Thor
Thor, un des héros les plus puissants de Marvel, a débarqué dans nos salles cette année. Les critiques étant partagées, je me suis laissé dire que le film était moyen, devant avoir un visuel plutôt aguicheur mais pas vraiment d’intelligence pour le reste. Je n’étais pas tombé très loin au vu du résultat, et Thor semble bien parti pour être la preuve que Marvel semble faire preuve de relativement peu d’originalité quand il s’agit de faire la genèse de ses super héros. Kenneth Brannagh a beau avoir fait le mésestimé Frankenstein, sa réalisation compétente se heurte ici à un script un peu trop simple pour donner à Thor toute l’étoffe nordique que le projet appelait (et qui, ironiquement, était plus efficace dans La Légende de Beowulf, qui proposait des personnages similaires (héros blond, princesse, Anthony Hopkins…).
Thor crée d’abord la surprise, en proposant un univers visuellement décoiffant avec la cité où règne Odin, et dont l’intrigue se passera dans trois mondes différents. Un univers riche, et donc propice à nous offrir des aventures dignes de nos attentes. Pas tant que cela cependant, l’escarmouche chez les géants de glace ne durant que quelques minutes, et offrant à peine de quoi voir de beaux combats). Le caractère de Thor apparaît vite comme celui d’un enfant impulsif qui règle tout sur un coup de tête. En bref, le nordiste un peu bas de plafond mais généreux dans les intentions que l’on attend. Et bien on nous faire prendre en grippe son caractère, et l’exil sur terre devient vite une thérapie devant le guérir de sa suffisance. Mouais… de la psychologie… Mais bon, on passe, le temps que quelques gags avec le nordique jusqu’à sa prise de conscience avec le marteau. Si la scène a au moins le mérite d’ébranler le héros du film, son espèce de parcours de rédemption en devenant sympa avec l’équipe de météorologues apparaît comme simpliste, voire même gamine tant sa simplicité relève de la naïveté crasse. Rédemption ? Tout simplement un agencement de faits des plus insignifiants, qui s’accumulent sans former rien de plus qu’un tas. C’est tellement dur à avaler que la scène où le marteau décolle pour aller se loger dans la main de Thor achève de rendre artificielle la rédemption du héros. Alors comme ça, un petit sacrifice lave de tous les péchés qu’on a faits et refait de nous des hommes bons. Constantine nous a déjà fait le coup. Et heureusement que c’est le marteau qui va jusqu’à l’homme bon, sans quoi Thor reposerait à cette heure six pieds sous terre (cet effet pose d’ailleurs un problème, puisqu’il étend la possibilité d’aller à une personne de bien extérieure à l’histoire… Coup de bol : pas un seul homme de bien sur terre). Avec un exterminateur qui se fait rétamer la gueule en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire (c’était un peu LE boss de l’histoire), Thor revient aux affaires par la petite porte plutôt que par la grande.
La fin a au moins le mérite d’offrir un combat convenable (à condition d’oublier les dialogues, sensés être profonds) dans une arène des plus colorées. Le personnage bancal par excellence, c’est le gardien du portail. Un grand black avec un casque et une grosse épée qui fera constamment l’inverse des ordres qu’on lui donne. Il promet de ne pas avertir Odin… et l’envoie à la rescousse dix minutes plus tard. Il jure engagement à un perfide... et rompt son vœu dans la minute qui suit. Il est paralysé pendant dix minutes… et bande ses muscles vraiment au dernier moment pour briser la glace… C’est tout simplement le personnage le plus insupportable du film, porteur d’une bannière coolisante qui tranche radicalement avec l’étendard neutre qu’il était sensé arborer. Mis à part ce personnage totalement à côté de la plaque, le film se prend comme un block buster plutôt bien réalisé, avec un univers riche, mais au potentiel encore peu exploité. Malgré un méchant ridicule (qui voudra exterminer sa propre race sans aucun mobile ?!), l’univers séduit par son côté bancal et une certaine finition technique des effets spéciaux. Inutile d’aller chercher plus loin que cela.