Halloween
Après quasiment une décennie d'absence, ce brave Michael Myers revient enfin pour sa dixième aventure. Ce onzième épisode (rappelons qu'il était absent d'Halloween 3) revient aux sources du mythe après le dyptique de Rob Zombie qui était parti dans une direction pour le moins controversée, qui avait quasiment tué la saga. On commence à être habitué à ce que la saga, à l'instar de celle des Texas Chainsaw est une chronologie quasi incompréhensible, la continuité étant rebooté tous les 2 ou 3 opus, ce nouveau film ne fait pas exception à la règle ! Il s'agit donc cette fois d'une suite du classique de John Carpenter, faisant fi des neufs films intermédiaires.
Après la mode des remakes, lancée en 2003 par le Texas Chainsaw Massacre de Marcus Nispel, puis confirmée par le succès du Halloween de Rob Zombie, voici maintenant l'ère des suites alternatives, ne prenant en compte que le ou les premiers films. On a déjà eu le cas avec Texas Chainsaw 3D, et en attendant un Terminator 6, qui sera en fait un T3 bis, mais également un nouveau "vrai" Robocop 2, ce nouveau Halloween se veut donc LA suite la plus légitime du slasher originel. Derrière cette prétention assez démente (toutes les suites d'Halloween sont loin d'êtres à jeter, à commencer par Halloween 2 justement), se cache en réalité une nouvelle manière de faire un reboot. Ce film est fait pour faciliter aux jeunes l'accès à la saga. On le sait, et c'est désolant, souvent les jeunes n'aiment pas trop les vieux films. Et comme la carte du reboot total a déjà été jouée, ce film tente une autre approche, c'est un condensé de tous les films qu'ils n'auront pas besoin de visionner !
Ainsi, même Halloween 1 dont il est la suite est parfaitement résumé, on peut le considérer comme un simple background. Il y a une raison pour laquelle ce film s'appelle (encore) juste "Halloween" et non "Halloween - 40 Ans Après". Il se suffit à lui même. Tout ce qu'il y a à savoir sur le 1 y est parfaitement résumé. La problématique qui aurait pu se poser est la suivante. Si on ne prend en compte que l'original, Michael n'a tué que 5 personnes, il y a 40 ans qui plus est. En 2018, ça ne fait plus peur du tout, même le monde réel a offert plein de tueurs 100 fois pires. Comment ainsi rendre à Michael son aura avec un palmarès si faible ? Dans la chronologie originale il avait tué une centaine de personnes. Pourquoi Laurie serait à ce point traumatisée si elle n'a au final croisé Michael que 10 minutes dans sa vie ? D'autant que, Halloween 2 n'existant plus, elle n'est donc plus la soeur de Michael ! Et bien les auteurs de ce nouvel opus ont parfaitement sû répondre ! En effet, Michael n'a tout simplement pas encore révélé l'étendue de son mal. Laurie et Loomis l'ont vu, car l'ayant cotoyé de près, ils l'ont senti, mais on ne l'a pas encore vu.
Ce nouvel opus est donc techniquement une suite ET un reboot, Michael n'a pas commis grand chose auparavant car c'est dans ce nouveau film qu'on va le voir ! Le fait que le premier film se soit passé il y a 40 ans justifie le fait que personne hormis le shérif (excellent Will Patton) qui était là lors de l'arrestation de Michael, ne croit Laurie. Pour tous les autres, c'est limite une triste histoire anecdotique appartenant au passé. Laurie (toujours impeccable Jamie Lee Curtis) étant donc complètement folle aux yeux des autres. Le trauma de l'héroïne est donc ici deux fois pire que dans Halloween - 20 ans Après, bien qu'elle ait vécu beaucoup moins (puisque dans 20 ans après, Halloween 2 était pris en compte). Une fois admis ce postulat, il faut reconnaitre que le but n'est donc pas de faire mieux que toutes les suites précédentes, mais bel et bien de rebooter pour simplifier. Au contraire, tous les épisodes sont quasiment cités au détour d'une scène (au moins). On retrouve globalement le même thème que dans 20 ans après, une scène entière est reprise d'Halloween 2, la "mort" de Michael est presque identique à un ancien opus, la scène du gara ge du 4 a son clone, même Halloween 6, pourtant si mal aimé a sa référence. Le film réussi l'hybridation entre le classicisme du Carpenter et le côté gore des films de Zombie. Le bodycount est aussi l'un des (le ?) plus élevés de toute la franchise ! Et Michael a rarement été aussi badass !
Côté personnages secondaires, le personnage de Karen, la fille de Laurie est assez effacé, peut être une suite corrigera le tir, en revanche sa petite fille, Alyson risque de devenir un personnage récurrent des prochains films. D'autres personnages sortent du lot, comme la meilleure amie d'Alyson, Vicky et plus étonnant le petit garçon qu'elle garde, sans doute le le plus drôle du film. Le film n'est pas toujours ultra cohérent, notamment dans son raccord avec Halloween 1, mais on est habitué avec la saga, on a vu pire. Le retour du générique classique au début du film est une bénédiction (à vrai dire, on n'a jamais compris pourquoi ils l'ont enlevé à partir d'Halloween 4), ainsi que surtout, John Carpenter à la B.O. ! Un bijou, bien qu'il s'agisse essentiellement de réorchestrations d'anciens thèmes. La mise en scène, plus dynamique que dans l'original fait néanmoins preuve d'un certain classicisme, sans pour autant faire retro. On est clairement dans un film de 2018, le film n'en rajoute pas encore plus à la nostalgie. Les jeunes fans de films d'horreur pour lesquels Saw est un vieux film (je vous assure hélas que ça existe !) y trouveront donc leur compte. Le carton au Box Office prouvant que ce choix a porté ses fruits.
Un onzième opus qui fait figure à la fois de prolongation du chef d'oeuvre matriciel de Carpenter et de renouveau pour la saga, capable d'emporter à son bord tous les petits nouveaux qui n'ont jamais entendu parler de Michael, tout en honorant les épisodes des autres continuités. Un excellent slasher moderne, respectueux de ses ainés, généreux en meurtres et en gore (en dépit d'un poil trop de morts hors champ à mon goût) et qui en plus de revigorer la franchise, risque tout simplement de relancer le genre en général ! Il y a fort à parier que Freddy et Jason vont bientôt faire leur comeback également... Ainsi que Michael lui même ! Car et vous le savez bien, peu importe à quelle vitesse vous courez, Michael Myers marchera toujours plus vite que vous ! Le mal ne meurt jamais.