Solo : A Star Wars Story
Souffrant de problèmes de tournage relayés partout dans la presse, Solo était attendu comme le vilain petit canard de la saga Star Wars. Mais est-ce réellement le cas ?
Depuis le rachat de Lucasfilm par Disney, la société aux grandes oreilles était vivement critiquée dans sa manière d’aborder la saga, notamment en étant accusée de ne vouloir faire que du profit. Bien que cela soit le cas (comme pour toute entreprise, ou même George Lucas dès la création de son univers), cela semble injuste de passer à côté des réussites artistiques que représentent ces derniers épisodes. Ces derniers ont en effet été confiés à de jeunes réalisateurs biberonnés à Star Wars et qui ont su reprendre sa mythologie à leur compte. Le cas de Solo intriguait donc, Phil Lord et Chris Miller étant remplacés par Ron Howard suite à des tensions avec Kathleen Kennedy. Si l’on ressent la patte des réalisateurs de Tempête de boulettes géantes au détour de certaines scènes (le premier dialogue entre Solo et Chewbacca), la touche d’artisan du metteur en scène de Rush fonctionne bien avec le ton du film Solo est en effet plus proche du western que du space opéra, rappelant les influences de Lucas sur les premiers volets. Il suffit de jeter un œil à certaines séquences d’action pour faire les liens et pour se rappeler que c’est un genre qui arrive parfaitement à se diluer dans d’autres sans que cela ne semble hétérogène (avec comme exemple Logan l’année passée).
C’est bien un style qui correspond au vaurien le plus charismatique de la galaxie. Son nouvel interprète, Alden Ehrenreich, arrive à garder cette insolence douce qui faisait le charme d’Harrison Ford et parvient à tenir le long-métrage sur ses épaules, bien appuyé par des seconds rôles assez solides. On pense en particulier à Donald Glover en Lando Calrissian, LA trouvaille du film avec ce bagout et ce charisme propre à l’acteur d’Atlanta. On sera moins enthousiastes pour d’autres, à l’écriture un brin trop fine pour réellement marquer mais fonctionnant néanmoins pendant les deux heures quart de film. Voici d’ailleurs l’un des reproches qu’on pourra faire à Solo : une durée un peu trop longue là où un rythme mieux appuyé aurait sûrement mieux fonctionné.
Un point qui semble avoir été évité par la plupart des critiques concerne la thématique de l’esclavage au sein du récit. On croise ainsi un robot révolutionnaire qui cherche à libérer ses camarades et chacun de nos héros se voit esclave d’un autre, obligé de rendre des comptes à un(e) supérieur(e) et ne parvenant jamais réellement à se défaire de ces liens toxiques pour atteindre l’indépendance. Cela apporte une touche amère au récit et à la caractérisation de nos protagonistes, tout en apportant un peu de fond au film. De quoi à nouveau étendre l’aspect politique de l’univers tout en étant cohérent par rapport à la structure du récit.
Ce dernier (ainsi que le ton général) est peut-être là où le bât blesse. Non pas qu’il soit réellement mauvais mais il est d’un relatif classicisme tout en collant à certaines attentes des fans. On apprend ainsi les origines de différents aspects de Han Solo avec plus (l’obtention du Faucon Millénium) ou moins (le nom) de qualité. Il y a également une forme de prévisibilité par instants, malgré une ou deux surprises (comme un certain caméo), qui nous font naviguer en terrain connu. La balade est sympathique, bien plus qu’attendu, mais peut-être aurait-elle eu besoin de plus de remous pour marquer un peu plus le public.
Néanmoins, Solo est loin, très loin même, de la catastrophe annoncée. C’est un bon petit western de SF divertissant qui devrait fonctionner pour toute personne à la recherche d’un blockbuster sympathique et léger. Bien que l’on comprenne la frustration de certains, il faudrait sans doute relativiser son statut de « purge » de l’année au vu de ses autres concurrents à gros budgets moins efficaces, plus lourds et abrutissants qu’autre chose, surtout quand on parle d’un film certes classique et modeste mais néanmoins efficace.