusion de clins d’œil qui vient flatter la mémoire ou éclaircir le sujet. Cette scène d’amputation est d’ailleurs assez intéressante, car en plus de nous donner une explication sur les origines d’un personnage, on renoue avec la folie macabre des originaux en filmant du gore avec un second degré macabre particulièrement présent. Événement lui aussi intéressant, le bizutage des futures jeunes recrues par un R Lee Ermey leur racontant des anecdotes de la guerre de Corée, rappelant le discours acide à l’encontre des conflits dans Massacre à la Tronçonneuse 2, tout en raillant/pompant la performance du bonhomme dans Full Metal Jacket. R Lee Ermey ayant fait son service militaire au Viet Nam, la scène prend alors une teinte particulière. Après, c’est comme dit précédemment, aucune surprise pendant toute l’histoire. Les personnages secondaires sont éliminés avec plus ou moins d’impact, et les morts de nos quatre personnages centraux sont assez dramatisées.
Néanmoins, un souci du film à propos de Leatherface se révèle être son iconisation à moitié réussie. Si sa naissance se fait d’une façon moins brutale que celle qu’on était en droit d’attendre, son enfance est plutôt réussie, avec notamment un certain lien avec les animaux morts, dans lesquels il se découpe des fragments de peau pour s’en faire des masques. A l’abattoir, Leatherface est très convaincant en boucher, et son premier meurtre est impressionnant. Seleument… Pourquoi prend-t-il la tronçonneuse l’instant d’après. Il n’y a aucune explication à ce sujet, aucune raison particulière pour qu’il devienne un manique de l’engin en question. Parlons maintenant du gore. L’histoire se retenait vraiment jusqu’à l’arrivée du motard, mais après, c’est l’orgie sanglante. Les motards en prennent pour leur grade, mais si R Lee Ermey parvient bien à créer le second degré par ses tirades hallucinées, la scène ne relâche pas totalement la sauce. Un peu de sang sur le sol, mais rien de plus. Et 5 minutes plus tard, une véritable orgie sanglante avec du bide tronçonné en plein cadre, et de la découpe de visage en gros plan. Impressionnant, c'est peu de le dire, le film culminant alors en essayant alors d'associer débauche graphique et malsain.
En revanche, tout le monde tape sur cette fin, attendue, bateau et nihiliste… Heu… Les gars, dans tous les Massacres à la Tronçonneuse, la fin reste, dans une certaine mesure, positive en accordant la survie à une personne ou plus. C’est la première fois qu’ils nous font le coup, un peu de respect pour cette innovation dans l’esprit de la saga. Certes, elle est le reflet de la tendance du cinéma d’horreur américain actuel, qui a tendance à se radicaliser et à ne faire que dans un registre. Ce registre là ne prête pas à rire, mais il est cohérent avec l’histoire de Texas Chainsaw Massacre : ce sont les premiers d’une série de 75 personnes, on voit mal comment ils s’en seraient sortis. D’ailleurs, il est intéressant de noter que Massacre A La Tronconneuse - Le Commencement est une œuvre assez hétérogène, qui mélange les ambiances et qui radicalise son propos sur la guerre du viet nam (les jeunes recrus vivant leur enfer sur le sol américain), une opinion un peu engagée quand même quand on sait que Jonathan Liebesman nous pondra pas la suite la purge qu’est Battle Los Angeles. Ce préquel surpasse donc largement le niveau du remake, qui à manquer parfois d’un peu de cohérence (la femme au thé ne sert strictement à rien d’autre qu’à assurer la continuité avec le remake), en tentant de retrouver la folie des premiers opus. Louable tentative, qui malgré ses imperfections, fait du fan service avec toute la générosité que pouvait nous offrir Michael Bay, décidément meilleur producteur que réalisateur.