L'Exorcisme D'Hannah Grace

Sortie discrète pour ce film jouant de la peur de la morgue pour y instaurer du fantastique. À tort ou à raison ?

Une ancienne policière commence son nouveau travail de nuit dans une morgue. Un véritable cauchemar commence quand elle reçoit le cadavre mutilé d’une jeune femme.

Il y a quelques temps, nous étions revenus sur The Jane Doe Identity, parmi nos coups de cœur du BIFFF 2017. Le film profitait de son lieu clos pour instaurer le suspense, notamment par un corps nu filmé sous tant de cadres qu’il n’en inspirait que le malaise mais sans renier la relation entre les deux protagonistes, un père et son fils. En cela, André Ovredal, révélé par le found footage Trollhunters, profitait au mieux d’une intrigue que n’aurait pas reniée Stephen King et signait une très bonne surprise. Pourquoi parler dès lors de ce film là où le jeu des comparaisons tourne généralement à vide ? Car la réussite de The Jane Doe Identity soulève tout ce qui est raté dans L’Exorcisme d’Hannah Grace

Le film transpire d’une allure générique et désincarnée qui ne fait que rendre le film encore plus mort qu’Hannah Grace. Celle-ci, représentée de manière « graphique » pour inspirer la gêne, ne fait que se montrer involontairement ridicule tant elle fait tout de travers pour instaurer l’effroi. Les personnages subissent une écriture mécanique au possible, ne les rendant que plus mornes et leur mort plus oubliable. Il suffit de voir la manière dont le trauma de l’héroïne est utilisé en tant que simple moteur sans diesel censé émouvoir les spectateurs. Le tout ne rend le film que plus froid, là où le film d’Ovredal usait de son apparence clinique pour en dégager quelque chose de plus vivant.

Très clairement, on a du mal à dire quoi que ce soit de concret sur le film tant il dégage une sensation de produit destiné à un public immature qui a besoin de sursauter pour sortir de la salle en hurlant que c’était le meilleur film d’horreur de leur vie. La mise en scène est peu inspirée et la photographie est tellement obscure pour jouer sur son aspect nocturne qu’elle en devient ridicule. À croire que le film a été généré par une machine tant rien ne semble passionné derrière le travail sur le film et tant on imagine le tout écrit et réalisé avec une check-list des choses à faire pour tenter de terrifier le spectateur lambda.

Las, L’Exorcisme d’Hannah Grace est plus effrayant d’ennui qu’autre chose. Quand on sait le potentiel artistique de nombreux films de genre ne profitant pas d’une distribution aussi équivalente que leur qualité, on en devient cynique face à ce type de production morte au possible. C’est exactement l’exemple de titre aseptisé ne faisant peur que par son aspect consommable et régurgitable, rendant l’oubli de sa consommation rapide. Ne perdez pas votre temps pour cette production quand des films plus passionnés ne peuvent même pas connaître la joie des salles de projection locales.