Sinister

Alors que tout le monde se masturbent sur Paranormal Activity 4, préférant frissonner devant une porte qui claque, des lumières qui s’éteignent et des angles de caméras moisis, il existe une autre catégorie de cinéaste qui prend des risques, quittes à se planter. Pour Sinister, ce n’est pas un perfect, mais il a au moins le mérite de nous faire réellement peur grâce à une ambiance bien présente et quelques moments cultes.  

Ellison est un auteur de romans policiers inspirés de faits réels. Dans l’espoir d’écrire un nouveau livre à succès, il emménage avec sa famille dans une maison où les anciens propriétaires ont été retrouvés inexplicablement pendus. Ellison y découvre dans le grenier des bobines 8mm contenant les images de meurtres d’autres familles. Qui a filmé ces tueries et pour quelle raison ? Ellison va tenter de répondre à ces questions tandis que le tueur présumé, une entité surnaturelle présente sur les films, menace de plus en plus sa famille.

Le réalisateur Scott Derrickson n’en est pas à son premier coup d’essai dans le domaine de l’horreur, puisqu’il avait déjà signé Hellraiser 5 (mouais…..) et L’exorcisme d’Emily Rose (ce qui est déjà mieux). Certes, l’homme avait aussi réalisé le remake de Le jour où la terre s’arrêta, mais bon les erreurs ça arrive. Alors que vaut ce Sinister ? Et bien il se défend sur le thème que l’on exige : la peur !  

Car Derrickson mise plus sur une ambiance pesante par le silence et les légers bruits qui parsèment la maison. Cette ambiance rappelle d’ailleurs ceux du jeu Silent Hill, mais sans le coté glauque et crade. Si les passages à l’intérieur de la maison se déroulent avec très peu de musiques, c’est un peu différent en ce qui concerne la diffusion des diverses bandes de Super 8 que Ethan Hawke regarde. Les séquences Super 8 sont volontairement très inspirées des films de « found footage » qui pullulent sur les écrans depuis quelques années. C’est à ce moment-là que l’ambiance sonore entre en jeu, grâce à une musique composé spécialement pour chacune des scènes, de plus certaines d’entre elles sont à la limite de la scène culte tant elles sont terrorisantes. On notera toutefois quelques « jumpscare » un peu facile. 

Ethan Hawke est un choix bien pensé pour le personnage d’Ellison. Un écrivain voulant retrouver ses heures de gloire, en s’inspirant de vrais crimes. Il se donne l’auto satisfaction d’être un enquêteur, mais quand il fouillera un peu plus l’histoire de la maison on découvrira en lui un voyeur qui refuse de faire marche arrière pour son livre, et voir ainsi ses limites. Le petit souci est que les personnages secondaires sont simplement inutiles, ou ont été mal exploités. C’est dommage, d’autant que certains pouvaient prétendre à avoir plus d’importance.

Cela étant dit, Sinister souffre de quelques défauts un peu gênants. En effet, de nombreuses incohérences viennent légèrement gâcher l’immersion de certaines scènes. Quand Ellison se met à fouiller la maison et tombe sur quelques choses d’épouvantables, il hurle à la mort sans compter tout le bruit du mobilier, et tout ça sans que cela réveille qui que ce soit dans la maison ! Je rappelle qu’il vit avec toute sa famille. De même, d’un point de vue scénaristiques, beaucoup de questions restent sans réponses, principalement sur l’entité emblématique du film. Il est impossible d’en parler sans prendre le risque de spoiler honteusement le film. D’ailleurs la fin est typiquement une excellente fin de film d’horreur, très audacieuse, mais qui malheureusement tire un peu en longueur. 

Sinister est une œuvre imparfaite, certes, mais grâce à ses séquences Super 8, son ambiance sonore et sombre, Derrickson parvient à le sauver de ses défauts un peu trop évidents. Espérons simplement qu’à l’avenir, il parviendra à venir à bout de ses failles, et il vaudrait mieux : Scott Derrickson est le réalisateur choisi pour adapter à l’écran le célèbre jeu de Square Enix Deux Ex : Human Revolution. Après tout, la pression peut donner de bons résultats.