La Momie
Ravagé par les critiques, La Momie devait constituer le premier film du nouvel univers de monstres Universal. Mais que dire dessus au final ?
Il m'est difficile d'aborder ce film sans parler à la première personne. La raison est simple : chacun perçoit un film différemment. La notion d'objectivité est ainsi difficile, tout comme pour n'importe quelle matière d'ailleurs. On imagine les critiques comme des frustrés qui remettent leur colère de ne pas créer sur les « créateurs ». Mais s'il existe des gens comme cela, il y a des gens passionnés, comme moi, qui essaient d'expliquer ce qu'ils aiment dans une œuvre et d'ouvrir le débat. Il est évident que mon point de vue n'est pas absolu mais aucun avis ne l'est de toute façon. C'est pour cela que lorsque le réalisateur de ce film, Alex Kurtzman, dit que sa Momie n'est pas pour les critiques mais pour les spectateurs, il se voit insultant à deux niveaux : pour les critiques, imaginés comme des personnes hautaines et malveillantes, et pour les spectateurs, simplets de nature. Le truc, c'est que les critiques sont des spectateurs comme les autres et tout spectateur est critique. Il insulte donc les passionnés, les amoureux du septième art qui cherchent, selon leurs critères, des bons films, ce que n'est pas du tout La Momie.
Ce film, j'aurais voulu l'aimer. J'aurais voulu le défendre, non pas pour faire le buzz comme certains crétins orgueilleux mais parce que l'on doit toujours défendre une œuvre pour au moins les passionnés qui ont œuvré dessus avec leur cœur. Mais ici, la tâche est compliquée. La matière était là pourtant, comme le casting. Mais tout semble raté, et pire, La Momie a plus un aspect de blockbuster fade interchangeable qui le rend rapidement oubliable. Les personnages sont tous détestables, la mise en scène est simple au possible et l'intrigue prévisible comme pas permis. Le manque d'intérêt pour les monstres se retrouve même dans le combat entre Hyde et Morton, sans saveur et aux tentatives de punchlines à se cogner la tête contre le mur. Le film n'introduit jamais réellement son univers et en tant qu'œuvre unique, elle ne dispose d'aucune personnalité. Que l'on ait affaire à un produit destiné en priorité à la rentabilité, il faut l'accepter, mais d'autres blockbusters mercantiles ont au moins le mérite de ne pas prendre leurs spectateurs pour des demeurés sans culture. Les scènes d'action sont plates et ne font ni peur (yeah, des jump scares moisis !), ni rire (les « blagues » font penser à du sous Kev Adams) et divertissent encore moins. La Momie est un cocktail de tout ce que l'on pense qui fonctionne auprès du grand public sans une once d'inventivité pour rendre le tout digeste. Cela se rapproche plus d'une liste à rayer du « parfait blockbuster mercantile fade ».
Et le problème, c'est que l'on utilise le fossé « critiques/spectateurs » pour expliquer l'échec de ce film là où la raison est plus simple : c'est tout simplement un mauvais film, dans lequel surnage une Sofia Boutella au charisme intact faisant encore plus regretter le résultat final. Jouer la carte du « film à spectateur » rend le projet plus abject encore car, comme de nombreux politiciens, elle joue le jeu de l'irrespect envers certaines personnes en les stigmatisant (critiques = abrutis prétentieux) et en accentuant la haine qu'ont certains envers ces gens. La ficelle est grosse mais elle est malheureusement pertinente. Vous pouvez apprécier ce film, comme on peut apprécier n'importe quel film. Vous pouvez m'insulter en commentaires si mon opinion ne convient pas à la vôtre. Mais par pitié, faites-le parce que vous le pensez, non pas pour vous faire bien voir ou pour jouer les faux rebelles. À chaque fois que j'écris sur un film, je le fais avec sincérité. Et si cela m'a poussé à ne pas mettre assez en avant un film ou à trop le faire, cela revient à mon opinion, imparfaite comme celle de chacun d'entre nous. Ne jouons donc pas le jeu de certains critiques se comportant vraiment de manière irrespectueuse ou de certains producteurs/réalisateurs qui font croire à l'injustice générale, là où c'est très peu le cas. Donnons sincèrement notre opinion et tentons de mettre en avant les œuvres qui tentent de surprendre le spectateur en lui offrant quelque chose, si pas de neuf, au moins de sincère. Car si l'on continue comme ça, nous ne nous retrouverons en salles qu'avec des produits mercantiles plutôt que des films. Quand Universal a lancé ses films de monstres, elle l'a fait avec amour, dans le but de donner au public des œuvres excitantes et passionnantes. Alors faisons tout pour que ce genre de projets avec de la vie et de la passion reviennent, sous peine d'oublier ce que l'on aime au cinéma...