Hostel - Chapitre 2
Hostel - Chapitre 2 est le film où la communauté horrifique s’entredéchire. Ils y a ceux qui considèrent le premier comme un coup de maître et sa suite comme une extension qui ne fait qu’aboutir les thèmes esquissés dans le premier ou ceux qui voient en Hostel un brouillon et dans Hostel 2 la véritable copie d’Elie Roth. En effet, pour sa suite, Eli change du tout au tout son casting, en plongeant maintenant des filles dans l’enfer de la torture. Une démarche qui a mal fait réagir certaines critiques le taxant de misogyne, alors qu’au contraire, le film tombe parfois trop dans le pamphlet féministe en soutenant trop ses héroïnes. Si au final, les bilans sont équivalents, la rescapée n’en sort ici indemne, au prix d’un acte sur lequel on va revenir. Commençons par le début : l’introduction. Exit la comédie primaire du premier (certes hors sujet mais qui permet une digression intéressante), place à la caractérisation classique des étudiantes en art, qui décident de partir en Slovaquie le temps d’un week end. Une caractérisation sympathique, mais un passage dans le train vraiment looooong, qu’on croirait échappé d’un Boulevard de la Mort made in Quentin Tarantino. Du début de leur aventure, il n’y a à retenir que la magnifique scène de mise aux enchères où des dizaines de personnes débattent des prix de nos protagonistes.
En 5 minutes, Eli Roth résume d’une manière admirable son discours sur le capitalisme. Une jolie prouesse qui ne fait pas oublier un scénario qui s’étend un peu (comme le premier, sauf qu’on y riait en mode régressif). Heureusement, on peut se mettre sous la dent les portraits psychologiques de nos futurs bourreaux, dont on va suivre le parcours psychologique. Alors que l’un est un jeune cadre chronique, axé en plein sur la réussite personnelle et les passes temps de jeunes riches (extraverti et jouisseur, donc), l’autre est un type refermé sur lui-même, frustré par sa femme qui possède l’autorité familiale. Sa frustration est perceptible dès le premier plan, et il se révèle vraiment être le personnage le plus intéressant du film, car son évolution sera clairement la mieux illustrée (Roger Bart a un talent indéniable). Passons les quelques séquences qui ménagent le suspense jusqu’à ce que la commande de ces gentlemen soit prête. On a droit enfin à un meurtre chiadé, à la mise en scène plutôt osée faisant directement écho au personnage de la comtesse Bathory, qui voit mourir la première de nos filles. L’absence d’enjeux psychologiques étant ici évidente, on se rabattra sur une mise en scène efficace, qui restera la meilleure séquence gore du film. On reprend enfin nos héroïnes dont on connaît déjà le destin (une chose qui était absolument imprévisible avec Hostel premier du nom), leur caractérisation largement classique nous rassurant quant à leur avenir (en tout cas pour Beth). Côté design, l’ambiance est nettement moins glauque que dans le premier, Eli ayant remanié le design des cabines, maintenant bien sécurisées et surveillées par caméra. Une démarche intéressante qui ne sert pas vraiment le suspense pour autant. On y verra surtout la prospérité de l’entreprise qui investit tout maintenant dans la sécurité.
Au niveau de nos bourreaux, les évolutions sont simples. L’extraverti voit le fantasme qu’il voulait se créer (une parodie de fille très mal maquillée) frustré de la plus stupide des manières, alors que le faible, qui n’est toujours pas dans l’état d’esprit nécessaire pour la torture, se mue peu à peu en bête avide de chair fraîche. C’est là que le discours de Roth se révèle intéressant : dans la transformation rapide d’un voisin de banlieue avec ses frustrations qui en prenant rapidement le contrôle de la situation sent vite la bonne odeur du pouvoir, et finit par devenir le loup qui l’écœurait l’instant d’avant. Le dénouement, ultra féministe comme il faut (Tu la sens, hein ?) conclut sur le capitalisme en inversant totalement les rapports de forces au dernier moment, achevant la parodie du système économique avec plus de finesse que les images ne le laissent croire. Cependant, Hostel 2 passe après le premier, et il se révèle donc décevant pour une narration beaucoup plus classique que son aîné et une approche féminine très « tarantinienne » qui se freine plutôt au niveau de la violence alors qu’il se déchaînait dans le premier sur nos héros. Clairement ici, à l’exception de la mort de Witney, rien de très osé ne viendra relever la chose, Roth tenant sérieusement le frein niveau malsain. Assez dommage, la finesse d’écriture faisant mouche plus d’une fois au cours du film, qui tombe hélas dans des formules classiques qui ne surprendront pas grand monde. Pas une déception, mais la claque du premier est passée depuis longtemps.