Thor - Ragnarok
Les bande-annonces de Thor - Ragnarok l’avaient annoncé, la troisième péripétie du dieu du Tonnerre allait trancher allègrement avec les films précédents, mais aussi avec les dernières productions Marvel. Là où le premier Thor se voulait un drame Shakespearien au Vallhala et le deuxième, Thor - Le Monde Des Ténèbres un film de fantasy assez basique, Thor - Ragnarok se met en mode yolo avec de gros emprunts aux Gardiens de la Galaxie, accouchant d’un mélange hybride entre science-fiction et fantasy.
Le freestyle de ce troisième volet se situe sur plusieurs niveaux. Le premier avec un univers totalement décomplexé et une production aux petits oignons sur le design de la planète Sakaar. Le second avec sa bande-son passant allègement de l’épique à l’electro 80’s limite kitsch, avec deux on petits détours clipesques par le rock’n’oll et se permettant même d’avoir un thème joué à l’envers pour des scènes de discussions sur Sakaar. Et le troisième, là où le blondinet se prend allègrement les pieds au tapis avec son humour, autre gros emprunt aux Gardiens de la Galaxie afin de capitaliser sur les deux plus gros succès Marvel, ce dernier se veut bien trop forcé, plombé par un rythme comique mal géré et dirigé vers les moins de 8 ans dont on arriverait à déceler quelques moments de malaises ressentis par Mark Ruffalo. Quelques gags fonctionnent parfaitement bien, mais après sa prestation dans le Ghostbusters de 2016, Chris Hemsworth prouve malheureusement encore une fois que la comédie ne correspond pas forcément à tous les gros bras.
Là où Thor Ragnarok réussit à marquer un bon nombre de points, il s’agit de son casting, avec une galerie de personnages hauts en couleurs (au sens comme au figuré) à commencer par Jeff Goldbum dans le rôle d’un Grand Master DJ/musicien au ton juste et décalé et se permettant une petit easter egg bien subtil à Jurassic Park. Tessa Thompson en mode Valkyrie alcoolique tout droit issue d’un volet de Fast & Furious et toute une galerie de seconds rôles ou de sidekicks comiques qui fonctionne assez bien même si eux aussi dotés d’un humour un peu trop enfantin. On se régalera notamment du retour de Tom Hiddleston dans le rôle d’un Loki toujours aussi facétieux donc la complémentarité avec son demi-frère Thor prouve que les deux personnages sont indissociables, toujours basé sur la traitrise et la fraternité.
Thor Ragnarok se fait particulièrement attendu depuis que l’arc scénaristique Planète Hulk a été annoncé et les premières images dévoilées et celui-ci ravira sans problèmes les fans de Marvel impatients de découvrir la confrontation titanesque. Malheureusement là où le combat dans l’arène tient toutes ses promesses, la présence du géant de Jade depuis deux années sur la planète manque singulièrement de backstory, survolée bien trop rapidement afin de revenir au thème principal du film, le déferlement brûlant du Ragnarok sur le Vallahala. Ce qui n’en sera pas forcément un mal, les interactions entre Thor et Bruce Banner sombrant trop facilement dans la facilité avec deux acteurs, bien éloignés de la complémentarité Thor/Loki.
Le déluge d’idées et de surprises relègue malheureusement une Hela au second plan qui confirme que Marvel a toujours autant de mal à se créer des vilains de grande envergure et de véritables némésis avec a ses cotés un exécuteur interprété par un Karl Urban (Dredd) crâné rasé délivrant une prestation sans grande passion. Le réalisateur l’aura bien compris, en contrebalançant le tout par une icônisation de la Déesse de la Mort avec des plans mettant en valeur une Cate Blanchett (Indiana Jones et le Crane de Crystal) d’une beauté machiavélique rare qui, n’en doutons pas, lancera toute une tonne de Cosplays dédiés à Hela.
Thor Ragnarok, malgré ses défauts quand celui-ci veut suivre le succès des Gardiens de la Galaxie, offre au final un patchwork de styles et de personnages dont Marvel avait bien besoin pour briser la monotonie de ses dernières productions. Même si le personnage de Thor verse sans gène dans une gaudriole rappelant celui du dieu Nordique décérébré dans le téléfilm Le Procés de L’Incroyable Hulk des années 80, Thor Ragnarok offre un voyage et dépaysement rare pour un film du DCU où la comédie oscillera avec des moments sombres, dont un climax à l’issu inattendu transformant Thor en Moïse croisé avec Albator dont on comprendra que le titre "Immigrant Song" de Led Zeppelin n’a pas été choisi au hasard. Marvel aura donc eu le nez creux en confiant la réalisation de Thor Ragnarok à Taika Waititi, dont un nouveau passage envisagé par Marvel derrière la caméra et son univers atypique pourrait poser les fondements de la phase 4 du MCU.