Sanctuaire
Nouvelle intrusion de Michele Soavi pour cette critique, avec un film pas piqué des vers, puisqu’il s’agit d’une sombre histoire de chapelle hantée peu à peu investie par des démons tatillons qui préparent la venue de rien de moins que l’ante-christ. On retrouve un côté très gothique dans l’œuvre, et même si celle-ci reste pétrie de défauts, il y a quelques images comme ça, au détour du film qui marque durablement la rétine du spectateur.
Histoire : pendant le Moyen-Age, des chevaliers teutonniques massacrent un village « possédé » et construisent une chapelle sur le charnier afin de maintenir les âmes des hérétiques en terre. Une jeune fille assiste à la scène avant d’être occise par un chevalier. De nos jours, la chapelle est en rénovation jusqu’à ce que les ouvriers découvrent des parchemins sataniques au cours d’une fouille…
Petite truculence italienne qu’est Sancturaire, qui nous propose beaucoup d’images gothiques sans pour autant prendre le soin d’établir un scénario parfaitement rodé. C’est un peu ce qui fait le charme de la filmographie de Michele Soavi, habitué à nous offrir des films étranges, qui sortent en tout cas des clichés habituels du cinéma italien en termes horrorifiques. Ici il s’intéresse aux démons, aux édifices sacrés et aux rituels blasphématoires, mais pas n’importe comment. En effet, si le film paraît souvent bancal pendant sa plus grande partie, ses quinze premières minutes tiennent du chef-d’œuvre. Musique parfaite, excellent choix de mise en scène (nous faire voir la scène de carnage par le heaume des chevaliers en forme de croix), parfaite gestion de la violence et ambiance froide, quasi documentaire sur une reconstitution historique épurée (petit budget oblige), mais excellente. Exemplaire en termes d’introduction.
C’est dans la suite que le film trébuche souvent, le film voulant explorer nombres d’aspects intéressants du fantastique « religieux », il lance maladroitement quelques idées, comme celle de cette fille ressemblant étrangement à l’une des victimes du massacre du début, (une réincarnation ?) qui dans la chapelle commence à entrevoir des traces du carnage passé. Pareil pour ce prêtre noir qui subit quelques brimades de ses supérieurs cléricaux, et qui se retrouve assailli de visions de carnages insidieuses qui viennent parasiter son quotidien dans la chapelle. Mais le véritable déclencheur des évènements doit être les artistes qui rénovent la chapelle (et ses peintures de démons assez anciennes) qui finissent par découvrir un parchemin étrange dans une des colonnes des sous sols, dans lesquels est posée une croix, indiquant l’emplacement de la fosse où les corps furent jadis entreposés. Et peu à peu, les personnages travaillant régulièrement dans l’église sont attirées par la cave, jusqu’à ce que certaines finissent possédées au cours de scènes d’hallucinations pour le moins sympathiques.
On retrouvera des acteurs italiens pour le moins sympathiques, ce qui ne gâchera pas le spectacle. Toutefois, le film ne recule devant aucune de ses visions gothiques, ce qui le tire parfois vers le ridicule (la scène du cœur arraché). On pourra aussi trouver un peu cliché et inoffensif de voir un possédé tenter de violer gentiment plusieurs femmes du casting (mais à sa décharge, elles sont plutôt élégantes), mais le film multipliant les enjeux fantastiques au fur et à mesure de sa progression, il parvient à conserver notre attention jusqu’à ce que les démons prennent possession du bâtiment, et que ses occupants (en pleins mariage) se retrouvent alors assaillis par démons et possédés.
Hélas, si le final nous offre quelques magnifiques démons et quelques visions infernales pour le moins sympathique, le film peine un peu à trouver une conclusion, choisissant sobrement de bousiller l’édifice (fin on ne peut plus classique). Si la relance finale est attendue et convenue, le film parvient à apporter un peu de fraîcheur à son sujet, ne serait-ce que pour les magnifiques décors qu’il exploite pour sa chapelle gothique à souhait. Un très beau petit film en tout cas.