Velvet Buzzsaw
Comme beaucoup de médias actuels (physique et numérique), Netflix se nourrit du buzz pour faire exister ses productions ou acquisitions, le mélange se devait être explosif avec un Velvet Buzzsaw au titre évocateur qui venait de créer une nouvelle hype avec un trailer halluciné ou l'univers de la peinture et des galeries d'art se confond avec l'horreur, sillon déjà tracé dans l'univers de la mode avec brio par Nicolas Wniding Refn avec The Neon Demon dans lequel Velvet Buzzsaw s'inscrit mais avec largement plus de réserves que le métrage de NWR qui divisait par sa forme mais pas par son fond.
Doté d'un casting trois étoiles avec un Jake Gylenhall (Donni Darko, Prisoners) en roue libre et a la limite de la démence, une René Russo (L'Arme Fatale 4) semblant tout droit sortie d'une cure de désintoxication aux narcotiques, Toni Collette loin de ses crises hystériques d'Herédité et un John Malkovitch (Bird Box) qui traînait par la tel un fantôme errant dans un autre monde partait déjà sur de bons rails lors de ses premières images. La grande force du trailer de cette nouvelle satire de Dani Gilroy après Nightcall et ses reporters sans éthiques est le gros désappointement du film, Velvet Buzzsaw n'est pas la pellicule rythmée et inventive que l'on a voulu nous vendre, prenant même plus que son temps pour placer son intrigue, et une fois l'horreur mise en place celle-ci n'apporte rien de nouveau, et pourra même s’avérer d'une totale absence de créativité avec un script ultra révérenciel qui lassera les plus fans du genre.
La ou l'intrigue nous vante la force créatrice d'un peintre maudit, Velvet Buzzsaw, n'aura passé lui que quelques minutes sur l'écriture de son scénario et ses retombés macabres. La suspension d'incrédulité est l'une des constantes nécessaires au script d'un film d'horreur, mais il faut au moins que les meurtres aient du sens et créer un véritable lien avec l'instigateur de la malédiction, de plus les séquences horrifiques sont donc bien trop référentielles, entre une mise a mort en hommage direct a Phantasm, une poursuite robotique dans un couloir largement inspiré d'X-Tro, et des plans outrageusement repris de la saga Destination Finale et Wishmaster le tout sur une idée quasi décalque de la terrifiante nouvelle "Le Modéle del Pickman" d'H.P Lovecraft et qui n'aurait pu exister sans l'excellent Syndrome de Stendhal de Dario Argento ! Sans parler du sort réservé au personnage de René Russo absolument grotesque, gratuite et on non sensesque ! Mais cerise sur le gâteau du la déception, les morts ont quasi toutes droit a un cut frustrant qui donnera la désagréable impression de ne pas vouloir en faire trop pour ne pas choquer le malheureux arty ou hipsteur ayant choisit le programme par son thème (alors que de ce coté la Nightcall allait sans retenue dans la violence extrême du quotidien). On évitera de tirer sur l'ambulance d'un final archi convenu vu un nombre de fois bien trop proche de l'incalculable et qui n'est qu'une des preuves que Velvet Buzzsaw n'a eu aucunement eu envie de travailler son fond a peine rattrapé par une forme lors de bien trop rares plans.
Après la hype du trailer masquant un produit final bien différent Velvet Buzzasaw aurait pu être une sympathique déception, mais au final il sera soit une curiosité pour le tout venant soit une vaste supercherie sans originalité entre emprunts trop flagrants, bien trop sage et a la honteuse fainéantise. On imagine sans mal le naufrage sans la pointe d'humour noir dézinguant le monde de l'art et un Jake Gyllenhall toujours impérial même dans le pire jeu de sa carrière (et qui se mue de plus en plus en nouveau Al Pacino). Velvet Buzssaw est donc au final très loin du buzz auquel l'on s'attendait de voir et qui n'est qu'une pale copie de grandes créations immortelles la ou ce dernier tombera lui dans un oubli mérité.