Metalhead

1986, Hera (parfaite Thora Bjorg Helga) une Islandaise de 12ans assiste à l’accident mortel de Baldur, son frère plus âgé qu’elle de quelques années. Le temps passe mais Hera n’accepte pas sa mort, tout autant que sa famille, surtout sa mère qui tombe dans une profonde dépression. Un beau jour Hera décide de rendre hommage à son frère qui était fan de heavy metal, sa chambre étant encore bardée de posters d’Iron Maiden, Judas Priest, Def Leppard, Megadeth, en voulant tout connaitre de cette musique et d’en adapter les codes. Du jour au lendemain celle-ci porte sans cesse des t-shirts de ses nouveaux groupes favoris, un blouson en cuir et commence à faire preuve d’un certain esprit de révolte.

Cette révolte qui gronde dans quasiment tous les metalleux que la création ai pu engendrer, et c’est là que se construit la première force du film de Ragnar Bragason (également scénariste), en un métrage l’on a droit à toutes les choses de la vie qui font que l’on en vient à rejeter bon nombres de principes en tant que metalhead. La crise d’adolescence pour commencer, la famille dissolue, quand on vit sous un toit ou tout n’est que non-dit aprés un drame, la non acceptation de la mort d’un proche, le rejet par autrui qui ne comprend pas le monde dans lequel vous vivez (Hera habite dans une très petite communauté rurale, faisant ce fardeau encore plus lourd), l’indignation face à la religion (comment accepter un dieu qui retire votre frère ?).

Face au mal être qui la ronge Hera se laisse emporter par l’alcool avant de commencer à comprendre que composer de la musique metal sera peut-être là pour la sauver. Et se met écrire de la musique sur une guitare ayant appartenue a Baldur. Et la deuxième tour de force de la part de Bragason, celui de nous faire vivre quasiment 2 décennies de metal d’un seul coup (la fin des années 80 et premiere parties des 90's), commençant a composer un heavy metal tres classique Hera evoluera vers le black metal en jouant de la guitare, vocalisant et programmant elle-même sa batterie après la courte vision a la tv d’un des premiers fait divers de l’inner circle Norvégiens avec l’incendie de l’église Stavkirke de Fantoft par Varg Vikernes de Burzum en 1993, vision qui marquera durablement la demoiselle qui après s’être fait rejeter par un membre de l’église vient à commettre l’irréparable en prenant exemple sur ce nouveau et violent courant musical.

Troisiéme tour de force du réalisateur en peignant la "rédemption" que peuvent avoir beaucoup de metalleux en préférant se ranger et accepter de faire parti du moule, ce moment précis du film peut faire très peur et penser que tout se finira sur happy-end formaté. Mais une visite impromptue va venir rechambouler le quotidien d’Hera, un changement de situation qu’il est impossible de décrire dans cette critique pour ne rien spoiler, mais qui risque fort de donner des frissons a tout metalleux extrêmes ayant connus l’époque du tape tradding et la signature des premiers groupes du mouvement.

Tout cela finissant sur un quatriéme et puissant tour de force, donnant la vision d’Hebra du pendant féminin de feu-Quorton de Bathory, encore plus lors d’un concert improvisé ou sa musique passe en quelques secondes d’un black metal extrême et hurleure à celui très proche d’un viking metal fait d’émotions pures. La maitrise de ce film ira jusqu’au plan final qui nous démontre que certaines personnes arrivent a faire table rase de certaines douleurs, et que d'autres doivent vivre avec et feront tout pour se chercher un exutoire a celles-ci.

Seul le rythme tres lent de l’histoire et le coté independant pourra rebuter, mais Metalhead est surement le meilleur film sur le metal ayant jamais été réalisé, traitant le sujet avec beaucoup de sérieux, à des années lumières de nombres de parodies ou de clichés Hollywoodiens, et chaque metalleux peut se retrouver dans l’une des situations que rencontrera Hera.

Un film qui ne pourra laisser insensible aucun cœur de metal.