Crimson Peak
Guillermo Del Toro est un auteur maudit. Si beaucoup reconnaissent son talent visuel, le public ne le suit que rarement ce qui n’est pas dur sa cause auprès de producteurs en quête de rentabilité financière. Il faut voir le sort de Pacific Rim (à réhabiliter pour ceux qui n’ont pas gratté le vernis spectaculaire pour voir les nombreuses idées humaines qui passent par la mise en scène), succès mitigé dont la suite prends du temps à se concrétiser, ou les deux Hellboy qui, malgré un vrai soutien populaire, ne connaitra sûrement pas de troisième volet car les 120 millions de dollars de budget seraient trop volumineux (alors que Transformers 4 a droit à 210 millions de dollars, chienne de vie…).Et à cela il faut encore ajouter Le Hobbit (sur lequel il a travaillé mais a dû jeter l’éponge) et Les Montagnes Hallucinées, abandonné par les studios suite aux recettes peu favorables de Prometheus se situant apparemment dans le même style (mais qui a lui droit à une suite). C’était donc avec joie que l’on retrouve le réalisateur du Labyrinthe de Pan pour ce qui s’annonçait comme un récit de maison hantée à l’ancienne. Du moins, c’est ce que promettait une bande-annonce alléchante et rempli d’esprits aux looks particuliers. Malheureusement, le récit n’est pas tant que ça horrifique et se rapproche plus du romantisme gothique. D’ailleurs, comme le souligne Edith Cushing (Mia Wasikowska, Alice au Pays des Merveilles) , nous sommes moins dans une histoire de fantômes qu’une histoire avec des fantômes.
Mais quelle est donc celle-ci,me demandez-vous ? Crimson Peak suit Edith Cushing, jeune femme américaine dont les romans ont du mal à être publié de par son sexe et qui a la capacité de parler aux fantômes. Un jour, elle rencontre Sir Thomas Sharpe (Tom Hiddleston, Avengers), baronnet anglais qui désire avec sa sœur Lucille (Jessica Chastain, Interstellar) faire un emprunt au père d’Edith. Un événement tragique va pousser Edith et Thomas à se marier et à cette première d’emménager dans le domaine de ce dernier. Mais est-ce que ce lieu serait Crimson Peak, dont sa mère récemment décédée l’avait mis en garde ?
La campagne promotionnelle du film s’est donc basée sur les fantômes présents dans le récit alors que ceux-ci sont moins l’intérêt principal du film que la relation tourmentée entre Edith et Thomas, que ce soit par la présence d’autres personnes cherchant à prendre le cœur des protagonistes ou le passé secret du noble anglais. Halte donc à ceux qui espéraient un authentique film d’horreur, bien que Crimson Peak regorge de nombreux moments d’effroi, notamment grâce à des fantômes particulièrement effrayants. Leurs apparitions ne nécessitaient malheureusement pas d’être autant soulignés, les rapprochant dujump scare raté par moment.
Le véritable souci du film est son scénario, fortement prévisible. Si l’on ne parlera pas ici des nombreux rebondissements de l’intrigue, ceux-ci se voient d’assez loin et aident peu dans l’implication du spectateur dans le récit. Si les personnages sont bien écrits et que l’on sent l’implication sincère des interprètes, il arrive que l’on se désintéresse de leur sort. Heureusement que visuellement, le film est magnifique. Outre une mise en scène somptueuse (mais bon, on parle de Guillermo Del Toro quand même), les effets spéciaux sont superbes et rendent justice au style très intéressant des spectres.
Bref, si l’on peut être déçu de ne pas être en face du véritable film d’horreur promis par la promotion, Crimson Peak reste une romance gothique aux relents horrifiques avec des images superbes méritant vraiment la peine d’être visionné et revisionné, surtout chez soi en dvd.