[REC] 3 - Genesis
Rec 1 & 2 ont été de petites de petites bombes à leur sortie, l’un pour l’horreur percutante et un rythme soutenu, et l’autre pour son action généreuse et quelques petits ressorts scénaristiques divertissants. Rec 3 pose en revanche plus de soucis, car le plus talentueux des deux réalisateurs de la saga s’est cassé pour tourner son bon Malveillance. Paco Plaza, artisan besogneux mais pas irréprochable, s’attaque tout seul à la tâche. Les résultats ont été on ne peut plus mitigés, le virage vers la comédie horrorifique ayant complètement dérapé. Mais au final, que reste-t-il du film ?
Rec 3 est un élément étrange de la saga Rec, puisqu’il entame les tentatives d’écarts avec ce qui faisait jusqu’à maintenant la trame de la saga (des démons dans un immeubles et des survivants qui tentent de survivre). Ici, c’est une tentative de préquel. Mais pour dire quoi ? Au final, on n’en saura pas vraiment plus sur les origines du Mal, ni sur l’intérêt de faire ce préquel. C’est simplement une fête de mariage (avec suffisamment de détails pour faire écho à ceux qui sont déjà allé à ce genre de fête) qui tourne au vinaigre avec un peu d’action au bout d’une demi-heure. Mais sinon, Rec 3 rate le coche à plusieurs niveaux. Le premier, et pas des moindres, c’est sur l’humour. Il apparaît clairement que Paco a essayé de faire de Rec 3 une sorte de comédie horrorifique, sauf qu’à aucun moment on ne rira. Pas à un seul instant (par pitié, les gags de bourrinage gore, on nous les ressort tout le temps depuis Shaun of the Dead). L’humour est d’ailleurs tellement inefficace que certaines critiques ne le voient même pas, focalisée sur le gore ou la pseudo-histoire d’amour du couple se mariant. Alors que le mari parade en armure (censée être la métaphore du prince charmant s’en venant quérir sa destinée), la mariée fait son travail psychologique normal de femme qui devient une machine à tuer parce qu’elle est enceinte (oh là là, vous commencez à piger les origines de la créature du 1&2 ?). Tout ça est d’un cliché, malgré les apparences, qui peine à donner de la fraîcheur là où on en attendait. On peut toutefois noter les louables efforts de Laeticia Dolera pour nous faire aimer son personnage de jeune femme dynamique (ça commençait mal avec un diaporama en mode windows movie maker, mais ça saméliore à l’état adulte), mais si sa performance physique est là, le reste du film traîne la patte. La séquence où elle manipule une tronçonneuse sur fond de musique drôle… Certes, la mariée est sympathique, mais on a déjà vu ça dans Dead Snow, en plus drôle.
Le récit de survie occupe donc un peu moins d’une heure de bobine, nous menant à un dénouement qui se voulait déchirant, mais qui est juste foiré. On se détache du sort de nos personnages, et à partir de là, leur sortie nous laisse froid. Pour l’innovation en termes d’image, le film abandonne après une demi-heure la caméra à l’épaule (ça commençait à faire vraiment mal à la tête) pour filmer classiquement l’histoire, mais les décors sont tellement lumineux qu’on peine à stresser dans cette ambiance de fête un poil gâchée par quelques rebus du diable… A titre de bilan, on en retiendra pas grand-chose. Contrairement à ses aînés, Rec 3 n’est pas assez divertissant, pas assez drôle, pas assez marquant pour qu’on lui accorde de la place dans notre mémoire cinéphile. Quelques minutes sympas, une réalisation molle… Rip