Ça
Les adaptations de Stephen King sur grand écran sont nombreuses et de qualités diverses. Alors, que vaut la version Muschietti du Ça, porté par des critiques élogieuses ?
La petite ville de Derry, dans le Maine, connait de nombreux cas de disparitions, surtout d'enfants.Quand cela touche son petit frère Georgie, Billy décide d'enquêter avec l'aide de ses amis. Ce qu'ils vont découvrir va les terrifier et les changer à jamais...
La tâche que devait accomplir Andy Muschietti était assez ardue. En effet, de tous les romans du King, Ça doit être le plus connu et le plus apprécié, sans oublier qu'il avait déjà été porté à l'écran avec Tim Curry dans le rôle-titre. Si l'on ajoute à cela les départs en coulisses du réalisateur Cary Fukunaga et de l'acteur Will Poulter, il y avait de quoi avoir peur, mais pas dans le sens espéré. Miracle : Ça est une grande réussite et ce dès son ouverture, une reconstitution fidèle et terrifiante du début du roman. Muschietti nous prouve alors que non, son film ne jouera pas dans le même registre que ces (nombreuses) adaptations ratées et sans âme des livres de King. Il se dégage un sentiment de peur assez fort tout au long du long-métrage qui devrait faire plaisir aux amateurs de cinéma de genre en quête de frissons, le tout sans tomber dans le jump scare putassier.
Mais Muschietti prouve autant de talent à mettre en place ses séquences horrifiques que l'émotion de ses protagonistes. Ceux qui ont vu Mama ne seront pas étonnés d'y retrouver cette même sensibilité, rendant attachants nos héros incarnés par de jeunes acteurs prometteurs (mentions à Jaeden Liberher, déjà très bon dans Midnight Special, et la remarquable Sophia Lillis). Il permet en cela de ramener les souvenirs des productions Amblin, avec leur aspect merveilleux et effrayant à la fois, et cette dichotomie entre le monde des enfants et celui des adultes, aveugles à la terreur qui se propage chez les plus jeunes. Cette terreur se voit également mise en avant par la performance hallucinante d'un Bill Skarsgård habité par son rôle de Pennywise. De quoi pousser de nombreux spectateurs à tomber dans la coulrophobie...
Cette version 2017 de Ça est donc aussi bien un film d'horreur terrifiant qu'un drame sur l'enfance touchant. Il fait directement partie des meilleures adaptations des histoires de King et devrait permettre au public d'être terrifié par la simple vision d'un ballon rouge. Le seul gros défaut est la frustration de devoir attendre deux ans pour voir ce que son second chapitre va donner. En attendant, il sera sans doute vu, revu et re revu par beaucoup grâce à ses qualités narratives et visuelles ainsi que le bonheur de mettre son audience mal à l'aise sans utiliser des ruses aussi foireuses que mal foutues...